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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:00

Ecrit en décembre 2006

Libero – Une mort comme commencement.


Nous sommes le 23 novembre 2006, je viens de rentrer d'Angleterre où ma rédaction m'avait envoyé faire une interview de Mike Skinner à l'occasion d'une de ses collaborations avec les Mitchell Brothers. Le rédacteur en chef m'avait aussi demandé de faire un petit tour à Leeds pour un concert de celle qui est considérée comme la nouvelle vague de fraîcheur dans les sons english hip-hop, Lady Sovereign qui a été signée par le label de Jay-Z...

J'ai toujours bien aimé aller à l'étranger, c'est sans doute également pour ça que j'ai choisi de devenir journaliste. A la base, pour tout vous dire, j'étais plutôt spécialisé dans le sport mais une opportunité m'a été offerte afin de travailler aux Inrocks et il m'eut été dur de la refuser... Toujours est-il que depuis quelques années, je sillonne le globe afin de dénicher les nouveaux artistes hip-hop qui vont aller au-delà des règles établies et nous apporter un vrai son frais et novateur.

J'ai aussi eu l'occasion de faire quelques reportages concernant le 7è art et notamment un dossier sur le festival Sundance en 2004 qui m'a laissé d'excellents souvenirs! C'était ma première aux States et l'atmosphère était réellement particulière, on sentait une certaine émulation et une réelle motivation pour faire bouger les choses de par leur art au contact de ces jeunes réalisateurs.

La vieille horloge du salon vient de sonner les 20 heures... Machinalement, j'appuye sur le bouton 2 de la télécommande puis je m'affale sur mon sofa. Quelle connerie va-t-on encore me raconter ce soir? Combien de morts en Irak? Où en est la guéguerre Royal-Sarko?

David Pujadas me salue avec son petit sourire en coin. Mon stock de chips diminue à vue d'oeil, la fatigue me gagne. Je sens que je ne vais pas résister longtemps au flux d'infos qui vont m'être offert pendant cette demi-heure.

Et pourtant... La première information change tout: Philippe Noiret vient de mourrir. Quelques images de films défilent dans ma tête mais surtout des dialogues, une façon de se tenir, une prestance qui m'avait toujours marqué. Après quelques secondes à voir beaucoup d'artistes beuglaient leur peine sans aucune retenue, j'ai quasiment de la peine pour Philippe Noiret. Est-ce qu'il méritait ce mauvais éloge funèbre sous formes de longs sanglots par des acteurs qui ne lui arrivaient même pas à la cheville? Sans doute pas! Du moins c'est mon sentiment

On passe ensuite comme tous les soirs à l'Irak et son petit lot de morts. C'est bon de sentir qu'il y a des choses qui ne changent pas en ce monde. Ca permet de garder certains repères... Je compte le nombre de fois où Pujadas nous gratifie de son petit sourire puis passe sur Canal+. Là encore, c'est le Mur des Lamentations... « Oh Philippe Noiret, quelle tristesse de l'avoir perdu! » Au final, c'est le seul qui n'est pas acteur qui m'a convaincu de sa profonde tristesse: Laurent Weil...

Mais pas le temps de s'apesantir, je sors ce soir: concert de Joseph d'Anvers, nouveau talent décelé par un collègue. Je vais aller vérifier ça!
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:01

Libero – Une opportunité... ou pas


24 novembre, vendredi, le début de la joie... enfin du week-end plutôt. Je me lève vers 9h30, un petit verre de jus d'orange, mes vitamines quotidiennes, un brin de toilette et me voilà sur mon vélo, direction la rue de Rivoli.

Après avoir failli être écrasé une dizaine de fois en 20 minutes et avoir inhalé ce qui me coûtera encore quelques jours de vie, me voilà enfin à la rédac des Inrocks. Tout le beau monde est là, le chef me lance une petite pique en regardant sa montre. Bon, 10h45, en même temps, j'ai travaillé toute la nuit...

Mon collègue Dan me demande comment s'est passé le concert de Joseph d'Anvers, pour lequel il m'avait offert des places. « Ma foi, pas trop mal, j'y suis allé avec une amie, elle est tombée raide dingue de lui. Un mignon celui-là. Alors quand je lui ai dit bien entendu que j'avais des pass backstages, je te raconte pas l'euphorie quasi adolescente qui s'est emparée de cette fille pourtant tout à fait équilibrée... Bon, toujours est-il que je l'ai perdu dans le backstage et plus de nouvelles depuis. »

J'en profite ensuite pour prendre un petit Coca. Je croise JB et Bertrand qui étaient au Parc hier soir. Je taille gentiment, une ptite défaite contre l'Hapoel Tel-Aviv et un mort, le coeur n'y est plus pour ces deux supporters parisiens. En même temps, ils considèrent tous deux que cela devait finir par arriver.

Philippe Noiret qui meurt, un jeune supporter du PSG, deux évènements tragiques qui se passent en même temps sans avoir la même portée pour autant. Les deux me laissent au final assez froid. J'ai fait le tour de toute la rédaction, m'arrêtant un peu plus longtemps au bureau de Stéphanie, comptable et une paire de jambes qui font rêver. Je lui raconte quelques conneries puis il est déjà l'heure d'aller manger.

Un grec en face de la rédaction fera l'affaire pour aujourd'hui. Je prends le max de sauce qui finit sur mon pantalon as usual. Je me tiens un peu au courant de ce qui se passe en Angleterre ces derniers jours, c'est un peu mon fond de commerce...

Vers 15h, il est l'heure de retourner au bureau. Le rédac chef, Martin Cazenave, est en train de parler, je vais voir ce qui se passe... Mon arrivée est malheureusement remarquée! « Tiens Welter, vous étiez encore aux bains? (rire général/ quelle bande de connards)
- Oui, c'est cela.
- Tiens, on cherche quelqu'un pour faire un hommage posthume à Philippe Noiret avec une sorte de petit cahier sur sa carrière...
- Mouais...
- Et personne ne veut se porter volontaire... Ca vous intéresse?
- C'est une blague?
- Non, je suis sérieux. (les autres en ont profité pour se tirer au fur et à mesure)
- Ouais, faut voir. Mais bon, je suis pas expert en hommage posthume.
- Allez va, vous ferez ça très bien. On se voit lundi pour parler de ce que vous pensez faire.
- Ouais... »

Pour la peine, je rentre chez moi. 16H30, je suis chez moi... Je vais faire une petite sieste.
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:02

Libero – Qui va piano, va sano...


J'ai vraiment passé un week-end de merde à cause du rédac chef. Quelle idée de me coller un - hommage posthume à écrire... J'ai la plume pour rendre vivant un phénomène assoupi, pas pour tresser les louanges d'un vieil homme qui est finalement mort assez logiquement au vu de son âge... On écrira un article sur moi le lendemain de ma mort?

Enfin, ça m'a pas empêché d'aller faire un ptit tour à Troyes pour aller voir l'équipe auboise jouer contre l'OM samedi... Pour dire vrai, heureusement que j'étais invité, sinon je n'y serais pas allé. Mais, une fois entré dans le stade, ma mauvaise foi de supporter a repris le dessus et je me suis mis à supporter la team Baguépi, enfin... surtout à espérer une défaite de l'OM pour dire vrai.

Dans la tribune, je croise quelques têtes connues et notamment Alex Ruiz de Canal. On a fait l'école de journalisme ensemble à Lille... Franchement, je l'aimais bien quand il faisait le pédant Espagnol à l'Equipe du Dimanche mais à Jour de Foot, il est vraiment à chier. A la mi-temps, alors que Troyes mène logiquement 1-0, je me pointe au carré VIP pour avoir ma petite dose de champagne et petits fours sans compter qu'il commence à cailler dehors.

Alex me voit et vient me serrer la main. Je le félicite pour sa promotion au sein de Canal, je fais rapidement une petite blague qui passe bizarrement assez mal (« ils t'ont mis à Jour de Foot pour plus que t'ais à prendre la voiture? »). Il me lance un regard noir qui le rend impressionnant comme un toréador prêt à couper la queue et les oreilles de son taureau. Comme je tiens aux miennes, je décide d'aller un peu plus loin...

Il y a José Anigo qui raconte des conneries au bar à quelques blondes qui, il faut l'avouer, soit ne comprennent pas son accent ou soit sont un peu légères intellectuellement. Mais une femme légère intellectuellement, c'est quelquefois passionnant... Enfin je me comprends.

Une deuxième mi-temps où les Marseillais reprennent le contrôle et égalisent. Je rentre sur Paname. Il y a un concert de quelques rappeurs « underground » à Bobigny. J'y vais mais je suis pas vraiment convaincu... Vraiment un mauvais samedi.

Après un dimanche passé à dormir et un Stade2 qui a favorablement participé à cette somnolence, me voilà donc lundi en face du rédacteur en chef...
« Alors Welter, vous avez réfléchi pour cet hommage?
- Pas vraiment...
- Et qu'attendez-vous?
- ...
- Si vous n'avez pas d'idées, le mieux sera d'aller interviewer ses amis dans la profession et d'en faire un joli portrait à travers des citations.
( A cet instant, la vision de quelques jours à faire le tour de Paris pour parler à des acteurs inintéressants me terrorise et l'éclair jaillit.)
- J'ai une autre idée en tête en fait. Vous vous rappelez sans doute ce film italien qu'il avait tourné dans les années 90 où il incarnait Pablo Neruda?
- « Il Postino »?
- Oui, c'est ça. Ben je me suis dit que ça pourrait être intéressant que j'aille là-bas, en Italie pour recueillir le témoignage des gens de ces îles qui ont vécu avec Noiret pendant quelques mois. Cela offrirait un éclairage différent sur le personnage, n'est-ce pas?
- C'est une bonne idée... Il faut que j'y réfléchisse un peu, je vous dis ce qu'il en est mercredi. »

Et hop, ni vu ni connu, je vais gagner un voyage en Italie à l'oeil. Tiens, je vais aller fumer une clope pour fêter ça...
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:03

Libero – On the road again...


