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From the cradle to the grave by Philou

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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 15:28

Ecrit en nov 2007

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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 15:29

Episode 1:

Début juillet 2007…

J’errai dans les sombres et étroites ruelles de Nottingham depuis bientôt deux heures.
Comme souvent dans le coin, la pluie s’abattait sur la ville avec intensité. Les nuages étaient si menaçants que je me sentais emprisonné. Je n’étais pas habitué à ces atmosphères.

Je devais rencontrer Wayne Bradley, une des personnes les plus influentes de la région. Wayne était un vieil ami de mon père, mais je ne le connaissais que superficiellement.
J’avais quitté l’Angleterre très jeune. J’avais vécu ensuite à Cuxac, un petit village près de Narbonne.

Je trouvai le lieu de rendez-vous. Un petit immeuble gris dans un quartier désenchanté. Ca me rappelait les vieux films de mafia en noir et blanc que j’avais vu adolescent.

Je frémis intérieurement. Je n’étais plus tout à fait sur d’avoir fait le bon choix en venant ici.

Je grimpai jusqu’au dernier étage. A l’intérieur, l’immeuble était d’une saleté à faire trembler les plus téméraires. La peinture se désagrégeait, le parquet vieillissant était détruit.
On aurait vraiment dit que l’endroit avait été abandonné depuis très longtemps.

La pièce N°39 semblait ouverte. Je commençai à toquer discrètement. Il n’y avait plus de serrure et la porte s’entrouvrit légèrement.

Une voix stridente dit : « Entre donc, je t’attends »

J’hésitai quelques secondes. Je tremblai un peu. Mais je devais montrer à quel point je ne me laissais pas impressionner. Je respirai profondément et poussai la porte avec conviction.

La première idée qui me vint à l’esprit était que je mettais les pieds dans un cabinet de psychothérapeute. Le mobilier était réduit au plus simple. Seulement un grand bureau en bois, un canapé marron et une vieille chaise à moitié détruite par le temps.

En moins d’une minute, les 15 derniers jours avaient défilé devant mes yeux : La furtive rencontre avec Wayne à Cuxac, sa convocation ici à Nottingham, les discussions qui suivirent avec Marie, et ma décision de revenir en Angleterre 34 ans après l’avoir quittée.

- Hé Chris! Assieds-toi, fais pas ton timide!

Je m’assis prudemment sur la vieille chaise. Wayne était vautré dans un immense fauteuil en cuir. Un fauteuil de président…

- Alors, comment va Mark ? Je ne l’ai pas vu depuis un bon bout de temps, me demanda Wayne, avec considération.
- Mon père va bien. Merci pour lui, répondis-je sèchement.
- Je suis très heureux que tu aies accepté de venir. Comment trouves-tu l’Angleterre ?
- Différente de ce que je m’en rappelais.
- Hé, tu as quitté l’Angleterre à même pas 1 an, tu plaisantes ?
- Je suis désolé, mais vos questions sont pour le moins surprenantes.
- Je comprends, t’inquiètes pas, y’a pas de soucis.. Ok, arrêtons les banalités et…
- Merci, le coupai-je.

Je n’aimais pas le ton que prenait la conversation. Mais je ne voulais absolument pas que Wayne prenne la mesure de la discussion. J’étais persuadé qu’il allait chercher à me déstabiliser.

- Je suis fier que tu aies accepté ma proposition.
- Je suis fier d’avoir accepté votre proposition, enchaînai-je d’un ton toujours aussi courtois.
- Je suis convaincu que tout se passera bien. Tu auras les mains libres pour accomplir ta mission. Avec les moyens du bord, cela va de soit…
- Je n’attendais pas mieux de votre part. Je commence quand ?
- Sur le champ. J’ai préparé toute la paperasse. T’as plus qu’à signer et l’aventure commence pour de bon.
- Je suis quand même surpris que vous me fassiez confiance si facilement.
- Mark m’a convaincu que je faisais le bon choix. Et qui te connais mieux que lui ?
- Je ne vais pas vous décevoir.
- Ok, il se fait tard. On se voit demain au stade. Je te présenterai à tout le monde, conclut-il.

Il avait quand même finalement réussi à prendre quelque peu le dessus.

Wayne Bradley venait de racheter un club de football. Je pensais qu’il devait avoir besoin d’un entraîneur avec lequel il puisse avoir une relation de confiance.
Mais j’avais toujours du mal à comprendre l’absurdité de la situation.
Il m’avait choisi, moi, sans aucune référence particulière. Et cet entretien rapide dans cet immeuble désaffecté…
C’était pour le moins mystérieux…

Je sortis du bureau sans dire un mot. Juste un petit signe de la tête. Wayne esquissa un léger sourire.

J'arrivai enfin dans la rue. J’étais soulagé. L’immeuble sentait vraiment la mort à plein nez. Quelques minots jouaient à rien autour de ma voiture. Une vieille Mini que j’avais loué à l’aéroport.

Je voulus appeler Marie, ma moitié, et Frank, ma progéniture. Mais la nuit anglaise était si fraîche que je décidai de rentrer directement à l’hôtel pour me relaxer et réfléchir à cette improbable situation.

Je vivais temporairement dans un petit hôtel près du centre de Nottingham en attendant de trouver un appartement ou une maison pour les miens.

J’avais du mal à m’endormir. J’étais troublé par la situation dans laquelle je me trouvai.
Je décidai d’aller faire un tour à pieds dans les mornes rues de Nottingham. Il était 23h ce mercredi soir. Nottingham sommeillait déjà. Seuls quelques clochards cherchaient un endroit peinard pour cuver leur whisky en paix.

Après une heure à errer sans but, je vis un pub ouvert dans une des petites ruelles que contenait la ville.

« The Nordic Pint ». Le nom me faisait sourire. Le bar était minuscule. Seulement deux tables et un large comptoir.
Des pochetrons habitués jouaient calmement aux cartes. Une chanson de Rod Stewart mettait une ambiance feutrée dans l’air. Le patron, une petit gros chauve d’environ 40 ans nettoyait quelques chopes.
Je pris place au comptoir, commandai une bière fraîche et me perdis dans mes pensées.

Je mettais un pied dans le football professionnel. Moi qui jusqu’à maintenant n’avait été qu’entraîneur de Narbonne en division d’honneur.
J’étais passionné par l’aspect tactique du sport. J’adorais étudier le jeu afin de dérégler l’adversaire.

J’allais découvrir le lendemain les infrastructures du club. J’en connaissais déjà les bases, que Wayne m’exposa la dernière fois qu’il était venu à Cuxac, quelques semaines auparavant.

Revenir en Angleterre, mon pays natal, était à la fois un plaisir et une appréhension.

Je terminai ma 5ème pinte et rentrai mettre un terme à ma somnolence.

Sur le chemin du retour, je me rendis compte que j’avais oublié d’appeler Marie...
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 15:29

Episode 2:

Le lendemain…

Je venais d’effectuer les 18 miles qui séparait Nottingham et Alfreton. Une large 2x2 voies qui commençait à être endommagée. La route avait été déserte. Seules quelques voitures m’avaient permis de me maintenir éveillé. Le soleil commençait à peine à tenter de percer les nuages.

Je m’étais réveillé à l’aube. Je n’avais pas pu dormir énormément, mais c’était suffisant pour me sentir requinqué.

J’arrivai à Alfreton, une petite bourgade de 20.000 âmes. J’avais rendez-vous avec Wayne à 9h. Il était 6h30, j’avais assez de temps devant moi pour aller faire un tour dans la ville. J’abandonnai un instant la Mini sur un parking isolé et m’enfuis me dégourdir quelque peu les jambes.

Alfreton était une petite ville traditionnelle d’Angleterre. Avec ses immeubles en brique rouge qui atténuait quelque peu la grisaille ambiante. Je commençai à repérer les bâtiments et maisons pour me faire des idées quant à ma future résidence avec Marie et Frank.
Je me rappelai que je devais absolument téléphoner à Marie aujourd’hui. Je repoussai encore mon appel pour le déjeuner, afin d’avoir l’esprit libéré.

Même si Alfreton semblait être une paisible cité, j’avais d’étranges pressentiments. Comme si un évènement particulier était sur le point de se produire. Un air nauséabond polluait l’atmosphère. Ce voyage en Angleterre commençait vraiment par d’étranges sensations.

Je m’arrêtai dans un pub à quelques encablures du stade afin d’y boire un café.
« The Reds bar », le troquet officiel du club. Il était déjà 8h15, et je trouvai préférable d’attendre ici, au calme.

Le pub était typiquement une brasserie de supporteur anglais. Bien plus grand que celui que j’avais fréquenté la veille. Au mur, quelques photos d’époque de l’équipe de football.
Après avoir commandé un double noir, je me mis une nouvelle fois à réfléchir. J’étais quelqu’un de profondément posé. Un grand calme qui intériorisait beaucoup.

Cela ne m’empêchait pas de vivre les émotions avec passion, mais ça restait bloqué à l’intérieur. Heureusement, Marie l’avait bien compris. Mieux, elle le ressentait.
J’aimai par exemple rester de longues heures à contempler le bois se consumer dans la cheminée en pensant, à moi, à nous, au monde.

Quand notre relation avait commencé, elle posait pleins de questions. Elle me demandait toujours de lui faire partager mes sentiments. Puis elle comprit, petit à petit. Aujourd’hui, nos liens sont si étroits que seul un regard ou même simplement un geste insignifiant suffit à notre complicité.

Mon attention s’arrêta sur une des photos qui ornaient avec finesse le troquet. Saison 1972/1973. Il me sembla y reconnaître mon père. Il m’avait peu parlé de son passé en Angleterre. Mes parents étaient partis en France en 1973. Ma mère était française. J’avais 1 an.

Ce que je connaissais de cette époque et de ce qui avait précédé était assez trouble dans ma mémoire.
Seulement quelques banalités, mes parents n’ayant jamais été très expansifs sur le sujet.

J’interpellai le serveur en espérant qu’il puisse m’éclaircir quelque peu…

- Excusez-moi… Vous connaissez ce joueur ?

Le serveur s’approcha de la photo.

- Pas bien, vaudrait mieux demander à l’Ancien… Hé l’Ancien, viens vois par là !

Un vieil homme qui paraissait au moins un siècle sortit de la porte derrière le comptoir. Petit, marqué par la vie, il s’approcha doucement et prit place à une table près de moi.

- L’étranger a des questions au sujet de la photo, reprit le serveur…

- Bonjour Monsieur, est-ce que par hasard vous connaissez ce joueur ?, demandai-je timidement en montrant du doigt le mystérieux visage.
- Ah ! Le dragon rouge ! murmura l’ancien
- Le dragon rouge ?, repris-je, étonné. Vous connaissez son nom ?
- Mark O’Sullivan. Un formidable joueur. La plus grande saison de l’histoire du club. Il a disparu sans laisser de traces juste après les incidents… Vous le connaissez ?

Il s’agissait bien de mon père. Je sentais bien que l’Ancien allait m’en apprendre énormément sur l’histoire de ma famille.

- Non, pas du tout mais son visage me semblait familier… répondis-je. Que voulez-vous dire par « incidents » ?
- En 1973, dernier match de la saison, une bagarre entre supporteurs fanatiques, 2 morts dont une petite fille prise dans la tourmente. La fille du dragon rouge…

J’étais stupéfait. Ce qui venait de sortir de la bouche de l’Ancien était une véritable onde de choc. J’aurais eu une sœur, morte dans un accident… Ici, dans le stade où j’allais débuter ma carrière de coach… Mon père avait été un grand joueur du club…Il y avait donc une partie de ma vie qui m’avait été cachée.

