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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:32

Ecrit en juin 2005

Episode 1: Un cours comme les autres…

20 février 2004: Amphi IV de la faculté de langues de Dublin.

« Putain, le prof est encore à la bourre… Ça fait déjà cinq minutes qu’on aurait dû commencer le cours! Il va nous faire manquer notre année, pour moi, elle est vitale! Je n’ai pas le droit de la louper.
- Pauvre Cathy! Papa va te gronder si tu manques ton année! Il va te confisquer ton appart en plein milieu de Dublin, la vie va être dure pour toi!
- Très marrant Sean! Mais moi, je ne peux compter sur des passe-droits parce que je sais taper dans un ballon!
- Dommage pour toi… parce que ça marche vachement! Give me five Philip!
- Très marrant Sean! »

Pendant ce temps, sur le parking de la faculté, le professeur en question arrive au volant de sa vieille 2CV, quasiment unique dans les rues de Dublin. Il prend comme à son habitude son temps pour bien se garer puis ne se presse pas pour aller en cours… Une fois rentré dans l’établissement, comme d’habitude; Ms Penny, la secrétaire, lui fait remarquer qu’il n’est pas à l’heure mais celui-ci s’en sort toujours en flattant l’ego de cette femme dans la force de l’âge et toujours assez bien apprêtée. L’amphi IV est à l’autre bout de l’établissement et c’est ainsi qu’après quelques minutes, le professeur de langue et de culture française déambule dans l’amphi.

« Je suis content que vous m’ayez attendu! Mais vous commencez à en avoir l’habitude (cette réplique fait rire le toujours nombreux auditoire qui assiste à ces cours)… Alors on en était où?
- On en était à l’étude du Malade Imaginaire de…
- Merci Cathy. Euh Sean, ça te dérange pas de parler en même temps que Cathy?
- Désolé M. Vincent.
- Au fait, on étudiait le Malade Imaginaire qui est de qui, Sean?
- Euh?! Victor Hugo…
- Tout à fait et Molière a écrit les Misérables, Rousseau le Cid et Arago Zadig! Quelle culture Sean!
- Ouais mais moi, j’en ai rien à foutre de ces Français qui ont écrit des conneries, on en a déjà assez en Irlande! Putain, on peut pas faire un cours sur le foot?
- Ben si tu veux… Allez, aujourd’hui, ce sera un cours spécial sur le football français! »

Tous les élèves sont décontenancés surtout Cathy qui commence à avoir des bouffées d’angoisse à l’idée de devoir disserter sur le football français aux partiels! M. Vincent reprend la parole et commence son long monologue sur le football français:
« Tout d’abord, je vous indique que cela ne tombera pas aux partiels donc vous pouvez écouter tranquillement sans prendre de notes. Alors le football français, par où commencer? Bon je vais commencer avec les années 50 parce qu’avant, le football français en était à ses premiers balbutiements et enchaînait défaites face à la Belgique et déroutes contre l’Angleterre.
Alors dans les années 50, il y avait principalement une équipe qui dominait le championnat de France, le Stade de Reims. Le Stade de Reims était le grand club français de l’époque et même un des plus grands d’Europe après le majestueux Real Madrid. Ce sont d’ailleurs ces deux clubs qui ont participé aux deux premières finales de la Coupe d’Europe des Clubs Champions. Cette équipe du Stade de Reims était aussi à l’époque l’ossature de l’équipe de France qui finira troisième à la coupe du monde en 58 en Suède avec notamment le record de but dans cette compétition pour Just Fontaine. Le jeu du Stade de Reims reposait sur un jeu léché et fait de vitesse: le football champagne préconisé par l’entraîneur Albert Batteux.
Ensuite dans les années 70, ce fut l’époque de la vague verte sur la France entière avec le Saint-Etienne de Batteux puis d’Herbin. Cette équipe composée de grands noms du football français et de quelques futurs sélectionneurs allait vampiriser le championnat et glaner 4 titres de champions de suite. Tout comme Reims, les Stéphanois parvinrent en finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions mais perdirent contre le Bayern de Beckenbauer et Gerd Muller à Glasgow.
- Putain, les mémoires de vieux combattants! Il raconte ça, on a l’impression qu’il y était le prof!
- Ben apparemment Sean, ta copine n’avait pas l’air de se plaindre de mon âge hier soir.
- Bon là, il t’a tué Sean!
- Ferme ta gueule Philip.
- Mais monsieur, on m’a raconté que vous vous y connaissiez en football?
- Un peu Sean, un peu…
- Vous avez déjà entraîné?
- Oui mais quand j’étais en France et cela fait quelques temps que j’ai stoppé… (La sonnerie retentit) Bon ben voilà, c’est la fin du cours, on se revoit mardi… »
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:33