Deux jours après cette idée, je n'ai toujours pas eu de nouvelles de Cazenave... Bon en même temps, cela fait également deux jours que je ne suis pas allé au bureau, ceci expliquant peut-être cela. J'ai prétexté un festival indépendant du côté de Maastricht pour m'offrir un petit ilôt de liberté...

A la place de Maastricht, je suis parti à Strasbourg pour un concert « Time Bomb », le crew d'Oxmo qui n'avait malheureusement pas fait le déplacement. Je me suis retrouvé dans une petite salle de concert, le « Molodoï » entouré par pleins de cailles en survet criant « ouais, gros ».

Malgré tout, j'ai plutôt été agréablement surpris par le niveau des prestations... Les instrus étaient connues mais le flow et les lyrics détonnaient plutôt. J'ai surtout retenu « le 6 » et « Larson », ce dernier ayant un style assez proche de Soprano de la Fonky Family dans le phrasé. Je m'entretiens quelques minutes avec l'organisateur du contest puis file au concert d'Abd Al Malik à la Laiterie.

Le régional de l'étape et estampillé « nouveau prodige du hip-hop jazzy français » livre un concert dans la grande salle strasbourgeoise devant un public acquis à sa cause... C'est pas mal mais j'ai un peu de mal à accrocher avec le style. Certes, cela n'a rien à voir avec tout ce qui est sur le marché mais cela me semble un peu trop aux frontières des genres. Les textes sont malgré tout assez intéressants mais leur musicalité laisse à désirer. Un confrère de Libération et un autre de Télérama sont sous le charme, ce dernier ayant même un petit filet de bave au coin des lèvres...

Je passe vite fait la frontière pour aller chercher de la Marocaine chez un vieil ami à Kehl. Je récupère quelques mixtapes de DJ et MC allemands que je disséquerais plus tard également... Je finis la soirée au Mosquito, le bar branché pour les djeuns, atmosphère « Erasmus et jeunes étrangères avides d'expérience »! Je frôle bien quelques fessiers intéressants mais je dois rentrer à Paris tôt le lendemain...

Toujours est-il que je suis rentré ce matin à Paris. Je décide d'aller faire un petit tour au bureau pour savoir ce qu'il en est de mon voyage en Italie. Cazenave n'est pas présent mais sa secrétaire me fait passer un mot: « Pour l'Italie, c'est OK, il nous faut le reportage dans 15 jours. Par contre, il faut que vous partiez par vos propres moyens. Tous les frais seront remboursés bien entendu... »

Bon, je vais attendre demain histoire de faire passer la Mini à la révision avant de me taper 15 heures de bagnole... Je passe chez mon pote Blaise qui m'assure que ce sera fait pour jeudi 16h. Ce sera donc l'heure de mon départ. J'ai donc une journée pour savoir réellement où s'est tourné le film et qui je vais aller voir mais j'ai déjà une petite idée...
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:03

Libero – Le départ


Je passe chez Blaise comme convenu à 16h jeudi... La Mini n'a pas de problème, elle va donc pouvoir me porter jusqu'en Italie. Blaise me montre le nouveau système de bass qu'il a installé pour un de ses potes DJ avec deux platines dans le coffre. J'ai déjà vu ça quelque part, ah ouais voilà, c'était dans « Pimp my ride ». You got to pimp my ride! Enfin c'est classe, le mec va pouvoir mixer sur les parkings des supermarchés tranquillement avec ça....

Un petit détour par la maison pour prendre mon sac préparé avec minutie quelques heures auparavant: feuilles OCB, appareil photo, dictaphone, marocaine de Kehl, carte routière de l'Europe, deux caleçons, trois paires de chaussettes, trois tee-shirts et me voilà parti pour 15 jours en Italie.

Je file direction l'A7 – Lyon. J'ai préparé mon itinéraire à la manière d'un concurrent du Paris-Dakar... Paris – Avignon – Cannes – Italie. Pour l'Italie, je sais pas trop encore où je vais aller. J'ai lu que le film avait été tourné dans les îles tyrrhéniennes, mais après avoir cherché sur Wikipédia, j'ai remarqué qu'il y en avait une bonne centaine.

Le meilleur moyen sera sans doute de demander à Maria Grazia Cuccinotta avec qui j'ai rendez-vous samedi. C'était mon idée principale en partant en Italie: la rencontrer. Elle a été très touché par ma démarche peu orthodoxe pour faire le portrait de Noiret et voulait absolument participer. Je sais au moins que je dois être à Rome samedi.

L'album de Lily Allen m'accompagne dans ces premières heures de route...
« Ooooo deary me,
My little brother's in his bedroom smoking weed,
I tell him he should get up cos it's nearly half past three
He can't be bothered cos he's high on THC.
I ask him very nicely if he'd like a cup of tea,
I can't even see him cos the room is so smoky,
Don't understand how one can watch so much TV,
My baby brother Alfie how I wish that you could see.
»

Vers 18h, je passe à Lyon, comme toujours je regarde Gerland en passant sur les quais. Le stade des « champions »... J'espère que j'aurais l'occasion de voir quelques matchs en Italie. Ca me donnera l'occasion de voir autre chose que la L1 sclérosée que nous offre Canal+.

A 21h, je suis finalement à Avignon. J'avais prévenu la famille que je ferais un petit passage, ça m'évitera aussi de payer un resto et un hôtel dans le vent. Mon cousin m'amène dans une petite boîte du côté de Chateaurenard... C'est pas mal mais j'ai du mal avec l'accent des gens du coin! Une meuf qui parle comme les mecs de la FF, ça me donne de l'urticaire... mais ça empêche pas de prendre du bon temps!
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:05

Libero - Il cielo azzurro

Après cette petite soirée animée, je me réveille vers 14h30 chez ma tante… Elle est déjà partie au travail bien entendu et j’appelle mes grands-parents pour les prévenir que je serais en retard pour manger. Quinze heures au lieu de midi, c’est un retard négligeable…

J’écoute en speed mes messages alors que je file sous la douche. Une Italienne baragouine quelque chose, je passe le portable à mon cousin qui m’explique que c’est l’attachée de presse de Maria Grazia Cuccinotta qui appelle pour prévenir que le rendez-vous de demain doit être remis à lundi ou mardi… Cela tombe bien, je n’aurais pas à aller trop vite pour filer en Italie après le déjeuner.

Vers 15h15, j’arrive chez mes grands-parents Jeanne et Paolo. Il y a aussi Mr Blaise, vieil ami de la famille…et finalement ma tante et mon oncle qui se sont libérés. Les grands-parents sont toujours heureux de nous voir. J’habite loin d’Avignon, je les vois donc assez peu mais toujours avec le même plaisir et le souvenir ému de superbes étés passés autour de la piscine.

Le repas se déroule tranquillement. J’essaye de cacher mon manque de sommeil et écoute avec délectation les débats enflammés entre Paolo et Mr Blaise. Le sujet du jour: De Gaulle. Mr Blaise est le genre de types qui te fait penser que quand il nous aura quitté, le monde ne sera plus le même. Le seul à pouvoir t’expliquer le mal qu’a fait De Gaulle aux siens en Algérie devant une assemblée de Français prosternés devant l’image d’Epinal du grand général. Il y a aussi un certain esprit qui émane de lui, un style désuet mais que j’ai toujours apprécié. Mon oncle Jean-Luc a bien essayé de contre-argumenter mais ce fut léger. Jean-Luc, c'est le genre de types qu'on a tous dans la famille, qui est parti une fois au Sénégal et une fois au Maroc au Club Med mais qui croit connaître les us africains et l'histoire du continent noir mieux que quiconque. Un con quoi. Et dire que s'il était pas là, j'aurais déjà pu me taper ma tante...

Vers 17h, je décide finalement de filer après avoir englouti une tarte aux quetsches. Paolo m’explique qu’il a prévenu la famille que j’allais en Italie et que je serais attendu demain par son frère à Priverno. Il me parle du ciel azur qui saluera mon arrivée.. Je ne pensais pas vraiment m’installer là-bas mais comme j’ai un week-end à ne rien faire, pourquoi pas… Je prends quelques numéros, un dico d’italien dans une armoire, fais quelques bises et je repars au volant de la Mini.