Cette aventure semblait vraiment curieuse. Entre les mystères de Wayne la veille, les révélations de l’Ancien aujourd’hui, chaque rencontre m’apportait son lot de sensation.
J’étais mal à l’aise…

Y’avait-il une connexion entre ma présence ici et les incidents du passé ? Pourquoi mon père m’avait t’il conseillé à Wayne ? Pour que je découvre enfin mon histoire ? Pourquoi ne m’en avait-il jamais parlé ? Wayne connaissait-il ses évènements ?

Ca faisait beaucoup trop de questions. Je décidai cependant de ne pas brusquer le cours des choses et de faire pour le moment comme si de rien n’était.
Je préférai mener mon enquête discrètement de peur que tout s’effondre. Je saluai l’Ancien et partis rejoindre le stade pour le rendez-vous…

Je m’approchai petit à petit du stade : « The Impact Arena ». Il était 08h45. C’était un petit stade. S’y dégageait une ambiance intimiste et presque familiale. Ca devenait rare, même à ce niveau-là.

Les grilles de l’entrée étaient fermées. Quelques gamins jouaient déjà au ballon dans la rue. J’improvisai quelques jongles et passes avec eux. Ils avaient l’air heureux. Ca me faisait du bien.

Wayne était en retard. Il était bientôt 9h30 et je ne voyais toujours personne à l’horizon.

Je gambergeai. Tout ce qui m’était arrivé ces dernières 12 heures me semblait surréaliste…
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 15:29

Episode 3:

Wayne Bradley arriva vers 09h45, détendu, surpris de me voir.

« Hé Chris, t’es en avance ! » m’avait t’il lancé. Etait-ce cela le flegme britannique ? Wayne était convaincu de m’avoir donné rendez-vous à 10h.

Les joueurs et le staff arrivèrent peu à peu.
Wayne me présenta personnellement à mes assistants. Ils n’étaient que trois. Keith Marple, adjoint, Mark Nangle, préparateur et Terry Driver, kiné. C’était un peu léger, mais j’allais devoir apprendre à m’en contenter.

Tout le monde était réuni dans la salle de réunion du club. Celle-ci faisait office de bar, restaurant, siège social, et permettait d’organiser tout événement nécessitant de la place.

Je pris position sur l’estrade en bois improvisée. Wayne me présenta brièvement à la vingtaine de joueurs présents. J’avais préparé un petit speech pour me présenter et poser les bases de mon travail.
Je pris la parole.
Je leur expliquai brièvement mes ambitions et mes volontés. Quelles étaient les valeurs que je prônais. Et les règles de vie commune qu’il convenait de respecter.

Une trentaine de minutes plus tard, je terminai la visite des installations du club. Un petit stade, de petites infrastructures, mais ça m’enthousiasmait énormément..

2 jours plus tard…

8 heures. J’étais en pleine forme. J’avais passé mon vendredi à me vider la tête. J’avais tranquillement prospecté les logements à Nottingham. Et surtout j’avais longuement parlé avec Marie et Frank. Ils allaient me rejoindre en début de semaine. J’étais impatient.
Je leur avais caché mes inquiétudes et les révélations que j’avais apprises en arrivant ici. Je préférai les laisser au secret pendant quelques temps afin de les préserver.

Le staff me présentait brièvement les joueurs que j’aurai à disposition. On allait devoir cravacher, étant donner la qualité intrinsèque de mon équipe.

Shaun Bodkin, GB, 26 ans. Un monstre physique. Je voudrais pas me brouiller avec lui. Bon dans les dégagements, mais faible en sorties en tout genre. Devrait être 3ème gardien et encadrer le jeune Sutcliffe.

Jamie Green, GB, 19 ans. La 4ème roue de secours des gardiens. Peu d’avenir dans le football professionnel. Il restera dans l’effectif à moins qu’un club me fasse une proposition.

James Lindley, GB, 25 ans. Un gardien moyen mais expérimenté. Devra confirmer durant les amicaux qu’il est bien le N°1. Rien de sur, ça pousse derrière, la moindre erreur ne lui sera pas pardonnée.

Kyle Sutcliffe, GB, 19 ans. Le jeune qui monte. Part pour être N°2. Mais j’ai des doutes sur mes gardiens. Les amicaux pourraient bouleverser la hiérarchie en sa faveur.

Mark Barnard, 31 ans, D GC. Un des meilleurs joueurs du club. Capitaine en puissance. Il devra amener son expérience dans la défense. Sa polyvalence sera un atout.

Tommy Hannigan, 19 ans, D DC. Un bon jeune correct, le seul latéral droit de l’équipe. Je ne sais pas s’il pourra assumer autant de responsabilités. J’envisage d’engager un défenseur droit plus aguerri.

Dave Cockerill, 20 ans, D G. Une solution de réserve à gauche. Mais étant donné le manque à ce poste, il pourrait s’avérer être très utile. Faire le point avec lui après les amicaux.

Kyle McFadzean, 20 ans, D C. Très rapide pour un joueur de Blue Square, titulaire en puissance dans l’axe. Malheureusement blessé pour un mois. J’espère qu’il se rétablira plus rapidement.

Matt Wilson, 20 ans, DC MD. Sa polyvalence devrait en faire un bon joker. Plutôt défenseur que milieu, il semble être un joueur intéressant, mais comme pour beaucoup, il devra prouver sur le terrain.

Laurie Wilson, 22 ans, M DC. La star de l’équipe selon mon adjoint. Je l’utiliserai dans l’axe, milieu relayeur. Ne doit pas se sentir privilégié car il a les faveurs de Marple.

Callum Flanagan, 19 ans, M GC. Aura du mal à s’imposer. Néanmoins, je pars sans aucun à priori à son sujet. Il est encore jeune et j’aurai certainement besoin de lui au cours de la saison.

Anton Brown, 20 ans, M C . Peu d’avenir dans le football professionnel pour lui. Faudrait un cataclysme pour qu’il joue. A confirmer après les amicaux, mais il semble avoir une longueur de retard par rapport aux autres.

Shaun Doxey, 22 ans, M C. Marple m’en dit que du bien. Je doute un peu, il va falloir qu’il gagne sa place au milieu, secteur où la concurrence sera la plus rude. J’attends.

Scott Ellis, 19 ans, MO DG. Un joueur phénoménal. Devrait illuminer le milieu de terrain. Plutôt droitier, c’est un joueur qui a de l’avenir à un niveau supérieur. En espérant qu’il soit pas trop courtisé.

Messiah McDonald, 18 ans, MO D. Le plus jeune de l’effectif. Mais il ne semble pas avoir le niveau. A tester néanmoins pour voir comment il progressera. J’envisage de le prêter une saison.

Matt Outram, 25 ans, MO DG BT. Expérimenté, je compte sur lui pour aider les jeunes. Il est polyvalent, et c’est toujours précieux d’avoir ce genre de joueurs dans son effectif.

Kris Bowler, 24 ans, MO GC. Très lent mais techniquement au dessus des autres. Ca ne fait pas de lui un titulaire indéboulonnable. Mais son toucher de balle pourrait s’avérer précieux dans certaines circonstances.

Chris Walton, 23 ans, MO C. Techniquement trop faible pour son poste. Devrait bien connaître les tribunes. Je lui donnerai sa chance durant les amicaux, mais je pense qu’il est candidat à la liste des transferts.

Matt Glass, 19 ans, A C. Petit, assez rapide, il devrait entrer dans la rotation. Sa vivacité pourrait nous être précieuse et compenser le manque de vitesse de l’effectif. Devra néanmoins prouver à l’entraînement.

Brian Cusworth, 27 ans, BT. Grand mais lent, un bon jeu de tête du à sa taille. Je ne sais pas trop quoi en penser. Le jeu de l’équipe ne devrait pas convenir à ses qualités. Joker.

Mark Nangle, 38 ans, BT. Préparateur physique, il taquine encore un peu le ballon mais semble fatigué. Devrait jouer qu’en cas de cataclysme chez les attaquants. A moins que…

Scott Rickards, 25 ans, BT. Le meilleur devant. Ce qui ne veut pas dire qu’il est extraordinaire. Mais il devrait nous planter quelques buts dans la saison. Sera titulaire pour commencer.

Andy Tiday, 28 ans, BT. Blessé pour 8 mois. Ne jouera sans doute plus sous nos couleurs. Tiendra la buvette en attendant d’être remis. Je compte sur un état d’esprit irréprochable de sa part.

L’effectif était assez fourni en quantité mais très léger en qualité. La saison de Blue Square North allait être très longue.
Je notai sur mon petit calepin une ébauche de formation afin de voir quels étaient les postes à pourvoir. Le problème était principalement défensif.
Mon système de base allait être un 4-4-2 classique, modulable selon les circonstances...
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 15:30

Episode 4:

Un mois plus tard…

Le temps était passé furtivement. Les journées avaient défilé à vitesse grand V.
J’avais été très occupé. Entre la vie quotidienne du club, l’installation dans le nouvel appartement avec Marie et Frank et l’adaptation à la vie anglaise, je n’avais pas eu une seule seconde de répit.
Sans oublier ma discrète enquête sur les mystères paternels…

Marie et Frank m’avaient rejoint quelques jours seulement après mon intronisation à la tête du Alfreton Town FC.
Nous avions emménagé dans un coquet appartement proche de Wollaton Park. J’avais besoin de cette verdure pour m’évader de l’air fumeux de la ville.
Nous en profitions pour nous balader régulièrement avec Marie et Frank.

J’avais épousé Marie 6 ans auparavant. Nous nous étions connus à l’université de Toulouse. Nous suivions le même cursus de kinésithérapie. Frank était né quelques mois plus tard.

Nous nous adaptions tant bien que mal à la grisaille et au brouillard anglais.
Marie avait passé une partie de sa jeunesse dans les quartiers populaires de Maubeuge, elle retrouvait dans cette région quelques similitudes.

Elle passait ses journées en parfaite mère au foyer. Elle donnait aussi un coup de main au club bénévolement. Ses qualités de kiné nous apportaient beaucoup. Si le club se développait, elle pourrait envisager de s’y faire embaucher.

De mon coté, j’avais profité du quelque temps libre qu’il m’était resté pour commencer mes investigations sur le passé de mon père en Angleterre.

J’avais passé de longues heures au bar des Reds à discuter avec l’Ancien.
Il avait rapidement compris mon lien de parenté avec Le dragon rouge, et m’avait expliqué avec passion l’histoire du club.

Mon père était irlandais. Il jouait attaquant dans un club amateur de troisième division près de Galway. Il était commercial en matériel de plomberie, ses pauvres primes de match ne lui permettant pas de vivre décemment.
Il avait eu l’opportunité professionnelle de s’évader en Angleterre, à Nottingham, en 1972. Il avait voulu poursuivre le football, avait pris une licence à Alfreton, qui végétait alors dans les profondeurs des ligues mineures anglaises.

Bien lui en avait pris, il avait terminé meilleur buteur du championnat et était devenu l’idole de tout un club.

Il s’épanouissait avec Isabelle, une française rencontrée en Irlande quelques années plus tôt. Elle était venue poursuivre ses études à la National University of Ireland à Galway.
Ils avaient une fille, Susan, née en 1967.
J’étais né le 12 janvier 1973 au Morton Hospital d’Alfreton.

Toute la famille avait quitté l’Angleterre après la mort accidentelle de Susan le 17 mai 1973.

L’Ancien m’avait raconté en détail les évènements qui avaient provoqué l’accident qui coûta la vie à ma sœur. Il était à l’époque le gardien du stade et assistait à toutes les rencontres.