Episode 2: Une petite partie de poker.

23 février 2004: Bibliothèque de la section littéraire de l’Université.


« Bon les gars, on s’y met parce que là, j’ai pas trop le temps. J’ai un cours avec les licences dans 45 minutes.
- Ok stresse pas Romain… On attend juste Tony et Alan et on commence! »

C’était devenu une habitude pour tous ces membres de la faculté que de s’adonner à des parties de poker dans la bibliothèque entre les livres de la section russe et ceux de la section croate. Ils avaient choisi ce coin stratégique pour sa tranquillité, en effet, le flux d’étudiants n’y est pas très important…Ce sont toujours les mêmes cinq qui se retrouvent pour jouer des allumettes; il y a Romain Vincent, Tony Mc Donnell, le professeur de gaëlique, Alan Mahon, professeur d’histoire de l’Eire et deux thésards en sciences humaines (sociologie et pychologie) Mickael O’Donnell et Kieran Foley.

Après cinq minutes, les deux profs irlandais arrivent et la partie commence et as usual, le Français démarre fort enchaînant les mains heureuses et les bluffs réussis. Très vite, les deux thésards sont mis hors course par une main incroyable de Tony (full aux as par les rois!). Les railleries fusent entre les quatre Irlandais pendant que le Français reste concentré sur son jeu:
« Ben Mike et Kieran, heureusement que vous êtes pas aussi mauvais au foot, sinon je vous aurais fait virer de l’équipe!
- T’as de la chance d’être capitaine Tony sinon je sais pas ce que je te ferais, lui répond Mike.
- Ben ouais, le meilleur joueur est capitaine. C’est comme ça!
- Et en plus, comme tu es le plus modeste, cela ne gâche rien à notre plaisir, dis Alan d’un ton ironique.
- Bon, on l’a fini cette partie? Il va falloir que j’y ailles moi!
- T’énerves pas French Frog! Keep cool… »
C’était le petit surnom de Romain depuis qu’il côtoyait cette joyeuse bande et encore une fois, l’allusion à ce surnom fit rire les quatre Irlandais à haute voix ce qui avait le don d’exaspérer le responsable de la bibliothèque, toujours sur leur dos quand il les voyait débarquer dans sa bibliothèque et les remontrances ne tardèrent pas à se faire entendre:
« Chut! Please be quiet! M. Vincent, je vais en parler au directeur si vous continuez ainsi! »
Toujours la même menace depuis quelques mois mais pour l’instant, elle était restée bien veine.

La partie reprit son cours et le Français ne fit qu’une bouchée des deux profs qui restaient, il est vrai qu’avoir été l’élève du grand Patrick Bruel est un avantage indéniable…

Suite à cette partie, Romain se dirigea vers son amphi pour son cours sur les Lumières mais en passant devant l’administration, il croisa Ms Penny qui lui tendit un mot écrit à la main:
« M. Vincent, je vous attends dans mon bureau ce soir à 18h. Signé Gerald Horkan. » Gerald Horkan est le directeur de l’Université et généralement, quand il convoque un professeur ou un élève, ce n’est pas pour parler du beau temps…
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:33