Il est 17h15 quand je m’engage sur l’A7. J’avais dans l’idée de m’arrêter à Cannes chez un pote mais je crois que je vais éviter… A 20h, je suis finalement à Ventimili. Comme par hasard, je passe au contrôle de la douane. Un Italien me demande d’arrêter la voiture et de lui montrer les papiers. J’agis en répondant juste un petit « bion giorno ». Il me fait finalement sortir de la voiture et ouvrir le coffre. Il est intrigué par la seule valise présente et je dois finalement la vider. A part un FHM et une bouteille de Vodka, rien de suspect. Je peux repartir…

La Marocaine était dans la boîte à gants avec les feuilles. Alors que j’allais repartir, un grand blond avec une femme me font des grands signes. Je crois reconnaître un vieux maillot de l’Argentine, style 78. Je m’arrête à leur proximité. La femme commence à me parler:
« Bonsoir, est-ce que vous passez par Firenze?
- Euh Florence? Ouais, enfin attends, je regarde la carte… Ouais, c’est bon.
- Vous pouvez nous y déposer? Un ami argentin nous y attend.
- Allez va, ça m’évitera de dormir au volant. Montez. »

Mario prend place à côté de moi alors que Christine se retrouve engoncée à l’arrière de ma Mini. Ils me racontent leur vie et leur escapade. On va avoir une paire d’heures pour faire connaissance… mais j'essaye de leur faire comprendre qu'il ne faut pas que leur voix couvre le son de Mike Skinner. Je veux bien être cool mais y a des limites...
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:06

Libero - « La vraie patrie est celle où l’on rencontre le plus de gens qui vous ressemblent » Stendhal (Rome, Naples, Florence)

J’ai finalement dû arrêter l’autoradio car il s’est révélé que la compagnie de mes deux nouveaux amis était plus intéressante que le flow maîtrisé du gars de Birmingham. Mario ne parle pas français et moi juste quelques mots d’espagnol, c’est donc Christine qui fait l’interprète pour nous deux. Du moins, elle le fit pendant deux heures avant que ce grand gaillard finit par s’assoupir une fois Gênes atteint.

J’ai eu le temps d’apprendre que Mario était en fac de médecine et se destinait à la chirurgie. J‘ai donc eu plus de temps pour palabrer avec Christine. Cela m’intriguait de savoir comment une Française pouvait se retrouver avec un Argentin dans ma voiture sur la route de Florence! Elle commença par me dire:
« Tu as un peu de temps?
- Ma foi, il nous reste bien quelques heures avant d’attendre Florence!
- D’accord. Alors par où commencer? Bon… Tout d’abord je suis originaire de Strasbourg, une pure Alsacienne.
- Bizarre, cela ne s’entend pas trop…
- Oui mais j’ai fui dès que j’ai pu!
- Ah OK.
- Enfin toujours est-il que dès que j’ai su ce que je voulais faire, j’ai décidé de quitter parents et famille pour m’exiler à Bordeaux où j’ai suivi ma formation d’infirmière. A 23 ans, j’ai eu mon diplôme et j’ai commencé à travailler au CHU de Bordeaux.
- Et comment t’as rencontré Mario?
- Attends, attends! Bon alors cela faisait plusieurs mois que je travaillais au CHU quand j’en ai eu marre. J’avais envie d’une vraie aventure, d’être vraiment utile. J’en ai parlé au chef de service qui m’a mis en relation avec MSF.
- MSF?
- Médecins sans Frontières! J’ai passé un premier entretien sur Paris pour connaître mes motivations et les missions envisageables et c’est comme ça qu’au bout de 3 mois, j’étais parti au Nicaragua… C’est là que j’ai rencontré Mario. Il perfectionnait sa formation par cette sorte de stage sur le terrain. Dès qu’on s’est vus, cela a été le coup de foudre.
- « Le coup de foudre ». Cte blague.
- Ouais, enfin cela s’est passé comme ça… On est resté 1 an au Nicaragua puis je suis rentré sur Bordeaux, Mario en Argentine. On a continué de tenir une correspondance par courrier. Il est arrivé en France il y a deux mois et nous voici en route pour l’Italie où nous attend un de ses amis boliviens. »

Le temps de me raconter cette longue et belle histoire pleine de détails, nous étions finalement arrivé en Toscane. C’est la troisième fois que je viens en Italie. Les deux dernières fois, j’avais 6 et 12 ans. Aujourd’hui, j’en ai quasiment 15 de plus mais je me souviens encore bien des longues plaines de Toscane que j’avais vu et de la poésie qui s’en dégageait.

Aux abords de Florence, je décide de laisser Mario et Christine. Il est quasiment minuit. Il me reste encore 4-5 heures de route pour arriver dans la province du Latium où vit ma famille… Mario et Christine veulent m’offrir un cadeau en guise de souvenir et de remerciement mais n’ont pas grand-chose dans leur sac. Christine, après avoir discuté avec Mario, me demande finalement de rester avec eux cette nuit à Florence. Un plan à trois, mouais, pourquoi pas?

On file dans les petites rues de la citadelle. C’est la première fois que je viens à Florence mais j’ai l’impression de déjà connaître ces rues, cette atmosphère. Ernesto, le camarade bolivien de Mario, nous accueille dans un vaste appartement d’un beau quartier. Je comprends aux quelques diplômes sur les murs et au stéthoscope en évidence qu’il est lui aussi médecin.

Christine me propose de laisser les deux amis se raconter tout ce qu’ils n’ont pu se dire pendant ces six années sans se voir. Nous nous engageons donc dans les petites rues de Florence sans réellement savoir où nous allons… La beauté de l’errance comme j’aime à la pratiquer: des bâtisses, des regards croisés, échangés, quelques fois volés, souvent aimés…
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:09

Libero - « L'Italie est comme un artichaut qu'il faut manger feuille à feuille. » Metternich

J’avais déjà mangé quelques feuilles étant jeunes, notamment Rome et Naples dont j’ai des réminiscences encore bien ancrées en moi. Mais il semble que quand on a vu un pan d’Italie, on a vu toute l’Italie. Toujours la même belle qui se dévoile à vous avec ses ponts, ses églises, ses piazzas et ses palais.

Les quelques heures passées à hanter Florence ont confirmé cette pensée. Il est bizarre de se dire qu’au bout de quelques heures seulement, on peut en quelque sorte s’être accaparé une ville, avoir humé son histoire, ses habitants, son style. Si j’avais eu le temps, je serais certainement rester plus longtemps à Florence: entre toutes ces belles brunes, ces magnifiques monuments et cette atmosphère si culturelle, j’aurais certainement trouvé mon bonheur.

Mais à peine le temps de filer entre la Piazza della Repubblica, la Piazza della Signoria, Santa Maria Fiore que nous étions sur le ponte Vecchio qui offrait à nos yeux ébahis un superbe spectacle, à la fois l’Arno, ces autres ponts et cette sorte de noblesse et de désuétude dans les bâtiments environnants. Christine me fit signe qu’il était temps de rentrer alors que sonnait 1h30.
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Mario commençait à s’inquiéter mais pas assez pour se laisser battre à PES6 par son ami mais néanmoins adversaire. J’avais le droit à un Bolivie-Argentine avec un petit verre de maté. A 1h30 du matin, je rêvais d’autre chose mais il faut savoir prendre ce que la vie nous offre!

Je file finalement me coucher après deux défaites honteuses pour ma pomme. Le lendemain, je me lève vers 10h puis quitte Florence sans faire de bruit en laissant un mot pour mes trois nouveaux amis. J’ai bien entendu pris le numéro de Christine, on ne sait jamais…

Je retourne sur l’autoroute direction Priverno. Après 4 heures à 140 km/h, je touche enfin au but. Malheureusement, je ne me rappelle plus du tout du chemin pour aller chez le frère de mon grand-père… Je tente bien de trouver en lisant un plan en bas du village mais je n’ai même pas l’adresse. J’arrête deux gamins en scooter intrigués par la plaque d’immatriculation de ma voiture:
« Euh… Moi Francese. Desidero parlare con Mariano Ficarola. Dove?
- Ah, tu es Romain Welter?
- Tu parles bien français… Oui je suis Romain.
- Ok alors suis nous, nous avions été prévenus par Marius de ton arrivée. »

Nous prenons une longue rue en remontant puis nous arrivons sur la place principale où trônent l’église et la mairie. Le gamin me fait signe de me garer à proximité. Il me conduit ensuite au bar du village où je croise plus de papier rose que dans un toilette de collège français… Bien entendu, c’est la Gazzetta qui est au centre des lectures.

Au fond du bar, je vois enfin Mariano que je n’aurais pas reconnu seul. Ses années de présence à Avignon avec mon grand-père lui ont laissé un joli accent français très plaisant à écouter. Après les palabres de circonstances, Mariano demande aux deux enfants de me conduire à l’appartement de Paolino où je séjournerais.
Je récupère mes quelques sacs puis monte à pied une petite ruelle typique avec des pavés pour tracer le chemin. Les petites vieilles sont sur les marches devant chez elles et me saluent toutes d’un « Bion giorno ». Le petit m’explique que la rumeur de mon arrivée a déjà fait le tour du village depuis quelques jours…

J’arrive finalement à l’appartement et prend mes quartiers. Il fait encore assez bon en cette fin du mois de novembre. Je me surprends à m’assoupir mais je suis réveillé sur les coups de 19h par une main musclée sur mon épaule. C’est Mariano:
« Ah Romain! Ça te dit d’aller voir mon petit-fils jouer?
- Oui, pourquoi pas? »

C’est à bord d’une grosse Mercedes que nous faisons les quelques dizaines de kilomètres nous séparant de Frosinone. Mariano me parle en chemin des affaires, il a fait fortune dans le commerce des artichauts et son entreprise emploie aujourd’hui 6 personnes et a des clients dans toute la Péninsule et même de prestigieux restaurants romains!