« C’était le dernier match de la saison. On recevait nos vieux rivaux de Matlock, un petit bled de 10.000 habitants situé à 8 miles d’ici. A chaque fois qu’on les rencontrait, c’était l’effervescence, le match de l’année en quelque sorte.
A cette époque-là, y’avait quelques jeunes fanatiques qui venaient au stade pour boire des canons. Ils étaient une vingtaine, ils encourageaient l’équipe à fond, ils étaient pas foncièrement méchants, mais quand on les provoquait, ils avaient de la répartie. Tu parles, avec les litres qu’ils s’enfilaient, bien normal.
Ce jour-là, ça chauffait un peu avec les supporteurs de Matlock qui étaient à l’autre bout de la tribune. Des provocations verbales, des insultes. Ton père faisait son show sur le terrain, comme d’habitude, et ça énervait le camp adverse qui arrivait pas à le neutraliser.
Après une provocation de trop, les gars de Matlock se sont jetés sur les nôtres.
Une grosse bousculade s’ensuivit, la petite Susan, qui restait près de sa mère, s’était faite surprendre et s’est retrouvée piétinée et bientôt étouffée. Un vieux qui traînait par là s’était fait projeter à terre et ne s’était jamais relevé.
Le match a été interrompu.
Personne n’a payé, quelques supporteurs ont passé quelques heures au poste, mais aucune responsabilité n’avait été établie. C’était y’a presque 35 ans, y’avait encore moins de justice à cette époque.
Les O’Sullivan quittaient l’Angleterre une semaine plus tard. »

Je tombais des nues. J’avais le sentiment que ma propre vie était une illusion. Que tout était faussé. L’Ancien avait raconté une partie de moi-même qui m’était inconnue jusque là.

Il ne m’avait toutefois pas raconté tout ce qu’il savait. Il semblait avoir peur. De quoi ? De qui ? Impossible à deviner. Il n’avait pu m’en dire plus, tout le monde à Alfreton ayant cherché à oublier ces incidents par la suite.
Le sujet était presque devenu tabou dans la région.

L’Ancien m’avait toutefois conseillé la prudence, quelqu’un qui voulait rouvrir les plaies du passé pourrait être violemment ressenti en ville.
Je lui promis d’être discret au possible.
J’avais lié avec lui une relation de confiance avec lui. Je le respectais énormément. Il m’estimait beaucoup.

Il m’avait néanmoins présenté à sa petite fille, Sara Turner. Elle était journaliste au Derby Evening Telegraph et pouvait avoir accès à des informations confidentielles.

Sara avait 35 ans. Un joli petit minois, une élégance naturelle dans la démarche et une dextérité mentale exceptionnelle. J’avais même eu la folie d’imaginer un instant que…non, c’était impossible, je tenais trop Marie pour cela…

Sara était d’une gentillesse extrême. Et elle avait des idéaux de justice et cette soif de vérité que seuls les êtres purs possèdent.
Née à Derby, elle avait fait de brillantes études à la prestigieuse école de journalisme de Londres. Son diplôme en poche, elle avait préféré revenir aux sources auprès de sa mère malade.
Elle n’avait plus quitté le Derbyshire, se déplaçant parfois au fin fond de l’Angleterre pour mener à bien ses enquêtes.

Elle était spécialisée dans tout et rien. Des scandales financiers aux crimes passionnels, dès qu’elle sentait un sujet un peu complexe à démêler, elle fonçait avec courage et passion.
Sara avait du partir quelques temps à Londres pour le boulot. Elle promit toutefois de m’aider dans mes recherches dès son retour…

Tous les soirs, durant cette période, en attendant d’avoir plus d’informations sur mon passé, j’avais pris l’habitude de marcher le soir dans Wollaton Park.
Je me posais de multiples questions. Mes parents m’avaient caché un élément essentiel de mon existence. Et s’ils renfermaient d’autres secrets encore plus sombres ? Mon imagination était très fertile, j’avais le sentiment d’en devenir fou. Il fallait que je trouve des réponses.

J’avais hésité un instant d’en parler à mon père. Son silence jusque là me choquait au plus haut point.
Mais j’étais convaincu que je n’étais pas au bout de mes surprises et j’avais préféré jouer en solitaire…

J’avais toutefois décidé après un mois passé en Angleterre de parler à Marie. Pour vomir toute cette rancœur qui me tenait les intestins. J’avais bien senti qu’elle commençait à être intriguée par mon comportement de plus en plus étrange.

Elle avait été émue. Elle m’avait enlacé. Nous étions unis...
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 15:30

Episode 5:

Ca faisait un mois que j’avais pris en main l’équipe. Nous avions disputé 5 matchs amicaux, tous à domicile, face à de faibles équipes de divisions inférieures.
Ces matchs m’avaient permis de tirer de grands enseignements en vue de la saison à venir.

Nous avions tout d’abord reçu à « The Impact Arena » la petite équipe de Fleetwood. Ca avait été un peu l’inconnu pour moi. J’avais décidé d’aligner l’équipe qui me semblait la plus compétitive au vu des premiers entraînements.
Et ce fut un semi-échec. Nous avions perdu certes, mais avions réalisé une bonne première mi-temps qui laissait entrevoir de l’espoir.
La grosse déception était venue de Lindley, coupable de grossières erreurs sur certains buts. Je l’avais pourtant prévenu que j’allais être intransigeant à son sujet.
Cusworth prit un coup au genou, et allait être absent 2 semaines environ.

14 juillet 2007 : The Impact Arena

Alfreton - Fleetwood 2-4 (2-1)

(Rickards 22, L.Wilson 36) (Foster 5, Deeney 49, Bell 63, Milligan 83)


Alfreton : Lindley – Hannigan, M.Wilson, Barnard, Cockerill – Ellis, L.Wilson, Doxey, Bowler – Rickards, Glass.
Remplacements : Flanagan (Bowler) 53, McDonald (Ellis) 64, Brown (Doxey) 64, Cusworth (Glass 64), Walton (L.Wilson) 79, Outram (Rickards) 79

Cinq jours plus tard, nous avions reçu l’équipe de Welling, équipe de Blue Square South, donc théoriquement au même niveau que nous. J’avais choisi de donner directement sa chance au jeune Sutcliffe dans les buts, le pauvre Lindley ayant été sanctionné pour son match catastrophique.
J’avais entre temps recruté un latéral droit, Billy Kirkpatrick, un écossais de 26 ans sans contrat, afin de concurrencer Hannigan.
Nous avions également signé un accord de coopération avec Derby, club de Premier League, afin qu’ils nous envoient leurs jeunes joueurs s’aguerrir.
Le premier à nous avoir rejoint avait été Lee Holmes, 20 ans, ailier gauche. Un joueur phénoménal, qui allait sans doute se balader tellement il était au dessus des autres.
J’avais choisi de titulariser mes 2 recrues, afin de les jauger sur le terrain.
Le match fut une démonstration, Holmes avait fait éclater tout son talent, étant à créditer de 3 passes décisives. Rickards avait signé un hat-trick qui confirmait les petits espoirs que j’avais placés en lui.
Pour sa part, Sutcliffe avait réussi des arrêts déterminants. Il était entrain de gagner ses galons de titulaire.

19 juillet 2007 : The Impact Arena

Alfreton - Welling 5-0 (3-0)

(Walton 21, Rickards 38, 56, 79 Glass 45)


Alfreton : Sutcliffe – Kirkpatrick, M.Wilson, Barnard, Cockerill – Ellis, Brown, Walton, Holmes – Rickards, Glass.
Remplacements : L.Wilson (Brown) 66, Outram (Glass) 66, Hannigan (Kirkpatrick) 76, Bowler (Holmes) 76, Flanagan (Walton) 76, McDonald (Ellis) 76

Le président Bradley avait du faire le forcing auprès de Derby afin qu’ils nous prêtent d’autres joueurs.
Et il y était parvenu.
Nous avions enregistré les arrivées de Mitchell Hanson, latéral droit de 18 ans, qui allait être le N°1 du poste. Et également celle de Miles Addison, défenseur central de 18 ans également, qui était un garçon plein d’avenir et avec des capacités largement supérieures à mes joueurs actuels.
Pour le match face aux gallois de Llangefni, je les avais titularisé tous les deux, tout en faisant tourner mon milieu de terrain.
Le match avait été très satisfaisant, nous prenions nos marques, et l’équipe montait en puissance en proposant un jeu agréable.
Sutcliffe avait définitivement gagné sa place dans l’équipe.

23 juillet 2007 : The Impact Arena

Alfreton – Llangefni (WAL) 3-1 (2-0)

(Flanagan 30, Hanson 40, Outram 81) (Gwynedd 75)


Alfreton : Sutcliffe – Hanson, Addison, Barnard, Cockerill – Mc Donald, L.Wilson, Flanagan, Holmes – Rickards, Glass.
Remplacements : Outram (Glass) 63, Ellis (McDonald) 63, Brown (L.Wilson) 63, Hannigan (Cockerill) 76, Kirkpatrick (Hanson) 76, M.Wilson (Addison) 76, Doxey (Flanagan) 76, Bowler (Holmes) 76

Pour le match suivant, j’avais décidé de poursuivre un peu ma rotation. Et ça m’avait permis de constater que nous étions un peu légers en effectif concernant les attaquants. Il allait donc encore une fois falloir quémander du côté de Derby.
On s’était néanmoins encore imposé facilement, Rickards se mettant en confiance avant le début du championnat.

27 juillet 2007 : The Impact Arena

Alfreton - Whitby 3-0 (3-0)

(Rickards 18, 22 Outram 35)


Alfreton : Sutcliffe – Kirkpatrick, Addison, Barnard, Cockerill – Ellis, Doxey, Walton, Bowler – Rickards, Outram.
Remplacements : Hanson (Kirpatrick) 64, Brown (Walton) 64, Holmes (Bowler) 64, M.Wilson (Cockerill) 73, L.Wilson (Doxey) 73, Glass (Outram) 73, Cusworth (Rickards) 73

Et le dernier match de préparation était arrivé. J’avais choisi d’aligner ce qui allait ressembler à mon équipe-type de début de saison. J’avais seulement tenté l’expérience Barnard à gauche de la défense et M.Wilson dans l’axe. C’était ma seule incertitude, j’avais encore quelques doutes sur les capacités de Cockerill à tenir la baraque.
On s’était imposé dans la douleur, mais j’étais néanmoins satisfait de la performance de mes troupes. On sortait d’une période assez intensive d’entraînement et de matchs, les organismes n’étaient pas des plus frais.

1er août 2007 : The Impact Arena

Alfreton – Airbus (WAL) 3-1 (1-0)

(Flanagan 16, Outram 78, Holmes 87) (Williams 90)


Alfreton : Sutcliffe – Hanson, M.Wilson, Addison, Barnard – Ellis, L.Wilson, Flanagan, Holmes – Rickards, Glass
Remplacements : Doxey (Flanagan) 61, Outram (Ellis) 61 Kirkpatrick (Hanson) 73, Cusworth (Rickards) 73

Il nous restait 10 jours pour récupérer et mettre au point les derniers réglages.
Nous nous déplacions à Leigh, ville de 45 000 habitants située entre Manchester et Wigan. Ca nous faisait un trajet d’environ 100 miles, ce qui n’était pas rien. Leigh Railway Mechanics Institute était un des favoris pour la relégation, mais nous n’étions guère mieux lotis.
Il s’agissait donc d’aborder ce match avec prudence et pugnacité.
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 15:30

Episode 6:

L’inspecteur Lawrie Pemberton fut réveillé en sursaut à 5h. Il avait l’habitude. Ca faisait bientôt 25 ans que ses nuits étaient fractionnées. Putain de boulot. La passion prenait le pas sur la santé. Mais il s’en foutait, c’était sa vocation.

Lawrie était inspecteur-chef de la police de Derby. Il approchait les 50 piges, et finissait sa carrière dans ce trou de chiottes, comme il le définissait lui-même.

C’était pourtant un flic brillant. Il avait fait quasi toute sa carrière à Scotland Yard. Mais il avait ses méthodes, pas très orthodoxes, et il picolait un peu. Ca a fini par exaspérer la hiérarchie.
Ca faisait un peu moins de deux ans qu’il avait été muté dans le Derbyshire. Un placard doré, le comté étant le plus paisible d’Angleterre. Pour un ancien cador de la criminelle, ça lui foutait les boules. Il s’emmerdait.