Episode 3: Ce fameux rendez-vous…

Même jour, 18h15: devant le bureau de M. Horkan


Déjà un quart d’heure que Romain attendait en écoutant Oasis en live à Liverpool sur son lecteur MiniDisc. « And after all, you’re my wonderwall… » Mais les frères Gallagher furent bien vite interrompus par de nombreux étudiants ou profs qui passaient par là et en profitaient pour saluer Romain. En effet, en quelques années, le Français raillé à ses débuts était devenu la véritable coqueluche de l’Université; en quelque sorte le Fonzy de la fac de Dublin! On ne comptait plus les tendances lancées par lui (ah la chemise à fleurs avec les Stan Smith ont eu un franc succès en 2002!) et reprise par tout le monde ou les soirées à succès organisées par ses soins. Romain avait même crée le premier festival de cinéma universitaire international de Dublin qui permit de découvrir de jeunes artistes très prometteurs et des œuvres incroyables…

Quelques minutes plus tard, c’est M. Horkan qui ouvrit la porte de son bureau raccompagnant le responsable de la bibliothèque vers le couloir. Le directeur fit signe à Romain de rentrer et finalement, il prit place sur l’austère chaise placée en face du bureau. Bien entendu, ce n’était pas la première fois que Romain était convoqué dans ce bureau mais à cette occasion, il trouvait ce bureau plus impressionnant que jamais et redoutait ce qui l’attendait.

« M. Vincent, comment allez-vous?
- Ma foi, je vais plutôt bien M. Horkan.
- Bon, je ne vais pas vous faire poireauter plus longtemps car je sens que si je fais durer le suspens, vous allez me ruiner mon siège! Vous avez sans doute vu que j’ai parlé juste avant avec M. Wilde (directeur de la bibliothèque)?
- Je suppose donc que c’est au sujet de nos parties de poker…
- Oh non, ça! Je faisais pareil que vous quand j’étais jeune! Et puis, je peux pas le voir ce M. Wilde!
- Ben, je vois pas pourquoi vous m’avez fait venir alors!
- Par hasard, je suis tombé sur votre CV il y a peu et j’ai noté votre intérêt et votre expérience antérieure en ce qui concerne le football…
- Hum?
- M. Wilde était l’entraîneur de l’équipe de l’Université mais j’ai décidé de le virer. Je voulais un mec qui s’y connaisse réellement en football et j’ai pensé à vous!
- Quoi? Moi entraîneur de l’équipe de branques de l’Université?
- Oui, c’est bien cela. L’University Club of Dublin évolue en deuxième division et nous avons comme projet de monter dans l’élite d’ici peu. Cela vous tente?
- Je ne sais pas… Je n’ai même jamais vu jouer l’équipe!
- Mais vous connaissez quasiment tous les joueurs qui sont soit professeurs ou étudiants à l’Université dont vos collègues de poker!
- Bon… Ça me fait marrer donc j’accepte le poste!
- Très bien, je ferais écrire le contrat pour que vous le signiez dès demain. »

C’est sur cette dernière phrase et sur une franche poignée de mains entre les deux hommes que se finit cette entretien et que commence une nouvelle aventure dans la vie de Romain Vincent…
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:34

Episode 4: Premier aperçu des joueurs…

25 février 2004: Dans les rues de Dublin.


Comme tous les mercredis matin, Romain part pour son footing hebdomadaire, histoire de conserver la forme et contrebalancer les excès de ses multiples sorties nocturnes. Mais au fond, pourquoi est-ce que je parle de Romain Vincent à la 3è personne? Car, en effet, ce jeune Français de 25 ans, c’est moi dans toute la complexité de son personnage. Mais reprenons le récit…

Mon footing me mène généralement de mon appartement à l’Université, ainsi je peux courir pendant environ une heure en passant dans les parcs de la ville et devant l’assemblée toujours aussi impressionnante. Ce footing hebdomadaire est aussi l’occasion d’écouter les nouveautés françaises que m’envoient des amis de France. En ce jour même, c’est un mélange des deux albums du Saïan Supa Crew et de l’anthologie d’IAM qui inondent mes oreilles de verbes français. Le son des rappeurs français me met en joie, tout particulièrement le SSC dont j’apprécie le verbe et l’humour tout autant que les facultés vocales.