Vers 19h45, nous voilà à Frosinone. Je mets quelques minutes à comprendre pourquoi tout le monde cire les pompes de Mariano et l’appelle « Don »:
« Alors Romain, le foot? La dernière fois que tu étais venu, tu devais rentrer en centre de formation…
- Oh le foot, c’est loin derrière moi… J’avais un peu de talent mais très peu de courage tu sais.
- Tu va voir, le petit Alessio est très bon. Il joue ailier en -20 ici. Alors tu as complètement coupé avec le foot?
- Non, non, je suis toujours. C’est ma passion. Mais à part un ami qui entraîne je ne sais plus quel club en Espagne, je n’ai plus de contact avec le milieu.
- Oh tu sais, moi j’avais un peu coupé tous les ponts mais au final on s’y remet… Le président de Frosinone avait décidé de laisser sa place le mois dernier et j’ai été élu président par le comité directeur après une cour effrénée de ses membres…
- Ah ouais? Et ils jouent en quoi la première?
- En Série B mais on est dans le bas de classement. En plus, on vient de virer l’entraîneur qui avait des problèmes avec la Camora. Du coup, pour l’instant, c’est le mec qui s’occupait de mon équipe corpo de vendeurs d’artichaut qui a pris les rênes de la première! »

Le match n’est pas très excitant. Les moins de 20 ans de Frosinone font 1-1 contre l’équipe de Napoli. Bizarre mais y en avait un qui ressemblait drôlement à Maradona. M’enfin…

Nous rentrons à Priverno. Nous avons le droit à une belle table dans le meilleur restaurant du village. Au menu, côte du Rhône et pizza. Pour ma part, j’irais bien faire un tour ensuite pour essayer de voir si y a des jeunes femmes dans ce village!
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:10

Libero - Les tringles

Finalement, je suis pas sorti hier soir après la pizza. J’ai été con aussi, j’ai pris des fruits de la mer et ça m’a retourné l’estomac. J’ai retapissé la chambre du grand-père, enfin bon, une grosse nuit… Et puis à 11 heures, les cloches qui arrêtent pas de sonner pour appeler les vieilles à la messe, ils respectent vraiment rien en Italie et surtout pas le sommeil des étrangers.

Je descends tranquillement sur la place pour prendre mon petit déjeuner. Toni, le patron du bar est un fils d’un des cousins de mon grand-père, enfin l’Italie quoi… Toujours est-il que c’est pratique pour déjeuner à l’œil. J’ai le droit à un café avec du Panettone au chocolat, j’ai hésité à jouer mon con de Français réclamant sa baguette et ses croissants mais je garderais ça pour un autre jour!

Des anciens viennent me saluer et apparemment me demandent des nouvelles de Paolino. Enfin je dis apparemment parce que Paolino est la seule chose que je peux comprendre de leurs paroles. Je lâche des sourires et des « si », « si », « bene » à volonté. Apparemment, ça devait correspondre aux questions parce qu’au bout d’un petit quart d’heure, je suis enfin seul. Je prends la Gazzetta sur le bar… Bizarre mais je comprends un peu mieux l’Italien quand il est écrit, du moins je déchiffre.

Vers midi, la messe est finie et pour moi, c’est l’heure de remonter dans mon appartement. En passant par la Piazza Comunale, je vois quelques jolies jeunes femmes au teint hâlé et aux formes généreuses comme… Maria Grazia Cuccinotta. Ah ben ouais, j’ai même pas pensé à rappeler son attachée de presse.

Je remarque que j’ai oublié mon portable, sans doute sur la table de chevet. Je monte les escaliers me séparant de ma demeure quatre à quatre et toujours les mêmes vieilles sur les seuils de leur porte. Mieux que la police pour contrôler les allées et venues!

Une fois dans l’appartement, je me dirige dans la chambre, j’avais noté le numéro de l’Italienne sur un bout de papier. Au bout de quelques sonneries, une voix me répond en Italien. Je demande si mon interlocutrice parle français, c’est le cas. Il s’agit en fait de son attachée de presse à l’appareil. Nous convenons d’un rendez-vous pour mardi 15h à Rome. Cela me laisse encore deux jours à Priverno.

Je ne sais pas trop quoi faire en ce début d’après-midi, les rues sont vides. Du coup, je reste tranquille sur le canapé à regarder une des chaînes de Berlusconi sans doute. Je comprends pas ce qui est dit mais ça a l’air d’un niveau encore inférieur à ce qu’on a le droit en France mais bon, y a des belles playmates à la télé en Italie!

A 14h, c’est encore une fois Mariano qui vient me tirer du canapé. Je commençais un peu à m’assoupir quand il me dit « Oh petit, viens, on va au Comunale, tu va voir mes branques ». Présenté comme ça, je peux pas dire non…

Marius m’explique encore une fois que la situation n’est pas bonne, l’équipe est avant-dernière et n’a pas encore gagné un match cette saison en 16 rencontres! Il ajoute que ce sera sûrement pas pour cet après-midi comme ils reçoivent l’Hellas Vérone. J’écoute paisiblement, cela me fait même un peu marrer.

Enfin, ça me faisait marrer jusqu’à ce que je vois le niveau réel des mecs… C’est pas des branques, c’est des tringles, y en a pas un pour remonter le niveau! Comme convenu, l’équipe perd mais que 2-1, ce qui est honorable au vu de la partie. Après quelques coups de téléphone, Mariano rouge de colère mais au fond plein de pitié pour ses joueurs me lâche « Ah ben ça y est! On est derniers. 4 points en 17 journées… On va droit en Série C. Et encore, y a des équipes qui sont parties avec des points de retard! Pfff... Et ce connard d’entraîneur qui me dit quasiment en se marrant: « On a qu’à mettre nos vendeurs d’artichaut, ils coûteront moins cher. » Il va pas faire long feu non plus celui-là. »

C’est la désolation à Frosinone mais bon, je mangerais bien une petite pizza moi… Faut pas se laisser abattre. Je leur ramènerais des vidéos des centres de Mendy pour relativiser s’ils veulent.
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:11

Libero - Ave Maria!

Je ne sais pas si c’est le deuxième jour que Dieu créa la femme mais en tout cas s’il la créa à son image, Dieu devait être sacrément bonne! Je crois que je me rappellerais toute ma vie de cette heure passée avec Grazia Cuccinotta.

Sur la route de Priverno à Rome, je ne cessais de penser à ces décolletés plongeants et cette sublime scène où la balle de ping-pong est coincée entre ses lèvres langoureuses et qu’elle finit par recracher… Mmmmmmmmm.

Pour ma part, je n’eus pas le droit à un décolleté ni à une balle de ping-pong mais la femme était élégante, classe. Les douze années passées depuis le tournage n’avaient en rien altéré sa beauté naturelle et dévastatrice. Ses pommettes saillantes accompagnaient encore à merveille son superbe sourire à la fois intrigant et envoûtant…

Je n’eus bien entendu pas l’honneur de son salon et c’est dans un grand hôtel italien que nous nous sommes rencontrés. Je ne savais pas trop comment la prendre, par quel bout commencer. Je parle bien entendu de l’interview… Alors nous avons débuté par des palabres de bon aloi sur la pluie et le beau temps, son actualité cinématographique. Puis vint le moment d’aborder l’acteur Philippe Noiret mais aussi l’homme.

L’atmosphère se fit tout de suite plus lourde. On sentait comme une lancinante émotion monter dans la voix de l’Italienne et elle débuta un long monologue:
« Vous savez, j’ai connu Philippe un peu par hasard. Je n’aurais jamais dû être actrice. Seulement, voilà qu’à l’orée de mon 24è anniversaire, je fais la rencontre de ma vie: Massimo Troisi.
Je ne le connaissais pas; en Sicile, les occasions d’aller au cinéma dans les années 80 étaient réduites. Nous profitions plutôt de la beauté des lieux, un peu comme le personnage que je joue dans Il Postino en fait. Il était venu en vacances en Sicile cet été là et séjournait dans l’hôtel de mes parents.
J’aidais un peu pour l’accueil et c’est là qu’il me lança « Mademoiselle, j’ai besoin de vous. Vous devez venir avec moi à Rome ». Mon père n’a pas bien compris ce dont il s’agissait mais me laissa malgré tout filer dans la capitale avec cet inconnu. C’était la première fois que je venais ici et c’était pour rencontrer Michael Radford, le réalisateur d’Il Postino.
J’ai passé quelques essais avec Massimo et Michael ne semblait pas trop convaincu mais Massimo fit le forcing pour que je sois engagé. Je lui en serais reconnaissante à jamais. J’espère qu’il va bien où il est… Philippe et lui doivent bien s’entendre là-haut.
Toujours est-il que ce fut de façon fortuite que je me suis retrouvée propulsée sur ce tournage. Et je me retrouvais face au grand Philippe Noiret. Ma culture cinématographique était maigre mais Philippe Noiret, je le connaissais tout de même! Sa présence, son charisme m’ont tout de suite impressionnée. Pendant les premiers jours, je n’osais pas l’approcher, il m’a d’ailleurs avoué qu’il pensait que j’étais maquilleuse ou quelque chose comme ça au début!
Et finalement, nous avons eu des scènes à jouer ensemble. Moi la petite fille de Sicile et le grand acteur français mais Philippe a tout fait pour me mettre à l’aise, plaisantant même en Italien! (…)
C’est d’ailleurs le souvenir que j’ai de Philippe, si je devais le qualifier, je dirais qu’il était chaleureux, humble et prévenant. A la fin du tournage, les habitants de l’île étaient quasiment en pleurs car ils avaient l’impression de perdre plus qu’un ami, un proche. D’ailleurs, Philippe est revenu quelques années plus tard à Ponza où eut lieu le tournage! Il a en quelque sorte réellement vécu l’histoire d’Il Postino lui-même dans la vie… Philippe Noiret, un grand acteur mais surtout un grand homme. Malheureusement, d’une époque je crois, dont le moule est cassé… »

L’attachée de presse fit alors irruption dans la pièce pour signaler que l‘interview devait toucher à sa fin. Maria semblait empruntée au moment de me quitter, elle me souffla qu’elle aurait eu tant d’autres choses à dire. J’eus le droit à une bise puis pris congé.