Ce coup de téléphone lui annonçait qu’il était l’heure d’aller au turbin. On avait retrouvé un corps décédé, près de Preston Avenue à Alfreton. Ca ressemblait fort à un meurtre d’après ce qu’on lui avait dit.
Enfin du vrai boulot, se disait-il.

Il s’enfila rapidement un reste de café froid qui traînait sur la gazinière. La Mondeo de fonction démarra en trombe. Les pneus crissaient dans les virages. Ca mettait un peu de vie dans la nuit moite d’Alfreton.

En moins de dix minutes, il arriva sur les lieux. Quelques badauds traînaient sagement, sans doute des vieux réveillés par le bruit inhabituel en bas de leur immeuble.
Deux flics en uniforme attendaient patiemment. Le cordon de sécurité avait été dressé en hâte.

L’inspecteur Pemberton demanda un point de la situation :

- Alors, qu’est-ce qu’on a ?
- C’est pas joli à voir, inspecteur, répondit un des plantons.
- Un cadavre, c’est jamais agréable, répliqua Pemberton.
- Mais celui-là est particulier. On n’en voit même pas à la télé.
- Qui a découvert le corps ?
- Un vieil insomniaque qui promenait son chien.
- Ok, montrez-moi le corps et interrogez le témoin. Notez tous les détails.
- Bien inspecteur.

Ils franchirent le cordon de sécurité. Le macchabée avait été retrouvé sur une petite place, entourée de garages.

Pemberton s’approcha du corps. En effet, c’était pas joli à voir. Le visage avait été mutilé. On aurait dit qu’il avait été comme lacéré. Impossible à identifier.

- Harry est en route ? demanda Pemberton à l’autre flic.
- Il devrait pas tarder, on l’a joint en même temps que vous.
- Il mettra toujours un quart d’heure de plus que moi, ce vieux briscard.

Harry Walsh était le vieux légiste du comté. La soixantaine bedonnante, il attendait patiemment la retraite après plus de 30 ans de carrière à Derby. Il n’avait pas grand boulot ici, les cadavres étaient plutôt rares. Il donnait parfois un coup de main aux collègues des comtés voisins.

Harry arriva quelques minutes plus tard. L’aube faisait péniblement son apparition. On commençait à distinguer un peu mieux l’environnement autour du corps.

L’homme qui gisait était dans une posture peu banale.
Une mise en scène, pensa tout haut Pemberton.

Le corps était en position assise. La tête reposait contre le mur. Les bras étaient méticuleusement repliés sur le ventre et les jambes légèrement écartées.
Les vêtements étaient en lambeaux. Un jean gris déchiré et une chemisette vert kaki de mauvais goût largement ouverte.
Il était pieds nus, les chaussures, des mocassins bas de gamme, étaient déployées quelques mètres à la ronde.

Outre le visage mutilé, l’homme avait une flèche plantée en plein cœur. Elle avait servi pour maintenir un bout de papier chiffonné.
S’il avait voulu s’accrocher à la vie, c’était soudain devenu plus compliqué.

- Alors, vieux, qu’est-ce que tu peux me dire ? demanda Pemberton au légiste
- Que veux-tu savoir ? répondit sournoisement Harry.
- Où, quand, comment ?
- Où ? Pas ici, c’est quasi sûr. Quand ? Entre hier et ce matin. Comment ? Difficile à dire, les causes de la mort peuvent être multiples.
- Fais chauffer le carbu, et donne-moi rapidement des réponses précises.
- J’en saurai plus quand je l’aurai autopsié. Tu en seras le premier informé.

Aucune flaque de sang autour du mort. Ca indiquait clairement qu’il avait été tué ailleurs, et qu’on avait déplacé le corps jusque là.

Pemberton fit un petit tour afin de repérer quelques indices pendant que le légiste prenait les dernières photos.
Il repéra un passage entre deux box. Celui-ci menait à la route. A terre, un bout de vêtement ensanglanté.
Il essaya de retrouver quelques indications sur le bitume.
On a du l’amener ici en voiture, réfléchit-il.
Mais pas vraiment de pistes concrètes. Pemberton scruta le sol avec minutie mais il ne trouva absolument rien.

Il retourna vers le vieux Harry :

- T ‘as quelque chose qui pourrait me faire avancer ?
- Possible.
- Vas-y, dégaine.
- Un portefeuille dans sa poche droite, et ce bout de papier. Tu le récupéreras quand j’aurais retiré la flèche.

Pemberton prit le passeport. Il s’agissait d’un certain Robert Mitchell.
Pas grand chose à se mettre sous la dent en dehors de la paperasse habituelle que pouvait contenir un portefeuille. Quelques billets de train en direction de Manchester, une vingtaine de livres, c’était peu.

Pemberton fut pris soudain d’un doute. La photo sur le passeport n’avait qu’une ressemblance lointaine avec le cadavre à terre, bien que son visage soit difficilement identifiable.

- Je veux que tu me confirmes son identité une fois au labo.
- Pas de problème mon cher. Ca devrait aller assez vite.
- Allez, on embarque le corps.

Une ambulance était arrivée. Ses lumières tournoyantes enjolivaient le triste tableau. Pemberton retourna voir les deux plantons qui avaient interrogé le voisinage.

- Alors, du neuf ?
- Rien d’extraordinaire, inspecteur, dit l’un des flics. Le vieux promenait son chien, tous les jours le même circuit. Il a repéré le corps. Et il nous a appelés.
- Les gens n’ont rien entendu de suspect cette nuit, ajouta son collègue.
- Restez encore un moment à surveiller les lieux. J’enverrai une équipe pour rechercher des indices dès qu’on y verra plus clair.

Pemberton et Walsh se retrouvèrent tous les deux à la salle d’autopsie, dans les locaux de la police de Derby.
Il était bientôt 06h30, et l’agitation commençait à peine à se faire sentir en ville.

Ils commencèrent par retirer la flèche plantée dans le cœur du pauvre bonhomme. Pemberton prit le bout de papelard.
Il lut à haute voix ce qui était inscrit:

« #1 Think and you’ll find #2 »

- On dirait que cela ne fait que commencer, susurra Walsh avec perspicacité et dépit.
- Il veut jouer, rétorqua Pemberton, irrité. Et bien, jouons ! Tiens-moi au courant de tes conclusions. Je retourne sur les lieux…

Le légiste n’eut pas le temps de dire un mot de plus. La porte du labo avait claqué, Pemberton était déjà loin.

Je sens la fin de carrière prometteuse, se dit Walsh en préparant ses outils…
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 15:31

Episode 7:

Nous étions dans le bus qui nous menaient à Leigh, afin d’y disputer notre premier match de la saison en Blue Square North.
J’avais emmené tous mes joueurs à l’exception des indisponibles : McFadzean, toujours légèrement blessé, Rickards, notre buteur vedette qui traînait une suspension de la saison précédente et enfin Walton, grippé, qui avait pris quelques jours afin de rejoindre son père mourant à Leeds.

Sara Turner, la petite-fille de l’Ancien du bar des Reds, avait également pris place à bord avec l’équipe. Elle avait obtenu de ses supérieurs d’être la journaliste officielle d’Alfreton Town.
Elle était rentrée de Londres quelques jours auparavant et allait se consacrer à l’équipe et à m’aider pour mes investigations personnelles.
Celles-ci n’avaient pas avancé d’un pouce. J’étais trop occuper avec le football, mais ça trottait toujours dans un coin de ma tête.

J’étais placé à l’avant du bus. Je lisais le Derby Evening Telegraph. Sara avait fait un article sur le club, ainsi qu’une interview de son nouveau coach venu d’ailleurs. C’est à dire moi.
En me relisant, je me rendis compte des banalités que j’avais pu énoncer.

Chris O’Sullivan, ça va faire un mois que vous êtes à la tête d’Alfreton Town, comment s’est passé votre intégration ?
Tout se passe parfaitement. J’ai été très bien accueilli par l’entourage du club, les joueurs, le staff. Ils adhèrent tous à mon projet et c’est très bien. Concernant la région, j’aime beaucoup le Derbyshire, c’est vraiment un endroit sympathique. J’espère m’installer durablement ici.
Comment jugez-vous l’équipe ? Etes-vous satisfait des matchs amicaux de préparation ?
Je suis très satisfait du niveau de jeu montré par l’équipe durant la préparation. Les quelques recrues se sont bien intégrées au système. Je pense que nous allons pouvoir réaliser de belles choses cette saison. L’effectif est solide, même si quelques postes restent friables. J’espère simplement que l’on sera épargnés par les blessures. Certains joueurs sont entrain de se révéler indispensables. Mais je suis confiant.
Parlez-nous un peu de vous… Qui êtes-vous, d’où venez-vous ?
Je suis né ici à Alfreton. Je n’y suis malheureusement pas laissé longtemps. En 1973, mes parents s’installèrent en France. Je suis kiné de profession, entraîneur amateur depuis presque toujours. Je suis quelqu’un de déterminé, avec des valeurs fortes comme le respect, la volonté. Je pense que la travail vaut mieux que les longs discours.
Vous êtes le fils d’un des plus grands joueurs que le club ait connu : Mark O’Sullivan. Pensez-vous que cela vous aidera pour votre réussite ?
Je ne vis pas avec le passé. Peut-être que le fait que mon père soit respecté ici a joué dans le fait que je sois accepté plus facilement. Mais je n’ai toujours pas parlé avec lui de mon retour à Alfreton. Mais je sais que si j’ai besoin de conseils, il sera là pour m’aider.
Que peux t’on vous souhaiter pour ce premier match de la saison à Leigh ?
Ramener un point serait une belle performance. Rickards est suspendu, il va falloir trouver la faille offensivement. Mais j’ai confiance dans les capacités de mon groupe. Ce match donnera déjà de bonnes indications sur les ambitions que nous pourrons avoir cette saison.

Le trajet se déroulait sereinement. L’ambiance dans le bus était des plus calme. Je sentais les joueurs concentrés. Ils étaient prêts.

J’avais entamé une discussion avec Sara au sujet de mes tracasseries paternelles. Elle m’avait expliqué qu’il existait des archives sur cette époque, mais qu’elle ne savait pas où elles pouvaient être entreposées.
Elle était néanmoins confiante, sa position de journaliste lui ayant offert de multiples relations dans différents milieux.
Elle savait qu’elle prenait un risque en ressortant une affaire vieille de plus de trente ans. Mais elle s’en foutait. L’intégrité avant tout…

Nous arrivions enfin à Leigh.

Nous étions en avance. Nous avions pris nos quartiers tranquillement. J’admirai le silence quasi continu des joueurs. Seules quelques messes basses venaient troubler leur concentration.
J’allais annoncer l’équipe qui débuterait le match. J’avais choisi de le faire au dernier moment, afin de maintenir toute l’équipe concernée.

Une nouvelle tête faisait son apparition dans l’effectif. Nous avions en effet recruter à la dernière minute un attaquant supplémentaire. Il s’agissait de Emile Sinclair, 19 ans, prêté par Nottingham Forest.
Le club de Derby n’avait pas à sa disposition d’attaquants prêts à nous rejoindre, c’est pourquoi nous nous étions tournés vers notre autre voisin.

Wayne Bradley avait également quelques relations là-bas. Son business, une société d’import-export était implanté à Nottingham, et il connaissait du monde.

Le vestiaire visiteur du Hilton Park de Leigh était agréable. Pas très grand, mais tout en bois. On se serait cru dans un chalet de montagne l’espace de quelques instants. Mais il suffisait de jeter un œil par les fenêtres pour se prouver le contraire.

Je procédai à la remise des maillots pour le match. Sur un ton un peu solennel, je distribuai les précieux sésames aux joueurs qui allaient être inscrits sur la feuille de match.