Après une heure de footing à une bonne allure, me voilà finalement arrivé à l’Université du côté du stade où j’ai la coutume de finir ma course par quelques tours de piste. Cela tombe bien car le mercredi matin, l’équipe de l’University Club of Dublin s’entraîne sur le champ de patate situé à l’extrémité ouest du campus.

Je profite donc de mes étirements pour jeter un coup d’œil au travail des joueurs sous les ordres de M. Wilde qui mènera les entraînements jusqu’à mon arrivée comme me l’a confié M. Horkan. A première vue, aucun des joueurs ne m’est inconnu, tous étant des habitués de la faculté qu’ils fréquentent en tant que prof ou étudiants mais aussi des habitués des soirées, ce qui me fait moins rire. L’effectif semble assez jeune… D’après ce que je vois, seuls deux joueurs sont des professeurs et ce sont mes compagnons de poker: Tony Mc Donnell et Alan Mahon.

C’est d’ailleurs ce dernier qui me salue quand il me croise pour aller chercher un but amovible derrière la main courante avec trois autres coéquipiers. Tony vient aussi ensuite:
« Alors Romain, tu viens voir ce que c’est du football de haut niveau?
- Ouais, ouais… Mais apparemment je me suis trompé d’endroit!
- Putain comment tu te la racontes! Quelle arrogance ces Français!
- Allez retourne sur le terrain…
- Je vois pas bien ce que tu pourrais m’apprendre Froggie… Ben tiens, t’as qu’à venir sur le terrain pour l’opposition de fin d’entraînement!
- (Après qq secondes) Très bien… »

C’est ainsi que me voici au milieu de mes futurs joueurs. Je pense directement que j’ai intérêt à être au niveau pour pouvoir être crédible dans l’avenir! M. Wilde fait un peu la moue en me voyant arriver mais devant le forcing de l’équipe, il cède poliment et se met à l’écart après avoir formé les équipes. Je ne suis pas avec Tony mais j’ai dans mon équipe Alan et le jeune Sean de mon cours de langue et culture française. J’ai décidé de jouer en tant que libéro avancé style Matthaus afin de défendre tout en participant au jeu.

Je mets quelques minutes à me mettre dans le match et Tony s’en donne à cœur joie avec son équipe. Mais petit à petit, je retrouve les qualités qui avaient fait de moi un joueur jouissant d’une certaine réputation dans ma région jadis. Je prends même plaisir à réussir quelques gestes techniques que je n’avais pas eu l’occasion d’exécuter depuis belle lurette. Finalement, nous l’emporterons 8-3 après une trentaine de minutes de jeu.

Pendant les étirements après-match, tous les joueurs me félicitent et même Tony s’arrête pour lâcher un petit compliment. Apparemment, l’opération séduction a bien fonctionné et j’en suis d’autant plus joyeux. Mais, cependant, un petit point me rend anxieux: c’est le niveau des joueurs somme toute très moyens mais je décide d’attendre les premières confrontations pour tirer des enseignements.

Une fois rentré dans les vestiaires des professeurs, j’en profite pour prendre une douche puis je prends connaissance du contrat qu’a glissé le président dans mon casier. Je le regarderais plus longuement à tête reposée ce soir…
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:35

Episode 5: Lecture du contrat et coup de blues…

Même jour, 19h: Dans mon appart.


J’ai passé la journée à la fac à faire cours à des étudiants qui, pour la plupart, n’ont rien à foutre de ma matière. Mais je m’efforce de garder toujours cette même énergie et le même goût de la France pour partager quelque chose avec mon auditoire même si c’est un minimum. Au fond, le plus important n’est pas de les faire devenir des écrivains émérites en français mais bien de provoquer chez eux un intérêt, une sorte d’étincelle qui puisse engendrer une passion pour la France ou du moins un égard envers notre pays.