Je commence à me demander si ce témoignage de par sa force ne suffit pas en lui-même à faire un vibrant hommage à Philippe Noiret. Cela détonne un peu par rapport aux propos fades des acteurs français. Je ne sais pas, je vais y réfléchir. De toute façon, j’ai encore quelques jours à passer en Italie, je vais voir où le vent me mène…
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:13

Libero - « L'opportunité est prompte à s'enfuir, mais longue à revenir. » Hazrat Ali
« Une opportunité ça se saisit vite ou ça ne se saisit pas. » Serge Uzzan


J’ai passé deux journées à Rome après mon entrevue avec Mme Cucinotta. Vraiment une superbe ville. Cela faisait quelques temps que je voulais venir et j’ai finalement profité de la mort de Philippe Noiret pour le faire… Il est vrai que Rome n’est pas réputé pour être une capitale mondiale du hip-hop, du coup les occasions d’y venir pour écrire des articles consacrés à un show case dans une salle romaine sont nulles quasiment.

J’ai aussi profité de ces deux jours pour écouter des sons dont je devais faire la critique mais que j’avais un peu oublié depuis une semaine compte tenu de mon agenda un peu surbooké. Du son du Havre apparemment… Le Havre, c’est moche, ça doit en partie expliquer le niveau de ce que j’ai entendu. Un petit vent nouveau dans le rap français qui commence à être sclérosé. Du son à l’ancienne, une bonne instru et des vrais lyrics qui ont du sens, je me serais cru revenu aux débuts d’Iam… La belle époque.

Enfin j’ai passé mes deux soirées à faire ça avant d’aller me balader dans les rues de la cité éternelle. J’en ai aussi profité pour aller à l’Olimpico, la Roma recevait Valence en Ligue des Champions… J’ai joué plus jeune avec le portier de Valence, le Français Ludovic Butelle et j’ai toujours plus ou moins gardé le contact. Du coup, j’ai réussi à avoir des places à l’œil en tribune présidentielle. L’ambiance n’était pas exceptionnelle, en même temps, les jeux étaient déjà faits dans ce groupe, il suffisait que Valence ne gagne pas et on peut dire qu’ils ont fait jouer tout leur métier pour parvenir à ce résultat. M’enfin, y avait une jolie brune quelques rangs en dessous alors j’ai occupé mes yeux…

Aujourd’hui, je suis de retour à Priverno. Il est midi et je suis chez Toni pour déjeuner. Finalement, mon article se résumera à l’entretien avec la belle Italienne. J’ai pas envie de me faire chier. Je commence à peine mes pâtes que mon portable commence à vibrer. Faut toujours qu’il y ait un mec pour t’emmerder quand tu manges… Je regarde qui c’est: Bertrand Alouis, un vieux pote du centre de formation de Montpellier qui travaille en Espagne maintenant. Oh, je réponds pas, il laissera bien un message.

Je finis tranquillement mon repas (pâtes, pizza blanche puis panettone) et écoute ma messagerie: « Un message, aujourd’hui à 12h23... Putain c’est quoi ce répondeur? Ouais c’est Romain, je suis pas là, laissez un message et s’il est digne d’intérêt j’oserais rappeler… Comment tu te la racontes. Bon j’espère que ce sera digne d’intérêt. J’ai cassé le cul à mon président, enfin c’est une image, et y a une place pour toi avec moi en Espagne… Enfin rappelles moi, je t’expliquerais. Baltringue. »

Du coup, je rappelle… 1 sonnerie, 2 sonneries, 3 sonneries. Je raccroche et quelques secondes plus tard, on m’appelle! La technique du radin, ça marche toujours…
« Ouais?
- Ouais, c’est Trandbert. Bié?
- Ouais, ouais, bié. Je suis en Italie tranquille.
- Qu’est-ce que tu fous en Italie?
- Je bouffe des pâtes, je sors avec Maria Grazia Cucinotta, la routine.
- Ouais bon allez, à la place de me raconter des conneries… j’ai une bonne nouvelle pour toi.
- T’as divorcé? Non, parce qu’entre ton équipe de ploucs et ta femme, je m’en souviens bien des vacances à la Martinique cet été. « Oh Bertrand, on va faire du jet? - Ben non attends, faut que je reste avec Marine et en plus le président doit appeler, on est en train de faire Aimar là! »
- Ouais ben non, Marine est toujours là.
- Arf.
- Par contre, ça concerne bien le foot. On est 6è en Liga tu sais!
- Super…
- J’ai réussi à faire partir la directrice de la com… Dépression nerveuse. Alors tu peux avoir le poste si tu veux. Toi et moi comme avant, 24 sur 24 ensemble.
- Et avec Marine!… Ben je sais pas, je parle même pas espagouin.
- Pas grave, t’auras des mecs sous tes ordres et ils parlent anglais.
- Je sais pas, je vais réfléchir. Va falloir que je raccroche, les vieux du bar me font signe de la fermer, y a un feuilleton qui commence là sur la RaiUno.
- Ben réfléchis mais vite… »

Je suis quand même bien aux Inrocks mais c’est vrai que rien foutre en Espagne, ça me changerait de rien foutre à Paris. Faut voir… A peine le temps de m’imaginer 6 mois de l’année à Ibiza à siroter une tequila que Mariano débarque rouge et essoufflé. Qu’est-ce qu’il s’est encore passé?
« Ah Romain, je te cherchais… Ben ça y est, on a viré notre coach. Je supporte la connerie mais pas la traîtrise, il avait volé une cagette d’artichauts pour sa mère! Une cagette! Tu te rends compte?
- Non, pas vraiment en fait.
- Ouais enfin, on a plus d’entraîneur. Plus d’entraîneur, personne du village qui veut reprendre l’équipe, aucun entraîneur ne veut essayer de nous sauver… Ils ont tous la frousse alors si tu veux, ben tu as le poste.
- Putain, c’est la journée. C’est une blague non? T’as appelé ma mère, elle t’a parlé de Trandbert?
- Qué Trandbert? Je suis sérieux, il nous faut quelqu’un sur le banc samedi à Crotone. Si tu veux, c’est toi.
- … »

Je vais aller marcher un peu…
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:14

Libero - On regrette généralement plus ce qu’on a pas osé que ce qu’on a vécu…


Et puis merde, je pourrais toujours redevenir journaliste ensuite quand je me serais bien ridiculisé… Et puis qui va le savoir quand j’aurais honteusement échoué dans ma nouvelle carrière? Y a quasiment aucune chance que l’EquipeTV vienne faire un gros plan sur moi ici!

C’est décidé, je reprends la Mini pour Paris ce soir et ensuite je file via Air France vers Saragosse. J’ai rappelé Bertrand hier soir pour lui annoncer la nouvelle… Putain directeur de la communication, je sais même pas ce que je vais avoir à faire mais j’ai vu que Saragosse se situait pas loin d’Andorre, du Pays Basque et à distance respectable de Barcelone, de quoi mener la grande vie!

Bertrand m’a soufflé que si ça m’amusait, je pourrais le seconder sur le terrain en donnant les chasubles, ces conneries-là mais je crois que je vais éviter… J’ai ma petite fierté. Non, je me vois plutôt dans mon grand bureau avec baie vitrée donnant sur les terrains d’entraînement, petite secrétaire style la sœur Cruz qui m’apporte un jus de fruits bien frais… Ah oui, ça va être bien!

Il est 10h en ce vendredi et je dois aller voir Mariano pour lui annoncer mon départ… Je ne l’ai pas revu depuis sa proposition hier. La porte est entrouverte, je toque tout de même pour annoncer mon arrivée. Mariano est au téléphone. Je patiente tranquillement. Il raccroche et vient me serrer dans ses bras:
« Alors Romain, tu as une bonne nouvelle pour moi?
- Non, je ne pense pas… Je vais repartir en France. Je ne peux pas accepter ton offre.
- … Très bien, je ne peux pas t’en vouloir. Fais bon voyage et salue tes parents pour moi. Arrividerchi. »

Le vieil homme est déçu mais semble avoir compris ma décision… Je passe chez Toni pour lui rendre les clés de l’appartement de mon grand-père et le remercier pour son hospitalité. Mon départ est salué par quelques coups de klaxons dans la rue. Me voici en route pour Rome.

Il n’y a pas grand-monde en ce vendredi sur les routes. Je suis bien tranquillement à 130 km/h avec Serge Gainsbourg pour m’accompagner. De la Javanaise à Ce mortel ennui, tous les classiques y passent, j’esquive « Du Jazz dans le Ravin », simple précaution au moment d’aborder les côtes de Gênes. Je m’arrête sur le port après 6 bonnes heures de route. Il est 16h30 et le ciel est encore haut et bleu.