1.Sutcliffe 2.Hanson 3.Cockerill 4.Addison 5.Barnard © 6.Flanagan 7.Holmes 8.Ellis 9.Sinclair 10.L.Wilson 11.Glass 12.Hannigan 13.Doxey 14.Outram 15.Cusworth 16.Lindley

J’avais choisi de titulariser Sinclair, qui semblait être en forme, et qui pouvait nous apporter énormément. J’avais toutefois longuement hésiter à faire jouer Outram, qui avait réalisé de bons matchs de préparation. Mais sa polyvalence nous serait plus utile sur le banc.

On avait bien commencé dans le match.
Et dès la 16ème minute, Addison trouvait Glass sur une longue ouverture côté gauche. Celui-ci prenait de vitesse toute la défense pour ouvrir le score d’une frappe enroulée sous la barre. 0-1 (16ème)
Nous étions entrés dans le match de la meilleure des manières. Nous dominions, en proposant un jeu propre et bien huilé. Mais à la 27ème minute, un ballon était intercepté au milieu de terrain et transmis en profondeur vers Filipek, qui prenait toute la défense à revers et gagna son duel avec Sutcliffe. 1-1 (27ème)
C’était un coup dur, on maîtrisait le match, et on se faisait prendre en contre.
Les joueurs de Leigh reprirent confiance, et se créèrent alors quelques occasions dangereuses.
Mais à la 40ème, Ellis fut bousculé dans la surface. Holmes prenait à contre-pied le gardien adverse pour nous redonner l’avantage. 1-2 (pen 40ème)
J’étais globalement satisfait de mes joueurs. Mais à la mi-temps, je ne manquais pas de leur dire d’attaquer fort afin d’enfoncer le clou et de se mettre à l’abri.

Et ils m’écoutèrent. A la 47ème, il se produisit exactement la même action que sur le premier but. Addison lançait à nouveau Glass de loin, et celui-ci marquait dune frappe puissante. 1-3 (47ème)
Il ne nous restait plus qu’à gérer le match.
Ce que nous fîmes à merveille. Et à la 70ème, le sort était scellé, Sinclair frappait de loin sur la barre, Holmes à l’affût marquait dans le but vide. 1-4 (70ème)
Ce premier match apportait son lot de satisfaction.
J’étais heureux.

11 août 2007 : Hilton Park, Leigh, Blue Square North

Leigh RMI - Alfreton 1-4 (1-2)

(Filipek 27) (Glass 16, 47 Holmes pen 40, 72)


Alfreton : Sutcliffe – Hanson, Addison, Barnard, Cockerill – Ellis, L.Wilson, Flanagan, Holmes – Sinclair, Glass.
Remplacements : Doxey (Flanagan) 61, Outram (Ellis) 69, Cusworth (Sinclair) 80

Le retour en bus se déroula dans la bonne humeur. J’étais fier de mes joueurs.
Je parvins tout de même à m’assoupir sur l'épaule de Sara...
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 15:31

Episode 8:

- Je suis bien chez Robert Mitchell ?
- Moi-même, que puis-je pour vous ?

Pemberton ne se laissa pas décontenancer. Il avait présumé que le portefeuille retrouvé la veille sur le cadavre n’était pas celui du mort.

Robert Mitchell portait sur lui tout le cliché du vieil anglais. Grand, le menton légèrement relevé, il avait une stature tellement pittoresque que Pemberton ne put s’empêcher d’esquisser un rictus.
De plus, sa fine moustache couleur châtaigne et son costume en tweed gris-vert lui donnai une aura de petit bourgeois arrogant qui visiblement énervait l’inspecteur.
Tout cela aurait été d’une extrême banalité, si Robert Mitchell n’avait pas moins de 30 ans.

- Inspecteur Pemberton, police criminelle de Derby. Nous avons retrouvé votre portefeuille.
- La police criminelle pour un simple vol ? Vous vous ennuyez tellement dans le Derbyshire ?
- Votre portefeuille a été retrouvé sur une scène de crime, continua Pemberton, imperturbable.
- Oh, je comprends. Vous concluez donc que je suis un criminel…, provoqua l’aristocrate.
- Est-ce que je peux vous poser quelques questions ?, demanda Pemberton, qui conservait étonnamment son calme.
- Bien sur, entrez, je vous en prie, inspecteur.

Les deux hommes entrèrent dans la maison. Une belle demeure, située dans un quartier résidentiel. Pemberton exécrait ces lieux embourgeoisés.

Mitchell s’était fait voler son portefeuille dans le train trois jours auparavant. Il effectuait de réguliers aller-retour vers Manchester où il possédait des intérêts. Il l’avait signalé à la police et était heureux qu’il soit retrouvé.
Après une quinzaine de minutes d’entretien, alors que Pemberton concluait la conversation en se dirigeant vers la sortie, son téléphone se mit à sonner.
L’inspecteur fit un léger signe d’excuse de la main à son interlocuteur avant de décrocher.

- Lawrie, Walsh à l’appareil ! J’ai terminé. Passe me voir, j’ai des éléments intéressants à te montrer.
- J’arrive immédiatement.

Pemberton raccrocha le téléphone et se dirigeai vers la Mondeo.

- Passez me voir au commissariat pour récupérer votre bien, dit l’inspecteur en guise d’au revoir.

Mitchell était resté incrédule sur le perron. Il glissa un sourire équivoque à son hôte, tout en pestant sur ses manières qui ne convenaient point à un gentleman.

Une demi-heure plus tard, Pemberton retrouva Walsh dans les locaux de la police de Derby.
En qualité d’inspecteur chef, il avait droit à un grande pièce avec vue sur Derwent River.
Il était aménagé avec simplicité. Un bureau moderne de couleur noire et trois sièges sobres. Quelques photos au mur, histoire de mettre un peu d’ambiance sur le papier peint gris blanc.
Pemberton était bordélique. La paperasse s’accumulait de manière désordonnée mais il arrivait toujours à savoir où trouver ce dont il avait besoin.

- Je sais qui est notre homme, s’enthousiasma Walsh comme un croque mort qui exécuterait son premier embaumement.
- Lâche le morceau, fit Pemberton, impatient.

Son enquête était en effet au point mort. Aucune piste crédible, son seul lien étant le pauvre Robert Mitchell, qui semblait n’être mêlé à l’affaire que par le plus pur des hasards.

- Il s’agit d’un certain Chris Walton. On l’a retrouvé grâce à ses empreintes. Il s’était fait arrêter l’année dernière pour conduite en état d’ivresse. Il était dans la base de données.

Walsh donna le document à l’inspecteur qui le lut à haute voix.

- Chris Walton, né le 2 novembre 1983 à Leeds, West Yorkshire. Profession footballeur. A Alfreton depuis 1 an. Condamné à une amende de 1000 livres et une suspension de permis de 6 mois en décembre 2006 pour conduite en état d’ivresse (1.8 g/litre de sang). Signe particulier : néant.
- Il est mort étranglé, entre 22 et 23 heures, précisa le légiste. Ce n’est qu’après que son visage a été mutilé, et la flèche plantée. J’ai d’ailleurs pris soin de l’envoyer chez un expert scientifique afin qu’il l’analyse. Rien d’anormal par ailleurs.
- Bon boulot Harry. Spencer, viens voir par là !, hurla Pemberton à travers la porte du bureau restée entrouverte.

Thomas Spencer était l’assistant de Lawrie. On lui avait collé dans les pattes pour qu’il termine sa formation. Spencer avait 26 ans, il était brillant, mais trop ambitieux et arrogant au goût de l’inspecteur. Il croyait tout savoir, se voyait déjà arrivé, et ça avait le don d’irriter Pemberton, qui avait du vécu et de l’expérience.
Le jeune homme arriva en courant.

- Je veux tout savoir sur ce Walton. T’as une heure pour me faire une synthèse sur sa vie.
- Ce sera fait.

Spencer prit le document et partit se mettre au boulot sur le champ.

- Ce jeune con sera bon, soupira l’inspecteur. Mais il m’énerve avec ses manières de lèche-cul.
- C’est ça les jeunes, il veulent tout, tout de suite, compléta Walsh.
- Bon, je file à Alfreton au club de foot. En savoir un peu plus sur ce mec. Faut trouver pourquoi il a été tué. On fait le point dans 2 heures avec Spencer, je veux que tu sois présent.
- Mais… Tu as dit dans une heure à Spencer…
- Il est en formation. Ca lui apprendra la patience.

Pemberton prit sa veste en cuir usée par le temps et fila vers la sortie.

- Ah, Lawrie, j’allais oublié, apostropha Harry. J’ai envoyé le petit mot laissé par le tueur sur le cadavre pour une analyse graphologique.
- Toi, le scientifique, tu crois à ses conneries ?
- Faut négliger aucune piste, Lawrie, surtout au point mort où on en est…
- On se voit plus tard…

L’inspecteur Pemberton, s’arrêta dans un troquet. Il avait pour habitude de se poser pour boire un whisky lorsque son cerveau était en ébullition.
Et c’était le cas. Ce meurtre peu banal, cette mise en scène macabre, tout ça lui filait mal au crâne. Il détestait par dessus tout quand il avait une enquête qui lui posait plus de soucis que d’habitude. C’était un grand flic, merde, l’échec lui était impossible.

Il se posa au comptoir, commanda un Johnny Walker, et prit en main le Derby Evening Telegraph pour se changer les idées avant de replonger dans la réflexion.

Il s’aperçut que l’équipe de football d’Alfreton était en déplacement. Parmi la liste des absents, Walton, grippé.
Ca ne servait à rien qu’il aille faire un tour au stade, il aurait trouvé portes closes.

Il éclusa un autre godet de scotch. La nuit allait être longue…
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 15:31

Episode 9:

Je devais retrouver Sara à la mairie d’Alfreton à 10h.
Elle était en retard. Exceptionnellement, le soleil éclatait comme un feu d’artifice dans une nuit étoilée.

Je faisais les cent pas devant l’office municipal lorsque je la vis débarquer au coin de la rue. Elle parcourut les 200 derniers mètres en se pressant. Les reflets des rayons sur son visage contracté par l’effort m’inspirèrent un portrait d’Ingres, le peintre néo-classique du XIX ème.

Lorsqu’elle arriva à ma hauteur, elle était confuse et essoufflée. C’est émouvant, une femme fragilisée.
On a envie de la réconforter. Mais on ne sait jamais trop comment faire. On a peur d’être maladroit, on hésite, on réfléchit à la manière la plus appropriée d’être présent sans toutefois devenir envahissant.
Je voulus la serrer fort dans mes bras. Et puis non, ce serait malvenu. Il fallait que je garde certaines distances.

Sara s’excusa de son retard. Mais elle couvrait « l’affaire Walton » pour son journal. Affaire du nom du joueur d’Alfreton sauvagement assassiné. Mon joueur…
Nous l’avions appris au retour du match de Leigh. L’inspecteur en charge de l’enquête m’avait interrogé la veille, comme tous les membres de l’équipe.
Walton était un type bien, sans histoires. Concernant le football, il avait pas mal de lacunes, mais il travaillait dur pour progresser.

Sara enquêtait de son propre côté, mais elle ne parvenait pas à recueillir plus d’informations que la police…
Le seul lien était un certain Robert Mitchell, mais il n’avait apparemment pas trop le profil…
Selon Sara, l’enquête officielle l’avait lavé de tout soupçon. Mais elle gardait néanmoins un œil sur lui….

Dire que son décès m’avait bouleversé serait un peu convenu. J’avais l’impression que le sort s’acharnait sur moi depuis mon arrivée. Je ressentais une part de responsabilité. Le rôle du chat noir… Le mauvais rôle…

Nous avons échangé quelques mots puis franchi la grande double porte en bois de la mairie. Peut-être dans ses murs se trouvait une clef afin que je puisse déverrouiller les mystères de mon passé.