Mon appartement n’est pas très spacieux donc le meubler est des plus sommaires. Au départ, je ne devais rester à Dublin que six mois. J’étais parti de Reims en tant qu’étudiant Erasmus et j’avais trouvé Dublin comme université d’accueil. Au départ, le deal était correct, je suivais les cours de littérature anglaise et de sport tout en assurant des cours de français pour les étudiants de première année. J’ai eu au début bien du mal à m’acclimater mais petit à petit, au fil des soirées estudiantines, on se fait des relations et on se crée un nouveau tissu de relations… Il est vrai que j’étais aussi venu les six premiers mois avec mon amie d’alors Nathalie qui avait bien voulu mettre en demeure ses études d’architecture pour me suivre donc je n’avais pas d’yeux pour les relations extérieures à notre couple. Mais, à la fin de ces 6 mois, un poste de professeur de français s’est trouvé sans acquéreur et le doyen est venu me demander si le poste m’intéressait avec le salaire qui suivait. C’est ainsi que je me retrouve depuis deux ans en Irlande à faire étudier notre si jolie langue…

Malheureusement, la prolongation de ma vie en Irlande a mis un terme à une belle relation de plus de 5 ans avec Nathalie. Elle ne pouvait plus rester avec moi et les relations amoureuses à longue distance sont difficilement gérables. C’est ainsi qu’au bout de 3 mois de séparation, j’ai reçu un appel de Nathalie m’annonçant qu’elle avait trouvé un nouveau Jules. C’était le point final de notre bel amour mais au fond, pouvais-je lui en vouloir? C’est moi qui ai souhaité rester ici et qui a mis en péril notre relation… Je ne peux que m’en mordre les doigts. Cette pensée s’amplifie encore plus quand j’entends cette chanson qui passe assez régulièrement sur la radio irlandaise de Colin Hay: I just don't think I'll ever get over you.

I drink good coffee every morning
Comes from a place that's far away
And when I'm done I feel like talking
Without you here there is less to say
I don't want you thinking I'm unhappy
What is closer to the truth
That if I lived till I was 102
I just don't think I'll ever get over you
I'm no longer moved to drink strong whisky
'Cause I shook the hand of time and I knew
That if I lived till I could no longer climb my stairs
I just don't think I'll ever get over you
Your face it dances and it haunts me
Your laughter's still ringing in my ears
I still find pieces of your presence here
Even after all these years
But I don't want you thinking I don't get asked to dinner
'Cause I'm here to say that I sometimes do
Even though I may soon feel the touch of love
I just don't think I'll ever get over you
If I lived till I was 102
I just don't think I'll ever get over you


Entendre ces paroles me remémore inlassablement ma situation et me plonge dans une mélancolie noire. C’est le plus dur, je pense, quand on vit à l’étranger que d’être éloigné des siens. Cette chanson me replonge toujours dans les mêmes rêves doux et confortables où je me vois avec Nathalie filant des jours heureux mais comme le dixit Goethe: « rien n’est plus difficile que de s’arracher à une rêverie »…
Mais, après quelques minutes douces et sucrées, je décide de reprendre le dessus et m’attarde sur le contrat rédigé par M. Horkan. Apparemment, il a l’air tout à fait correct et me laisse une flexibilité dans mon action au sein du club assez importante. Selon ce contrat, je serais donc le manager général responsable de la politique sportive du club dans son ensemble ainsi qu’entraîneur de l’équipe première qui évolue en deuxième division. Mon salaire sera de 925€, ce qui permettra de faire un joli complément à ma paye de professeur et l’objectif souhaité est de monter à l’échelon supérieur dans les deux ans. Le seul point un peu négatif est la faible enveloppe mise à ma disposition pour enrôler des renforts mais je ferais avec. Il est aussi spécifié que le club désire engager des joueurs étant soit étudiants soit professeurs afin de garder une identité propre…
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:35

Episode 6: Souvenirs, souvenirs…

26 février 2004: Dans mon appart.

En cette terne journée sous la bruine de cette magnifique ville de Dublin, je me complais à faire ce que j’apprécie le plus: observer les gens passer sous mes fenêtres. C’est vraiment mon passe-temps préféré que d’observer les gens s’affairer tous plus atypiques les uns que les autres. Certaines scènes sont dignes de film d’auteur comme ces couples qui passent si heureux sous les parapluies ou ce jeune homme qui fait son show de guitariste au coin de la rue.