J’en profite pour regarder vite fait mes messages. Tiens un nouveau message vocal… « Romain, où es-tu? Il s’est passé quelque chose de terrible… (la voix de mon grand-père est empreinte d’émotion) Mariano… Mariano a fait un arrêt cardiaque! (de longs sanglots se font entendre) Je vais venir à Priverno. Attends moi là-bas… » Un arrêt cardiaque? … A cause de ma décision?

Bien entendu, je file à toute allure en sens inverse. Me revoilà parti vers le Sud. J’appelle mon grand-père sur la route pour essayer de comprendre et lui expliquer que je retourne à Priverno. Il m’annonce que Mariano se serait effondré en pleine rue une dizaine de minutes après que je l’eus quitté!

La route m’a paru beaucoup plus longue qu’à l’aller bien que je n’ai pris que 4h30 pour faire Gênes-Priverno. A peine arrivé, je fonce chez Toni pour quérir quelques nouvelles. Mariano est dans le coma, il a été transféré à l’hôpital de Frosinone. Je ne sais pas si je dois aller. Mais j’y vais tout de même. La nouvelle a déjà fait le tour du village et je ne suis pas le seul au chevet de Marius à Frosinone. Je remarque quelques têtes déjà vues au Stadio Comunale ou chez Toni.

La fin de nuit est longue et difficile… Je n’ai pu dormir et j’ai passé la nuit à rejouer cette journée. Si j’avais accepté, que se serait-il passé? Malgré tout, je m’assoupis vers 5h30.

A 10h, c’est mon grand-père qui me réveille, il a roulé toute la nuit. Il me sert fort dans ses bras puis me demande un service: « Va à Frosinone et prends le bus avec les joueurs! Pour Mariano! Ils vont à Crotone ce soir. Occupes toi en au moins aujourd’hui… pour Mariano. »
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:14

Libero - Au commencement, il n’y avait rien…

… ou seulement 4 points. 4 petits points en 17 journées, c’est le seul constat que je réussissais à effectuer une fois ma place dans le bus choisie. Je me suis assis au fond avec les joueurs, pour l’instant, ils ne savent pas qui je suis.

Les seuls à savoir qui je suis dans ce bus vers Crotone sont le vice-président et le responsable de la formation. J’ai eu quelques minutes pour parler avec eux avant de partir, heureusement les deux hommes érudits parlent français, cela facilitera ma tâche pour aujourd’hui.

Le vice-président me propose de visionner le DVD de la dernière rencontre contre Vérone pour me faire une idée des joueurs mais je lui signale que j’étais dans les tribunes et que j’ai encore un très bon souvenir des performances de chacun, enfin « des performances »…

La seule chose que j’ai à ma disposition est le journal local « Laziale mattina ». J’ai décidé de faire mon équipe par rapport aux notes moyennes des joueurs dans ce journal. J’espère que le mec chargé de suivre le club a pas de la merde dans les yeux. J’ai 5 heures entre Frosinone et Crotone pour étudier tout ça…

5 heures, c’est long quand y a des cons qui arrêtent pas de gueuler en italien dans un bus. Pour ma part, j’ai lu le journal puis j’ai bien dormi pour récupérer de ma nuit quasiment blanche. Crotone semble être une équipe à peu près aussi faible que Frosinone, ils sont 20è avec 13 points soit 9 de plus que nous tout de même.

Une fois le bus arrivé, je laisse les joueurs prendre leur quartier puis discute encore avec le responsable de la formation. Je lui montre rapidement sur un bout de papier ce que je pense mettre comme composition basée sur un 442. Malheureusement, il m’annonce qu’un des milieux choisi est suspendu… On fera sans.

Vers 19h, c’est le départ pour le petit stade de Crotone. J’ai pas vraiment préparé de speech mais me voilà face à une belle bande d’abrutis qui vont pas comprendre un mot de ce que je vais dire. Ça risque d’être folklo. Je commence mon petit couplet après l’explication de la situation par le vice-président, le responsable de la formation traduira:
« Bonjour, bon je m’appelle Romain Welter. Je vais pas vous cacher que ça m’emmerde bien d’être ici avec vous mais je vais faire avec. J’ai aucune expérience en tant qu’entraîneur mais comme vous êtes des tringles sur le terrain, ça devrait aller, j’aurais le niveau pour vous coacher.
- Excusi? Tringle, ça veut dire quoi? C’est pour bien traduire…
- Y a des rideaux chez toi? Ben les trucs sur lesquels tu mets les rideaux, ça c’est des tringles, des trucs plats qui servent pas à grand-chose. Bon je continue, je vous ai vu jouer contre Vérone la semaine dernière et franchement, vous êtes à chier. Après vous allez peut-être dire « oh le Français, tu va pas nous apprendre le foot, on est champions du monde », vous auriez raison mais en l’occurrence, vous ne battriez même pas l’équipe de France cécifoot. (le responsable de la formation rit, l’équipe pas trop) Pour l’équipe, c’est pas dur, j’ai pris vos notes dans « Laziale Mattina » et les meilleurs joueront aujourd’hui.
- Non e possibile!
- Qu’est-ce qu’il a lui?
- Il dit que c’est pas juste parce que le journaliste est le beau-frère de Lacrimini et que du coup, comme il est en concurrence avec lui, il aurait aucune chance de jouer cette saison.
- La vie est injuste mon bon ami. Bon, je mets l’équipe sur le tableau là. Je connais pas trop Crotone donc je laisserais la parole ensuite. La seule chose que je veux, c’est que vous vous battiez pour le président et que vous gagniez aujourd’hui! »

Le responsable de la formation explique vite fait les caractéristiques de Crotone puis les principes de jeu qu’on voudrait voir appliquer sur le terrain ce soir: passe dans les pieds, camaraderie, cadrage des frappes… Enfin le b.a.ba.

Les joueurs sortent ensuite s’échauffer, je sens comme une sorte de haine dans leurs yeux, quelques-uns me bousculent même. Je les ai bien énervé, j’espère que ça les motivera sur le terrain.

Le match débute à 20h.
Dès la 5è, Lacrimini déborde côté gauche, centre, la reprise de la tête de Margiotta est superbe mais le gardien de Crotone se prend pour Buffon devant Zidane…
La première mi-temps est très équilibrée entre deux équipes qui perdent 90% de leurs ballons dans la partie médiane du terrain. Le spectacle est pas terrible, on se fait même un peu chier et les quelques bons ballons sont vendangés par des attaquants faiblards.
Au bout de 40 minutes, je finis par réussir à mettre un nom sur la tête du numéro 6 adverse, c’est Piocelle! Ouais, si Séb Piocelle! Il a pas changé, toujours aussi mauvais avec ses cheveux au vent.

Mi-temps sur ce score de 0-0. Je sais pas trop quoi dire, alors je dis rien. Le responsable de la formation Antonio s’en charge…
… et on peut dire qu’il a su trouver les mots. A la 47è, on en prenait un! Mauvais dégagement de Zappino, Plasmati sur le côté droit déborde et centre, au milieu de mes quatre défenseurs, le seul joueur de Crotone parvient à prendre le ballon et marque…
Je décide de faire comme Mourinho quand ça va pas. Je remonte le col de mon imper à la Columbo puis vais sur le bord du terrain et gueule un peu. J’ai quelques souvenirs de mes vacances en Italie jeune: « stronzo, bastardo… ». L’arbitre vient me calmer, je me rassois … mais pas longtemps!
A la 49è, même action que celle de Crotone mais pour nous et même résultat! Lacrimini centre de son aile gauche pour Margiotta qui marque de la tête. Je toise du regard le remplaçant qui avait pleuré sur son pauvre sort arguant du fait que Lacrimini avait des relations…

Ça s’est emballé pendant 3 minutes pour redevenir aussi mauvais qu’avant. Franchement ça vaut pas un Tours-Brest. On finit le dernier quart d’heure à 10, Rimoldi ayant foutu un coup de pied à un adversaire… En sortant, il m’a lâché fièrement un « Fighting spirit! » avec son accent italien et son poing en l’air.

Voilà, voilà, 1-1. En 90 minutes, j’ai augmenté le nombre de points d’un cinquième. Une sacrée bonne opération. Je parle un peu avec Piocelle qui pensait que j’étais un journaliste de FF venu faire un reportage sur lui… mais il se demandait quand même pourquoi j’étais sur le banc de Frosinone. Ben ouais bizarre!

Allez on va rentrer, j’ai mal à la tête. J'ai croisé trop de lumières aujourd'hui.
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:16

Libero - Les coutumes locales

Mardi 12 décembre 2006...
Après ce point vaillamment ramené de Crotone, j’ai décidé de prendre un peu de bon temps en passant deux jours à Naples. Enfin, deux jours, c’est ce qui était prévu au début. Je suis arrivé dimanche soir pour aller voir le Napoli à San Paolo contre Pescara. Le match était pas trop mauvais, Naples a une bonne équipe avec notamment Pia, Bucchi et Dalla Bona.