Sara connaissait bien la secrétaire qui attendait nonchalamment à l’accueil.
Sans surprise, les archives municipales se trouvaient au sous-sol. Sara n’eut aucun mal pour obtenir l’autorisation de les consulter.

Les dossiers étaient classés par années. Nous consultâmes l’imposant recueil de l’année 1973.
Cela nous prit environ deux heures pour étudier la centaine de pages.
Alors que nous scrutions avec attention le registre des décès, un doute assaillit Sara. Il semblait être incomplet.
Une page avait été arrachée.
Et le dossier ne contenait aucune allusion aux évènements qui s’étaient produits dans le stade.

- Il semblerait qu’on veuille nous cacher des choses, s’interrogea Sara.
- Pour que des documents disparaissent de la sorte, ça doit être important, non? interrogeai-je naïvement.
- Faut que j’arrive à faire parler mon grand-père. Il doit en savoir plus que ce qu’il nous dit…On trouvera rien ici.

Nous quittions discrètement la mairie. Le soleil avait disparu pour faire place à l’habituelle grisaille.

Je devais rejoindre le stade. Nous avions à préparer le premier match à domicile de la saison face à Tamworth, favori pour la montée.
Nous n’avions eu que deux jours complets de repos, les organismes des joueurs étaient fatigués.
De plus, le décès de Chris Walton n’arrangeait rien. L’ambiance dans le vestiaire était pour le moins morose.

Je proposai néanmoins à Sara d’aller boire un café afin de réfléchir calmement à tous ces mystères.
Elle refusa, elle devait se rendre à Derby afin de soutirer des informations à la police concernant l’assassinat de Walton.

Je restai donc seul, et me dirigeai en flânant vers le stade.

Malgré la fatigue accumulée, je n’avais fait que deux changements dans le onze de départ. Brown était titularisé à la place de Flanagan et Rickards retrouvait sa place en pointe aux dépens de Sinclair, à cours de condition.
McFadzean, qui avait récupéré de sa blessure, prenait place sur le banc. Cusworth en était éjecté au profit de Sinclair.

Nous avions décidé de tous porter un brassard noir en l’honneur de Walton. Les gars étaient sur-motivés pour remporter ce match pour lui.

A la 33ème minute, Glass, coté gauche, adressa un long centre au deuxième poteau. Personne ne toucha le ballon, et celui-ci finissait sa course dans le but. Déjà 3 buts pour Glass, qui faisait un début de saison tonitruant.
Nous n’avions guère été inquiétés dans cette première mi-temps, mais je mis en garde une nouvelle fois mes poulains face à la future révolte des joueurs de Tamworth. Surtout que notre régulateur du milieu, L.Wilson, devait sortir sur blessure.
A la 56ème, un bon enchaînement offensif nous permit de marquer une nouvelle fois. Une frappe de Glass était contrée, le ballon rebondit dans les pieds de Holmes qui inscrivit lui aussi son 3ème but de la saison.

Nous gérions ce match à la perfection, nos adversaires étant incapables de la moindre révolte. Nous encaissions toutefois un but à la 93ème minute, suite à un gros cafouillage défensif.
Deux matchs, deux victoires, le début de saison était prometteur.


14 août 2007 : The Impact Arena, Alfreton, Blue Square North

Alfreton - Tamworth 2-1 (1-0)


(Glass 33, Holmes 56) (Sheldon 90)


Alfreton : Sutcliffe – Hanson, Addison, Barnard, Cockerill – Ellis, L.Wilson, Brown, Holmes – Rickards, Glass.
Remplacements : Doxey (L.Wilson) 45 Sinclair (Rickards) 71 McFadzean (Addison) 88

J’étais heureux que près de 500 personnes soient venues nous voir évoluer.

A la fin du match, j’observai le public qui quittait le stade en commentant la performance de leur équipe.

Mes yeux bloquèrent sur une silhouette qui me semblait familière.

Elle se retourna. C’était mon père…
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 15:32

Episode 10:

- Putain de bordel de merde !

L’inspecteur chef Pemberton était en colère. Il envoya son fauteuil valdinguer contre le mur. Les personnes présentes autour de lui se faisaient minuscules, mais aucune ne se serait permise de quitter la pièce.
Il y avait là Walsh, le légiste, l’inspecteur Spencer, ainsi que deux autres collaborateurs de Pemberton.

- On a rien, on avance pas ! On fait quoi ? On attend que le suivant se fasse buter ? On attend que ce fumier vienne se rendre de lui-même ? Faudrait penser à se bouger le cul, les gars ! On passe pour des charlots !

Pemberton était lancé dans un long monologue. Aucune autre voix n’osait s’élever pour lui porter contradiction.

- Le dossier de Walton ? Rien, le mec le plus banal de la terre ! Un mobile ? Négatif, bien entendu ! Il nous dit qu’on a un indice, personne est foutu d’avoir une idée ! On va aller loin comme ça !

La sonnerie du téléphone de Pemberton offrit un instant de répit à son auditoire. Durant les quelques secondes de la conversation, les quatre hommes présents se regardèrent avec stupeur mais aussi avec une forme de soulagement.

Pemberton jeta son téléphone sur son bureau.

- Manquait plus que ça. La graphologue est là. Venez, je sens qu’on va bien rigoler avec cette diseuse de bonne aventure.

Emma Withdraw attendait dans le hall d’entrée. La quarantaine bien tassée, des efforts sur la présentation qui ne l’empêchait pas de paraître vulgaire. Elle portait une longue robe noire fripée, un petit haut dans les tons rosés, et un chapeau de lady vert, complètement dépareillé avec l’ensemble. A faire jalouser la reine mère.

C’était une vieille amie du docteur Walsh. Il s’empressa d’aller la saluer afin d’anticiper les commentaires cyniques de Pemberton. Ils se retrouvèrent tous dans le bureau de l’inspecteur.

- Alors, ma chère Emma, que peux-tu nous apprendre sur ce l’auteur de ces mystérieux propos ? commença Harry.
- La science graphologique a encore parlé, enchaîna Emma, déclenchant une moue dubitative de la part de Pemberton.
- Nous sommes tout ouïs, généralisa le légiste.
- Je peux vous dire que nous avons affaire à un homme, plutôt du genre violent, et qui refoule une grande frustration intérieure. Comme si le fait de tuer lui permettait d’extirper toute la violence qu’il a en lui.

Pemberton ne peut s’empêcher de rire aux éclats. Emma Withdraw n’était pas entrain de le réconcilier avec la graphologie.

- Pour résumer, vous nous dîtes que l’auteur est un tueur. Merci de votre collaboration, l’enquête a fait un grand pas en avant, ironisa l’inspecteur.
- Il est violent car frustré, précisa t-elle.
- Spencer, t’as une minute pour la foutre dehors, enchaîna Pemberton, sur un ton très posé.

Lawrie était prêt à exploser. Il hésitait à évacuer à son tour toute sa frustration sur la pauvre Emma. Walsh s’empressa de la raccompagner avant que le pire ne se produise.

Pemberton se prit la tête dans les mains. S’il n’avait pas eu un mental endurci par les litres de whisky ingurgités, il aurait versé une larme. Il était prêt à craquer. L’enquête n’avançait pas d’un pouce.

Il en était arrivé au point d’être rassuré qu’un autre meurtre allait se produire. Les tueurs en série font toujours des erreurs, pensa t-il. Si ce cas avait été isolé, il y aurait eu fort à parier que ce fut le crime parfait malgré son caractère peu banal.

Une nouvelle fois, la sonnerie du téléphone retentit. Pemberton sortit de sa léthargie et se mit à chercher en maugréant. Le téléphone s'était niché sous son bureau.

- Harry, c'est pour toi!

Walsh prit la communication et brancha le haut-parleur après quelques secondes d'introduction.

- Tu te souviens de la flèche que tu m'as transmise pour analyse? demanda l'interlocuteur.
- Bien sur Mike. Tu as des résultats?
- Le taillage de la flèche est très particulier. C'est une pointe de type Bodkin. Ce type de flèches était particulièrement utilisé au moyen-âge. Nous, les anglais, l'utilisions avec nos longs arcs. C'est assez facile à faire, avec peu de moyens.
- Merci pour ces informations, Mike. Ton aide nous est très précieuse.

Le légiste n'eut pas le temps de raccrocher que Pemberton avait déjà mis tout le monde en branle.

- Au boulot! Ruppert, je veux savoir toutes les anecdotes sur ce type de flèche. Malcolm, tu me trouves qui est susceptible d'en fabriquer dans le coin. Et Spencer, tu me fais une recherche de tous les gars qui pourraient s'appeler Bodkin dans la région. Si vous trouvez un truc suspect, vous m'appelez!

Les trois hommes se précipitèrent tous à leur poste. C'était à celui qui allait donner les premières indications à l'inspecteur-chef.
En moins de dix minutes, les premiers résultats étaient là. Spencer accoura dans le bureau de son supérieur.

- Chef! J'ai une piste!
- Accouche bonhomme, on va pas y passer la nuit!
- J'ai trouvé un certain Shawn Bodkin, habitant Alfreton. Il joue également au club de foot, comme Walton. J'ai son adresse...

Le visage de Pemberton s'illumina comme celui d'un poète au pied d'une sculpture signée Bernini.

- Allons-y. Nous n'avons pas de temps à perdre. En espérant qu'il ne soit pas trop tard...

L'inspecteur chef et ses trois sbires enfilèrent leur veste et coururent vers la sortie. Pemberton prit le temps de se rincer la gorge avec une rasade de scotch.
Au moment où il allait refermer la porte, une voix s'éleva.

- Inspecteur! Inspecteur! Attendez!

Et merde, j'en étais sur, désespéra intérieurement Pemberton, en secouant la tête.

- On a trouvé un autre cadavre à Alfreton...

L'inspecteur rappela ses hommes. La partie allait être serrée...
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 15:32

Episode 11:

Ca faisait deux jours que j'étais resté cloitrer dans mon appartement. Une depression passagère, peut-être, un profond malaise, sans aucun doute.

J'avais entraperçu mon père au stade lors de notre premier match à domicile. J'avais tenté de le rattraper dans la foule, mais il s'était échappé.

Je ne comprenais pas son attitude. J'avais appelé ma mère, en France. Je l'avais simplement rassurée sur ma vie ici en Angleterre. « Tout se passe bien pour moi, Maman, ne t'inquiètes pas ».
Elle m'avait dit que mon père était en déplacement professionnel en Allemagne. Qu'il m'appelerait dès son retour. Connaissait-elle la vérité? Ou mon père jouait-il double jeu dans son dos?

J'étais resté isolé pendant deux jours chez moi, auprès de mes proches. Je me renfermai sur moi-même. Marie me conseilla de sortir, pour voir du monde, et constater que la vie continuait à avancer. Je pris la direction de Wollaton Park. Le soleil était au rendez-vous. Une petite brise tempérait néanmoins la douceur ambiante.

Je m'assis sur un vieux banc en bois. J'observai la nature, naivement, et les gens. Je m'imaginai leur vie, je décryptai leur manière de s'habiller, leur démarche, leurs gestes.
Je m'attardai sur les détails, ces petits riens qui en disent long sur la personnalité.

Mon attention s'attarda sur un vieil homme vêtu d'un long manteau beige et un vieux chapeau gris. Ses vêtements étaient sales. Seul son couvre-chef était soigneusement entretenu. Je me demandai quel trait de caractère était mis en valeur par ce signe.
Je le dévisageai scrupuleusement. J'imaginai qu'il pouvait s'agir d'un poète ou un peintre. En tout cas, un intellectuel, au sens vulgaire du terme. La reflexion, élément essentiel de l'être humain civilisé.

Cet homme et l'atmosphère particulière de Wollaton Park ce jour là m'inspirèrent de la poésie. Me revint en mémoire un bout de poème de Jacques Delille, que j'avais appris étant adolescent.

« Il est des soins plus doux, un art plus enchanteur.
C'est peu de charmer l'oeil, il faut parler au coeur.
Avez-vous donc connu ces rapports invisibles
Des corps inanimés et des êtres sensibles ?
Avez-vous entendu des eaux, des prés, des bois,
La muette éloquence et la secrète voix ?
Rendez-nous ces effets. Que du riant au sombre,
Du noble au gracieux, les passages sans nombre
M'intéressent toujours. Simple et grand, fort et doux,
Unissez tous les tons pour plaire à tous les goûts
Là, que le peintre vienne enrichir sa palette ;
Que l'inspiration y trouble le poète ;
Que le sage du calme y goûte les douceurs ;
L'heureux, ses souvenirs ; le malheureux, ses pleurs. »

En fin d'après-midi, après avoir écumé en long, en large et en travers les allées de Wollaton Park, je pris enfin la décision de repartir en avant. J'avais la chance d'être soutenu par mes proches, Marie, Frank et même Sara avec qui j'avais lié une relation amicale très intense.
Je grimpai les escaliers trois par trois. Autant j'aimai marcher lentement, flâner tranquillement, autant j'avais une sainte horreur de l'escalier. Je ne considérai pas la montée d'escalier comme une démarche naturelle, et j'avais hâte de les avaler le plus rapidement possible.

Dans le dernier virage avant le 5ème étage, le mien, je tombai nez à nez avec Sara qui venait dans le sens inverse. Dans notre course, nous nous heurtions malencontreusement. Le vieux cliché des rencontres hasardeuses.

- Excuse-moi, Sara, j'étais dans les nuages, je n'ai pas fait attention.
- C'est rien Chris. J'étais venu t'annoncer la nouvelle!
- Quelle nouvelle? Tu as appris des choses sur mon père?
- Non, quelque chose de terrible s'est produit.

Je m'attendais au pire. Pourvu qu'il ne soit rien arrivé à Marie et Frank!

- Shawn Bodkin a été assassiné. Il semblerait que le boucher d'Alfreton s'en prenne à ton équipe.

Le calvaire continuait. A cet instant précis, une seule envie me traversait l'esprit. Fuir.

- L'inspecteur en charge de l'enquête a cherché à te joindre toute la journée. Il interroge tout le monde au stade.
- J'ai passé la journée seul dans Wollaton Park. J'en avais besoin.
- Je sais que tu es troublé. Viens, allons le voir tout de suite. Je t'accompagne.

Nous arrivions au stade d'Alfreton.
L'inspecteur Pemberton était entrain de bavarder avec Wayne Bradley. Dès qu'il m'apercut, il sourit, ce qui était peu commun chez lui et s'approcha de moi. Il semblait qu'ici soit on m'appréciait énormément, soit on me détestait au plus haut point.
Pemberton était étonnamment calme. Lui qui avait l'habitude de tout remuer sur son passage et d'affirmer son autorité, il semblait beaucoup moins impulsif que d'ordinaire.

- J'ai cherché à vous contacter toute la journée, commenca l'inspecteur.
- Je n'étais pas chez moi, veuillez m'en excuser.
- Vous êtes donc au courant. Il semblerait que le tueur veuille décimer votre équipe... Pour quelle raison, nous l'ignorons. Nous allons les mettre sous protection, mais nous n'avons pas suffisament d'effectif pour être efficaces.
- Je ne comprends vraiment pas pourquoi s'en prendre à notre équipe. Ces deux gars étaient vraiment les plus banals qui puissent exister, justifiai-je.
- Nous n'avons que peu d'éléments. Je compte sur votre collaboration, ainsi que sur celle de Miss Turner afin de nous aider dans cette tâche. Vous êtes au coeur de l'imbroglio.
- Je vous aiderai du mieux que je pourrais, conclus-je.

La conversation se poursuivit sur les détails du second meutre.

Shawn Bodkin avait été retrouvé pas très loin du stade de football d'Alfreton. Il avait été étranglé tout comme Walton. Mais cette fois-ci, le tueur n'avait pas pris soin de mettre en scène son crime.
Il avait, comme la première fois, laissé un message dans une des poches de la veste en jean de Bodkin.

« #2 You're late... #3 »

Une provocation. Il n'y avait aucun indice quand à sa prochaine cible.

Nous devions nous rendre à Kettering le lendemain pour le compte de la 3ème journée de championnat. Deux policiers nous avaient accompagné.
Les joueurs étaient choqués. Et inquiets. Les assassinats de Walton et Bodkin étaient au coeur des conversations.

Sur le terrain, les joueurs étaient malgré tout présents. Nous avons fait un bon match, en dominant notre adversaire, considéré comme une grosse équipe de Blue Square North.
Nous avons pris deux buts en contre. Ce résultat était immérité tant l'équipe de Kettering devait son salut à son gardien Harper et son attaquant en réussite Rawle.

14 août 2007: Rockingham Road, Kettering, Blue Square North

Kettering – Alfreton 2-0 (1-0)

(Rawle 8,55)


Alfreton: Sutcliffe – Hanson, Addison, Barnard, Cockerill – Ellis, L.Wilson, Flanagan, Holmes – Rickards, Glass.
Remplacements: Sinclair (Glass) 56 Doxey (Flanagan) 64 Outram (Rickards) 74

La tension dans le bus pour le retour était extrême. Etant donné les circonstances, je ne pouvais pas blâmer mon équipe pour ce résultat.

J'avais hâte de rentrer. Nous devions prendre les dispositions nécéssaires avec l'inspecteur Pemberton afin de protéger les joueurs...
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 15:32

Episode 12:

Le tueur en série d'Alfreton faisait la une de tous les journaux. Les médias nationaux et même la presse étrangère se faisaient l'echo de celui qui avait été finalement surnommé « Le python d'Alfreton ».

Nous avions tous rendez-vous dans les locaux de la police de Derby afin d'étudier les possibilités de protection des joueurs. Il y avait l'inspecteur Pemberton et son stagiaire Spencer, Wayne Bradley, Sara Turner et moi-même.

L'enquête n'avançait pas. Les enquêteurs n'avaient aucune piste. Pas de mobile, pas d'indice, c'était le point mort. Ca faisait les réjouissances de la presse à scandale. Pemberton craignait que Scotland Yard vienne mettre son nez dans l'affaire.

Nous devions définir tous ensemble une stratégie. Mais nous étions divisés sur l'objectif à atteindre. Sara et moi souhaitions par dessus tout protéger les joueurs. Pemberton et Spencer voulaient prendre le tueur en flagrant délit. Bradley était neutre, il ne savait pas trop sur quel pied danser, l'opportuniste.

- On ne peut pas mettre un policier derrière chaque joueur, commenca Pemberton.
- Je propose qu'on déclare temporairement forfait pour la suite de la compétition. Et que les joueurs restent groupés le temps que l'affaire soit résolue, dis-je, à l'extrême.
- Ca peut être envisageable, répliqua l'inspecteur. Mais combien de temps ca prendra? C'est une enquête compliquée, pas d'indices, pas de mobile, rien. Il faudrait trouver un moyen de piéger le tueur.
- On prendrait un risque énorme. Le tueur est malin, qui dit que nous arriverons à le piéger? On sait même pas si il y a un ordre logique dans ses meutres. Ce serait envoyer un joueur à la morgue, enchaina Sara.

- Inspecteur, téléphone, c'est très urgent!

Un planton de la police était venu perturber la conversation. Pemberton maudissait le téléphone, qui avait été inventé pour faire chier le monde, selon son propre langage cru.

- Pemberton, j'écoute.
- Ne changez rien à vos habitudes...
- Qui êtes-vous? Que voulez-vous?
- Vous savez très bien qui je suis. Alors vous allez m'écouter attentivement...

Pemberton fit un signe à son auditoire.

- L'équipe d'Alfreton ne doit pas s'arreter de jouer. Si c'est le cas, je fais un carnage sur des innocents. J'en ai les moyens. La vie doit continuer comme si de rien n'était. Le seul moyen de mettre un terme à cela est de me trouver...
- D'accord. Alors, où êtes-vous?
- Faites pas le malin, Pemberton...

L'interlocuteur mystère avait raccroché.
La situation devenait compliquée. Seule la police de Derby pouvait résoudre les problèmes. Elle avait toutes les cartes entre ses mains.

Trois jours plus tard avait lieu le deuxième match à domicile de la saison. La transition avait été calme, malgré la tension qui régnait dans le vestiaire. Des policiers étaient présents aux entrainements et raccompagnaient les joueurs en car juste qu'à leurs domiciles. Ils avaient pour consigne de se verrouiller à double tour afin de minimiser au mieux les risques.

Pour cette rencontre face à Burscough, équipe de bas de tableau de Blue Square North, j'avais décidé de chambouler en profondeur mon effectif. En effet, nous nous déplacions 2 jours plus tard à Hucknall, j'avais donc besoin de faire souffler un maximum de joueurs.

Les joueurs firent preuve d'un état d'esprit irréprochable.
Nous avions gagné 1-0 grace à une superbe frappe de loin au ras du poteau de Matt Wilson, qui disputait là son premier match officiel sous nos couleurs.

Le match avait été très tendu, les deux équipes se créant de nombreuses occasions.
Cette victoire nous permettait après quatre matchs d'occuper une prometteuse 3ème place en championnat.

25 août 2007: The Impact Arena, Alfreton, Blue Square North

Alfreton – Burscough 1-0 (1-0)

(M.Wilson 12)


Alfreton: Sutcliffe – Kirkpatrick, McFadzean, Barnard, Cockerill – Outram, M.Wilson, Doxey, Bowler – Rickards, Cusworth.
Remplacements: L.Wilson (Doxey) 67 Sinclair (Cusworth) 76 Ellis (Bowler) 81

A la fin du match, les joueurs retournèrent dans leurs huis-clos respectifs.

Il était 17h30, nous décidions avec Marie et Frank de rentrer à pieds, afin de profiter au maximum de la douceur estivale. Je ne me sentais pas en danger, le tueur en série ne semblant pas vouloir s'attaquer à moi.

Lorsque nous arrivâmes à l'appartement, j'aperçus au loin la porte d'entrée légèrement entrouverte.
J'ordonnai à Marie de ne pas bouger et m'approchai lentement. La serrure semblait avoir été fracturée.

J'écartai prudemment l'ouverture d'un revers de main. A l'intérieur, tout était sans dessus dessous.
L'appartement avait été fouillé de fond en comble. Quel choc! Je fis un petit tour rapide. Personne. J'appelai Marie. Elle pleura. Frank resta serein du haut de l'innocence de ses six ans.

Mon premier reflexe fut d'appeler Sara.
Qu'est-ce qu'on pouvait bien chercher ici? Décidément, les évènements allaient vers une évolution dangereuse.

Marie et Frank allait sauter dans le premier avion pour la France. Ils allaient rester quelques temps chez les parents de Marie en attendant que les affaires soient résolues. Il était hors de question que nous prenions des risques inutiles.

Quand à moi, il fallait que je redouble de prudence, mais je ne pouvais absolument pas fuir sans avoir dénouer ces mystères.

La partie prenait une tournure inquiétante...
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 15:32

Episode 13:

J'avais à peine eu le temps de digérer le retour en France de Marie et Franck que nous repartions sur la route.

Les matchs s'enchainaient à grande vitesse, avec seulement deux jours de repos. J'appreciai d'avoir fait tourner mon effectif le samedi précédent.

Face à Hucknall, nous n'avions malheureusement pas été très performants, le match étant néanmoins équilibré.
Laurie Wilson avait manqué un penalty à la 62ème qui aurait pu faire pencher la balance en notre faveur.