J’ai profité de la vieille ville après le match et j’ai trouvé un hôtel pas trop cher, les frais étant bien entendus à la charge de Frosinone… Malheureusement, vers 3h du matin, le gérant est venu frapper assez violemment à ma porte. Il a commencé à brailler en italien des mots qui m’étaient incompréhensibles. Comprenant notre incapacité à communiquer, l’homme d’une cinquantaine d’années me fit signe de le suivre. Je pris le temps de mettre un jean et un tee-shirt, descendit les escaliers tranquillement vers le garage où j’avais placé ma Mini. Bizarre que ça sente autant le brûlé…

Arrivé devant la porte du garage, le type me tend un mouchoir et me fait signe de le mettre devant mon nez… Et là la désolation. Ma Mini est encore bien en place mais les vitres ont été brisées et elle est déjà à moitié cramée. Il est inscrit « Forza Materrazzi » sur le capot. Ma foi, ben j’ai perdu ma caisse. Après quelques minutes, les pompiers sont présents. Le capitaine parlant français me dit que « c’est inconscient de laisser sa voiture à la portée de tout le monde à Naples, surtout quand on est Français ». Je pensais qu’un garage avec des portes en acier et sécurisé pourrait laisser ma voiture à portée de tout le monde mais apparemment, il va falloir que je me fasse aux coutumes locales.

Jeudi 14 décembre 2006...
C’est un triste jour qui commence. Mariano est mort cette nuit des suites de son attaque cardiaque. Mon grand-père est bouleversé de même qu’une bonne partie du village. Son enterrement aura lieu samedi, quelques heures avant le prochain match à Mantova.

Pour ma part, j’ai donné mon accord hier pour encore m’occuper de l’équipe pour ce match, le dernier avant la trêve. Ensuite, on verra ce qu’il advient. Je me suis mis d’accord avec Antonio pour qu’il s’occupe des entraînements toute la semaine. Il me fera un petit compte-rendu demain pour savoir qui on prend pour ce déplacement.

J’ai aussi reçu un courrier chez moi, enfin chez mon grand-père: « Stronzo di francese, Crisci deve giocare sabato o avrete problema… » Je montre le mot à Toni qui m’indique que Crisci devra jouer samedi ou que j’aurais des problèmes…

Je vais pouvoir demander à Umberto Pavrini qui est ce Crisci… Pavrini est le journaliste du « Laziale Mattina » et accessoirement beau-frère de Lacrimini. J’ai le droit à une sorte d’interview, cela me fait bien marrer quand je pense que j’en faisais il y a encore quelques jours:
« Romain, bion giorno. Siete il nuovo mister di Frosinone…
- Euh, je parle pas italien, ça va être difficile là…
- Bié, je parle un peu français. Je disais que vous étiez le nouvel entraîneur de Frosinone…
- Non, non, juste pour ces deux matchs.
- Ah vraiment?
- En principe.
- Que pensez-vous de votre équipe?
- Elle est d’un niveau assez faible mais ils sont gentils.
- Pensez-vous pouvoir les sauver de la relégation qui leur tend les bras?
- Pensez-vous pouvoir vendre un jour autant de journaux que la Gazzetta?
- Non mais pourquoi cette question?
- Parce que c’est ma réponse.
- Vous allez faire venir de nouveaux joueurs au mercato?
- Vous poserez cette question au nouvel entraîneur, je serais en Espagne en janvier.
- Un mot pour le président?
- C’était un grand homme qui a beaucoup aimé son club. J’espère que les joueurs sauront se montrer à la hauteur samedi pour célébrer sa mémoire. »

Samedi 16 décembre 2006...
La petite église de Priverno est pleine alors que 10 coups tonnent. Les joueurs ont fait le déplacement, c’était le lieu de rendez-vous avant le départ pour Mantova. Certains sont venus en survêtement, je demande à Antonio d’aller les faire habiller avec le costard du club.

Mon grand-père est au plus bas psychologiquement. Perdre son petit frère est très difficile pour lui. Ayant perdu leur père très tôt, Paolo était devenu à la fois le grand frère et le père de Mariano d’où des liens très forts…

Je suis au fond de l’église, ma dernière apparition dans un tel établissement remonte à un autre enterrement: celui d’une grand-mère. Les enterrements, c’est toujours la même: pleurs, lamentations, odes au « grand homme » qui est mort. J’espère que j’échapperais à ça une fois passé de l’autre côté.

Sur le chemin entre l’église et le cimetière, je suis pris à partie par cinq hommes. Je ne reconnais pas tout de suite le vice-président… Les quatre autres types inconnus me prennent pas le bras et m’amènent dans une petite ruelle:
« Écoute le Français, maintenant, c’est moi le Boss au club. Ta comédie comme la semaine dernière à Crotone, j’en veux plus. Capiche? Sache que ce qui est arrivé à Mariano peut très bien t’arriver… »

J’aurais préféré qu’il me dise ça en Italien parce que là, je commence à avoir peur. Je retourne ces mots dans ma tête sur la route vers Mantova. Une fois arrivé, je discute un peu avec Antonio. Je lui dis que je vais mettre Pio Crisci titulaire cet après-midi. Antonio n’est pas d’accord arguant de son peu de réussite à l’entraînement cette semaine, je lui dis que je le sens bien… Peu convaincant mais j’ai pas trouvé mieux.

Mantova est 12è, soit 10 places de plus que nous. Le match se passe difficilement, nous sommes promenés pendant 90 minutes, nous n’avons qu’une seule frappe cadrée par Crisci. Mantova l’emporte 1-0. Nous sommes plus que jamais derniers et le regard du nouveau président se fait de plus en plus lourd alors que nous retournons aux vestiaires.

Je tente bien d’esquiver la remontée dans le bus mais sans succès, les sbires du président finissent par me faire monter énérgiquement…
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:17

Libero - Arbeit macht frei version italienne

Samedi 23 décembre…

Avec ce petit point pris en deux matchs, le bilan n’est pas trop flatteur à l’heure de repartir en France. Je dois passer les fêtes à Avignon avec toute la famille mais avant de quitter la Péninsule, je dois aller chez le nouveau président qui m’a envoyé deux colosses de 2m pour venir me chercher…

J’arrive à bord d’une Mercedes noire dans une grande bâtisse en bord de mer. Le lieu est splendide, je me verrais bien ici en vacances mais en attendant, c’est une poignée de mains plus que virile qui m’accueille. Marco Bastriani est le maître des lieux, c’est lui le nouveau président. Il en impose avec son costard noir et la présence de deux superbes chiens racés ne m’apportent aucun réconfort par rapport à mon sort.

Mais bizarrement, je suis bien accueilli. J’ai le droit aux honneurs du « salon pour les affaires ». Une jeune indienne, tout juste majeure apparemment, nous amène deux petits verres et du Limoncino. Elle en sert deux bons verres puis nous laissent. Je me retrouve en tête à tête avec mon hôte:
« Ecoute petit, je n’ai rien contre toi. C’est toi, cela aurait pu en être un autre…
- Mmm…
- Le vieux Mariano était très respecté par ici et au club, les gens pensent que s’il a choisi de te mettre à la tête de l’équipe, c’est qu’il avait une bonne raison. Ce n’est donc pas dans mon intention de te voir partir. Cela ne serait bien ni pour toi ni pour moi…D’accord?
- Le problème, c’est que j’ai déjà accepté un travail en Espagne…
- Je ne le répéterai qu’une fois: ce ne serait bien NI POUR TOI ni pour moi que tu partes.
- Bien…
- Seulement, il faut que Frosinone se sauve. C’est impératif.
- Comment ça? Vous avez vu le niveau de l’équipe? Il faudrait qu’on gagne quasiment un match sur deux d’ici la fin de la saison!
- Hé petit, tu montes pas la voix quand tu parles avec moi, d’accord? Je sais que ça va être dur mais le foot est très important ici. Les prochaines élections cantonales auront lieu en avril et d’ici là, Frosinone doit garder l’espoir de rester en Série B. Capiche?
- Ma foi… Je savais pas encore quoi demander au Père Noël…
- Mais, t’auras un peu d’argent pour te renforcer. 300K€. Allez bonnes fêtes. »

J’ai le droit à une boîte de chocolat et un joli costard du club pour me remercier du déplacement. Maintenant, je suis vraiment dans une merde noire.


Mardi 2 janvier 2007...

Les fêtes se sont bien passées mais j’avais autre chose en tête, il faut l’avouer… 300K€ pour 11 joueurs, ça me fait une moyenne de 28K€ par joueur. Ca va pas être facile. J’ai appelé mon pote Jeff qui connaît quelques personnes dans le milieu du foot français en lui demandant de me trouver des mecs qui ont le mental et les qualités pour participer à l’aventure. C’est aujourd’hui que je dois le rappeler pour en savoir plus:
« Allô?
- Ouais, c’est Romain…
- Ah salut, bonne année… Bonne santé…
- Ouais ben elle dépendra pas mal de toi ma santé cette année. T’as pensé aux joueurs?
- Ouais, ouais, attends je te faxe la liste… C’est parti. J’ai fait attention à ce que tu m’avais dit: le prix, le mental et les qualités.
- Ok je viens de la recevoir… Alors gardiens. Gauclin de Guingamp, Boury de Dijon. C’est qui celui-là?
- Un jeune très prometteur. On m’en a dit le plus grand bien…
- Ok… Défenseurs: Massot, Fischer, Bertin, Davidas, Stinat, Costa… Costacurta?
- Ouais, ouais. J’ai appelé un pote qui travaille en Italie et Costacurta est sur le départ du Milan. Y a quelques clubs de Série B sur lui alors pourquoi pas vous? Faudra juste le convaincre…
- Je demanderais au président pour le convaincre… Ensuite, milieux: Ghilas, Brunel, Lachuer, Sahnoun. Et devant Bouscarrat, Laslandes et Malm. Et donc je peux avoir tous ces joueurs là sans problème?
- Sans problème, sans problème, je sais pas. Je t’ai fait une liste de mecs qui jouent pas dans leurs clubs, après c’est à toi de te démerder pour les faire venir. Y a que Bouscarrat, comme je connais son beau-frère, j’ai tâté le terrain et il est op. Y a qu’à voir avec Bordeaux.
- Bien, ben merci. Je te tiens au jus. »

Je repars jeudi pour Frosinone, il sera alors temps de passer aux négociations… Une sacrée équipe de vétérans que je vais monter!
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:18

Libero - Susciter l’espoir


Jeudi 4 janvier 2007

J’ai eu Pavon au téléphone hier soir. Il devait parler avec Triaud et Ricardo concernant Bouscarrat… Il doit me rappeler dans la journée; en attendant, j’en profite pour aller au centre d’entraînement. Antonio dirige toujours les séances d’entraînement, j’ai trop à faire sur le marché des transferts pour également encadrer les séances. De plus, le travail d’Antonio m’a l’air assez bon et les joueurs sont heureux des séances qu’il leur propose.