27 août 2007: Watnall Road, Hucknall, Blue Square North

Hucknall – Alfreton 0-0 (0-0)


Alfreton: Sutcliffe – Hanson, Addison, Barnard, Cockerill – Ellis, L.Wilson, Flanagan, Holmes – Sinclair, Glass.
Remplacements: Rickards (Sinclair) 59 Brown (Flanagan) 72 Bowler (L.Wilson) 81

Le lendemain, je devais retrouver Sara au pub de son grand-père. Nous avions décidé, en concertation avec l'inspecteur Pemberton, que j'emmenage temporairement chez elle, le temps que l'affaire s'éclaircisse.
Ou plutôt les affaires. Les meutres du « Python d'Alfreton » et cette mystèrieuse visite chez moi durant mon absence.

Nous étions assis tous les trois autour d'une table. Sara avait pour ambition de faire enfin parler l'Ancien.

- Papy, je t'en prie, il faut que tu nous aides. Chris est en danger, tu ne peux pas rester les bras croisés.
- Vous avez mis le nez dans une périlleuse affaire, les enfants... commença le vieux.
- C'est à dire? demandai-je, curieux.
- Les évenements de 1973 impliquent des personnalités haut placées. Des politiques, des financiers. Le décès de la petite Susan n'est qu'une petite goutte d'eau.
- En quoi la mort de Susan, un accident dans un stade, est-elle liée à un quelconque pouvoir? enchaina Sara.
- Chris, ton père faisait partie de la mafia locale. Ta soeur a été assassinée, en représailles de quelques mésententes. Je ne peux vous en dire plus, toute l'affaire a été étouffée. Je sais juste que certaines personnes concernées sont encore aux affaires aujourd'hui.
- Des noms, papy!
- Je ne connais pas de noms. Mais intéressez-vous au maire de Derby, par exemple. Il était déjà en poste au moment des faits. Je suis convaincu qu'il en sait beaucoup plus que moi.

Nous avions beaucoup progresser. Mais l'enquête semblait devenir plus périlleuse que jamais. Fouiner dans les hautes sphères de la société est un exercice qui est souvent fatal.

Fallait-il en parler à Pemberton? Son expérience et son sens de l'analyse pouvaient nous être très utiles.
Sara était dubitative sur le sujet. Elle pensait, peut-être à raison, qu'il ferait remonter les informations à ses supérieurs. Et ce n'était pas vraiment dans notre intérêt, si on en croyait le vieux.

Moi, j'avais confiance en lui. Malgré son premier abord d'alcoolique dépravé, c'était un homme droit et juste. Et il était plutôt du genre à rejeter l'autorité qu'à rentrer dans les ordres.

Nous avions rendez-vous avec l'inspecteur dans un troquet de Nottingham. En terrain neutre, à l'abri des regards. Dehors, il y avait toujours cette atmosphère pesante que je ressentais depuis mon arrivée en Angleterre.

L'inspecteur avait commandé son habituel double scotch. Sara et moi étions resté sur une pinte de Gordon, bière sans goût particulier mais suffisament forte en alcool.
Le bar était désert. Le patron lisait son journal derrière le comptoir en attendant d'improbables clients.

Je lui avais demandé un peu de musique, pour mettre un fond d'ambiance. Il n'avait pas trouvé mieux que de nous mettre du Madonna. L'album « Erotica » en plus. Pas vraiment ce que j'attendais mais j'étais gené d'aller le contrarier à nouveau.
J'avais imaginé une sonorité un peu plus jazzy. Que ça mette de la vrai bonne couleur dans ce pub miteux.

Nous résumions en étant le plus pointilleux possible la situation à l'inspecteur Pemberton. Il semblait quelque peu égaré. Mais donnait toutefois l'impression d'écouter avec la plus grande attention.

La discussion dura environ une heure. Nous réflechissions tous ensemble à comment se sortir de cette impasse.
Comme je l'avais imaginé, Pemberton allait être de la partie. Il voulait finir sa carrière en apothéose. Selon lui, le vieux légiste, Walsh, pourrait également nous aider.

Nous prîmes deux décisions majeures.

La première était qu'il fallait absolument retrouver mon père, apercu dans la région. Sa présence en Angleterre ne devait certainement pas être anodine.

Et enfin, la seconde. Il fallait que je passe la main concernant l'équipe de football. Que je me mette temporairement en retrait, afin de me concentrer sur les enquêtes.

Le football devenait tellement superficiel...
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 15:33

Episode 14:

J'avais rendez-vous avec Wayne Bradley au stade afin de lui faire part de ma décision concernant mon avenir au sein du club.

L'entretien se déroula dans une ambiance sereine. Je pus toutefois lire de la deception sur le visage du président. Je n'étais pas trop rentrer dans les détails. Wayne était un ami de mon père, ce qui pouvait l'impliquer également dans l'affaire.

On n'est jamais trop prudent. Je préferai considérer tout le monde comme ennemi et rester sur mes gardes, plutôt que de prendre des risques insensés. Actuellement, mes seuls alliés étaient Sara, son grand-père, l'inspecteur Pemberton, et à un degré moindre le docteur Walsh.

Nous convenions que Keith Marple, mon adjoint, prendrait en main l'équipe le temps que tout s'éclaircisse. Je m'engageai à rester à disposition afin de conseiller Keith si besoin en était.

Sara avait sollicité un entretien auprès du maire de Derby, Lewis Evans. Elle avait vaguement expliqué le pourquoi de cette entrevue. Evans était malheureusement trop occupé pour nous recevoir. Cela ne nous surprit qu'à moitié. Le sujet était sensible. Et après tout, peut-être était-il lui-même impliqué.
Nous ne pouvions délibérement écarté aucune hypothèse.

Nous profitions des quelques rayons de soleil qui avaient fait leurs apparitions afin de nous balader le long de Derwent River.
C'était un vrai moment de tendresse. Nous étions main dans la main, comme un vieux couple qui profiterait de ses derniers instants de liberté.

Il n'y avait aucune autre relation que l'amitié entre Sara et moi. Je soupçonnai pourtant en elle des sentiments profonds à mon egard. Mais jamais dans son comportement je ne pus discerner un quelconque manque de respect vis à vis de Marie.

Les cartes étaient entre mes mains. Mais je n'étais pas prêt à les exposer.

Mon téléphone retentit.

C'était Pemberton. Il nous enjoignait à le rejoindre au plus vite dans son bureau. Celui-ci était situé à proximité.

- J'ai plusieurs choses à vous annoncer, commença l'inspecteur, qui trépignait d'impatience de nous réveler ses découvertes.
- Nous vous écoutons, inspecteur, répondis-je, poliment.
- Tout d'abord, concernant l'année 73, j'ai fouiner dans les archives de la police. On stocke tout ici.
- Et? s'impatienta Sara
- Et rien. Nada. Envolés, les dossiers. Tout a été effacé. Et bien evidemment, impossible de remonter jusqu'à la source.
- L'affaire doit vraiment être d'une ampleur sans précédents, analysa Sara, avec sa fibre journalistique.
- Je pense qu'on est sur la trace de très gros gibier, compléta Pemberton en piochant dans sa fiole de Johnny Walker.
- Et vous avez d'autres bonnes nouvelles de ce genre? tentai-je d'enchainer
- Pas vraiment. Chris Bowler est mort.

J'étais sous le choc. Chris était un garcon très attachant que j'appréciai énormément. Doublé d'un bon technicien malgré un physique très léger.

- Quid des circonstances de sa mort? balbutiai-je
- Etranglé, comme les autres. Dans un recoin derrière un supermarché, hier soir. Pas le moindre indice. A part le même petit mot que d'habitude.

L'inspecteur Pemberton était également ému. Il avait perdu de sa superbe, et son langage était devenu beaucoup plus posé qu'à son habitude.

Nous étions resté quelques instants à nous regarder.

Je me dirigeai vers la fenêtre afin de noyer mon esprit dans la rivière.

Au pied de l'immeuble se trouvait mon père...
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 15:33

Episode 15:

Robert Blake, le maire de Derby, avait enfin consenti à nous accorder un peu de temps. Sara avait du insister et user de ses relations et de son charme afin qu'il nous reçoive à son domicile.
Nous n'espérions pas grand chose de cette entrevue, la langue de bois étant monnaie courante dans les milieux politiques, mais il nous semblait nécessaire d'en passer par là. Essayer, trouver un indice qui puisse nous avancer.

Nous arrivions au 24, Wellington Street, dans le quartier huppé du sud-est de Derby. Une succession de petits immeubles avec d'immenses lofts, de grandes rues propres sur elles, quelques petits commerçants qui se frottaient les mains d'avoir monté leur affaire ici il y trente ans, alors que le quartier était dépeuplé, bref, un quartier d'apparence parfait mais d'une morosité grandissante.

Sara sonna à l'interphone dernier cri de l'immeuble de Blake. Une voix sombre et puissante lui surgit de la boite:

-Qu'est-ce que c'est?
-Sara Turner et Chris O'Sullivan, monsieur Blake. Pouvons-nous entrer? Répondit ma compagne.
-Allez-y, nous vous attendions, continua le maire.

« Nous vous attendions ». Cette phrase mise au pluriel m'interpella. J'en touchai deux mots à Sara qui acquiesça.
Nous devions rencontrer Blake seul, afin qu'eventuellement, il nous livre quelques informations confidentielles. Qui donc se trouvait avec lui? Des collaborateurs? Des amis à lui, qui pouvait également nous aider?

J'étais méfiant. Nous décidions d'être très prudent, nous n'étions pas à l'abri d'une surprise. Après, tout, le terrain était savonneux, nous enquêtions sur une affaire que l'on pouvait presque qualifier d'affaire d'etat.

Les escaliers furent avalés rapidement. Sara toqua à la porte flanquée du numéro 36.

-Entrez, mes amis.

Sara ouvrit la porte et fit quelques pas en avant. J'étais suiveur, je la laissai prendre les initiatives. Elle avait vraiment la flamme, et son enthousiasme commençait à me contaminer.

Puis elle s'arrêta net. J'entrapercus son visage que ne disait rien de bon. Elle semblait stupéfaite. Dans la pièce, cinq hommes étaient de bout, dont quatre les bras croisés et un regard inquisiteur dans notre direction. Le cinquième, dont je supposai qu'il était le maire, se tenait au milieu, une main tendue vers nous comme pour nous inviter à prendre place.

Sara se tourna vers moi:

-On s'en va. Vite!

Elle prit mon avant-bras et m'entraina vers la sortie.

-Cours, Cours! Me répéta t-elle alors que nous attaquions la descente.

-Rattrapez-les! Et ramenez-les moi! Hurla t'on depuis la 36.

Cette histoire commençait à sentir le moisi. Je n'y comprenais plus rien.

-Mais que se passe t'il, Sara? Questionnai-je, essoufflé, alors que nous avalions les marches quatre par quatre.
-Je t'expliquerai, mais en attendant, cours! Les hommes là-haut ne nous veulent pas que du bien, je peux te le garantir!

Un coup de feu retentit. D'un réflexe innocent, je mis mes mains sur mes oreilles, tant la détonation avait été bruyante. En effet, il semblerait qu'ils ne soient pas là pour nous inviter à une surprise-party.

Enfin, nous arrivions dans la rue. La circulation était calme. Nous prîmes sur la droite, en redoublant nos efforts. Un léger regard par dessus mon épaule me fit comprendre que ce n'était pas gagné d'avance. Nos poursuivants étaient tout près, ils semblaient même gagner du terrain sur nous.

Puis, soudainement, une Chrysler noire s'arrêta à notre hauteur et la portière s'ouvrit.

-Grimpez vite! Ordonna un homme que je ne pus distinguer.
-Mais qui êtes-vous? Interrogea Sara, qui redoublait de vigilance.
-L'heure n'est pas aux questions! Il en va de votre vie! Montez!

Sara se tourna vers moi. Elle lut dans mon regard mon indécision. Puis, elle prit une nouvelle fois les commandes.

-Après tout, nous n'avons pas grand chose à perdre.

L'américaine démarra en trombe.
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