Le président est également présent. Il m’annonce que je ne vais pas pouvoir dépenser trop d’argent avant le 15 du mois pour une histoire de réunion avec la banque suite au changement de président. En somme, j’ai le droit de dépenser 70K€ avant le 15 et le reste des 350K€ après. Cela ne va pas faciliter ma tâche, surtout que j’ai deux matchs importants coup sur coup à domicile… On accueille Cesena, douzième puis la Juve…

Je regarde une dernière fois la vidéo de notre dernière défaite à Mantova quand je reçois un appel. C’est Pavon:
« M. Welter? Oui bonjour.
- Bonjour M. Pavon.
- J’ai le plaisir de vous annoncer que nous sommes d’accord pour vous vendre Bouscarrat. Ricardo ne souhaite pas lui offrir sa chance en L1 et M. Triaud est heureux de récupérer un peu d’argent sur ce joueur.
- D’accord. Je prends contact avec son agent. Nous sommes toujours d’accord sur le montant de 30K€ pour ce joueur?
- Oui, oui.
- Très bien. Mon président appellera M. Triaud une fois l’accord signé avec le joueur. »

J’appelle dans la foulée l’agent de Sébastien Bouscarrat. Comme Jeff me l’avait annoncé, le joueur est d’accord pour signer. J’envois un fax à l’agent avec les conditions contractuelles pour l’engagement. Je reçois le contrat signé quelques minutes plus tard. Sébastien arrivera samedi matin… Le président devra jouer de son influence au sein de la LegaCalcio pour qu’il soit qualifié samedi contre Cesena.


Samedi 6 janvier 2007


10h
C’est à Rome que je vais personnellement chercher Bouscarrat et son agent ce matin. Ils arrivent à l’heure sur le tarmac. Nous en avons pour 1h30 de voiture jusqu’à Frosinone où nous rejoindrons les autres joueurs mis au vert.

Pendant le trajet, j’explique à Sébastien ce que j’attends de lui, le style de jeu de l’équipe, de ses coéquipiers. Le président a fait le nécessaire, il pourra être aligné cet après-midi.

12h
C’est l’heure du déjeuner, nous sommes arrivés depuis une dizaine de minutes. Je profite du regroupement pour présenter Bouscarrat à ses nouveaux coéquipiers. Quand ils entendent Bordeaux, quelques joueurs deviennent très excités « Micoud, Micoud ». Antonio tente de les calmer et m’explique que les joueurs sont impressionnés à l’idée de jouer avec un gars qui a côtoyé Micoud. Bouscarrat roule un peu des mécaniques. Je lui dis de se calmer parce qu’entre s’entraîner avec Micoud et jouer avec lui, il y a un palier qu’il n’a pas franchi!

17h
C’est le coup d’envoi. J’aligne à peu près la meilleure équipe possible. Nous restons comme toujours en 442 avec deux ailiers et un milieu axial à vocation très offensive. Bouscarrat est aligné d’entrée avec Mastronunzio. J’ai axé ma causerie d’avant-match sur la nécessité de faire un résultat aujourd’hui pour garder un espoir de se sauver.
C’est la première fois que je suis sur le banc ici à Frosinone. Je n’ai pas d’appréhension ni de sentiment particuliers.

2è: Carbone, mon latéral droit, trouve Galasso qui a repiqué de son aile gauche vers l’axe. Ce dernier frappe mais le portier adverse repousse. Mastronunzio à l’affût marque dans le but vide! 1-0!

13è: Galasso, bouillant sur son aile gauche, tourne au ridicule son latéral puis centre dans l’axe pour Mastronunzio. Mon élégant avant-centre effectue un contrôle orienté du droit qui trompe le libéro adverse. Ce dernier s’était jeté et ne peut que faire faute! Penalty! C’est Mastrunonzio qui veut se faire vengeance… Il s’élance… Frappe puissante dans l’axe! Le gardien repousse… C’est la stupeur dans le stade.

Mes joueurs ont du mal à se remettre de ce coup du sort mais ils tentent quand même de reprendre le dessus et de continuer à produire du jeu avec leurs moyens.

22è: Sur un dégagement de mon gardien, le 6 adverse prend le ballon de la tête et transmet à l’ailier gauche. Seul, il a tout le temps pour faire un superbe centre coupé par Pellé au premier poteau. Zappino est impuissant. Cesena égalise sur sa première occasion… 1-1.

Je tente de réconforter les joueurs depuis la touche mais…

28è: A 6 minutes d’intervalle, ma défense se fait surprendre pour la seconde fois sur une même occasion. Pellé encore bien placé entre mes deux axiaux reprend. 1-2. Le coup est dur.

La mi-temps est sifflée sur ce score de 2-1 en notre défaveur. Mastronunzio rentre la tête basse au vestiaire. Il s’en veut par rapport au groupe. Bouscarrat n’a rien fait de la première mi-temps, je suis déçu. Je laisse les joueurs souffler quelques minutes puis prend la parole:
« Ecoutez les gars (Antonio commence à traduire). Non c’est bon, traduis pas, ils comprendront. Cesena, c’est 0. Ils ont eu deux occases, deux buts. On est plus forts, vous êtes plus forts, ça se voit, tout le monde le voit. Maintenant, c’est dans la tête que ça va se jouer. Je crois en vous, tout le monde croit en vous! Y a 2000 personnes dehors à se cailler, à vous supporter alors qu’on a pas gagné un match de la saison. Si vous le faîtes pas pour moi, faîtes le pour vous et au moins pour eux! »
Pas de bruit, aucune réaction! J’ai fait un flop… Je sors dans le couloir.
Puis un grand vacarme provient du vestiaire. Les joueurs sont en train de gueuler, se tapent sur les joues. Antonio me fait un clin d’œil. On va voir ce que ça donne en deuxième mi-temps…

47è: C’est la pire chose qui pouvait nous arriver. On en prend direct un 3è. Sur un corner, Mezavilla saute plus haut que mes joueurs… 1-3. Je suis pessimiste sur nos chances de vaincre aujourd’hui.

52è: Margiotta en position de n°10 hérite du ballon et en une touche passe à Bouscarrat. A l’entrée des 18m, le Français frappe instantanément, petit filet! 2-3! L’espoir renaît dans les tribunes!

55è: Suite à un corner mal repoussé par Cesena, Lodi récupère le ballon sur le côté droit. Le libéro adverse fait remonter sa défense. Lodi balance un long ballon au deuxième poteau, Galasso esseulé mais pas hors-jeu reprend de la tête à bout portant! 3-3! En 4 minutes, ils ont fait leur retard… Je suis fier de mes joueurs.

66è: Attaque manquée de Cesena; sur le contre, Galasso hérite du ballon sur son aile. Il lève la tête et centre pour Bouscarrat au point de penalty. L’ancien Bordelais, plein de sang froid, feinte une reprise du droit, contrôle et place un plat du pied du gauche. Le gardien est pris à contre-pied! 4-3! Magique!

77è: Alors que nous pensons avoir fait le plus dur, Cesena replante un poignard dans le dos de ma faible défense par l’intermédiaire de Lazzari à la réception d’une longue transversale. 4-4. Je ne sais plus trop quoi penser.

79è: Coup-franc de Galasso qui change sur Lodi. Ce dernier trouve Bouscarrat qui se jette dans la surface! 5-4! Il a marqué son troisième but! Quoi? Hors-jeu? « Mais putain, t’es miro ou quoi? Il y avait au moins 2 défenseurs pour le couvrir! Espèce de cave! »

82è: D’Antoni perce dans l’axe et frappe aux 20m. Le gardien de Cesena, peu à l’aise, repousse encore dans les pied de Mastronunzio! Ce dernier se fait pardonner son penalty loupé! 5-4!

Que faire? On bétonne? On continue à jouer? Je préfère laisser les joueurs en place…
Les dernières minutes sont difficiles, je m’énerve un peu sur le banc.

92è: Papa Waigo, fraîchement entré, récupère un ballon dans le dos de ma défense. Il est seul face à Zappino. C’est le moment fatidique… Zappino se couche un peu tôt, c’est cuit. Waigo frappe en force… au-dessus!

C’est fini! 5-4... Quel match. On tient enfin notre première victoire de la saison…La pelouse est envahie par plein de jeunes fous de joie.

Les joueurs me fêtent dans le vestiaire puis décident de tous sortir ensemble… Pour ma part, je vais retourner à Priverno pour savourer un peu avec les vieux du bar de Toni. On est toujours derniers mais on a retrouvé un peu de fierté.
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