Mais très vite, mes activités reprennent le dessus et je dois me mettre sur deux projets incontournables: préparer mon sac d’entraîneur et finir la programmation de la semaine du cinéma français que je préside à l’Université. Je ne sais pas encore très bien quels films je compte passer mais après quelques réflexions, je pense qu’il est incontournable de passer au moins un film avec Patrick Dewaere, un avec Vincent Cassel et un avec Bourvil qui sont pour moi trois acteurs emblématiques de trois générations bien distinctes. Pour Dewaere, j’hésite entre Coup de Tête et Les Valseuses. Pour Cassel, je pense tout de suite à La Haine puis au Cercle Rouge pour Bourvil car je préfère l’acteur dans des rôles plus sombres. J’ai aussi opté pour L’Armée des Ombres avec Gabin. Maintenant, il faut encore que je trouve deux ou trois films pour boucler ma programmation mais surtout que j’envoie la liste à des amis afin qu’ils me fassent parvenir les films en question!

En ce qui concerne mon sac, je descends à la cave où j’ai entreposé mes affaires de footballeur. La poussière a pris place sur mon sac Adidas noir et blanc. Je remonte le sac et finit par l’ouvrir. Une odeur de renfermé me monte au nez. Vous savez cette odeur de pourri et de légumes passés qui s’entremêlent pour donner un mélange tonitruant. Mais bon, passer ce premier cap olfactif, ce sont les souvenirs qui reviennent à mes pensées à force de sortir mes affaires du sac. Je sors tout d’abord ma paire de Coppa Mundial moulés: j’avais payé une petite fortune pour ces chaussures mais il est vrai qu’elles sont mythiques ces chaussures… Ce sont ensuite les deux seuls maillots que j’ai jamais eu qui font leur apparition à côté de moi sur le canapé: celui de l’Ajax et de Bordeaux. Ces deux clubs sont en quelque sorte synonymes de mes premières réelles émotions footballistiques. Nés dans les années 80, j’ai grandi avec la classe biberon de l’Ajax au milieu des années 90 (Seedorf, Kluivert, Davids…) et ce maillot rouge et blanc m’a toujours fasciné tout comme l’emblème avec cette tête de profil. Pour Bordeaux, c’est un peu différent car j’ai vu tout petit les exploits de la troupe à Jacquet et ces premiers ébats se sont réveillés en 96 puis 99. De plus, cela m’a toujours fait marrer de pouvoir me distinguer des supporters marseillais et parisiens. J’ai longtemps prétendu qu’aimer Bordeaux, c’était aimer une certaine conception du jeu mais aussi pousser un peu plus loin que tous les nouveaux venus au football pour qui la facilité est de supporter les deux clubs médiatiques… Mais je dois vite refermer le sac de mes souvenirs et celui de football car le premier entraînement se profile…
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:36

Episode 7: Premier entraînement.

Même jour, 10h30: Au stade.


Je suis le premier arrivé sur place et me rend dans le vestiaire du coach. Enfin, plutôt que de parler de vestiaire, parlons plutôt de cagibi d’environ 3m sur 2 avec comme encombrant mobilier: la machine à laver du club. Mais je vais faire avec, je sais très bien que je n’ai pas signé dans un grand club tout en sachant que mon ambition est de faire de l’UCD un grand d’Irlande puis d’Europe si le temps m’est laissé…

A 11h, tous les joueurs sont présents sur la pelouse bien verte du stade (merci la pluie!). Tous sont surpris de me voir arriver affublé de ma paire de chaussures fétiche, de mon maillot de l’Ajax et d’un vieux short vert qui me donne un look très dépareillé et qui ne manque pas de faire rire quelques-uns de mes futures ouailles. Tony Mc Donnell vient me voir et me lance:
« Ça y est, tu ne peux plus te passer du football de haut niveau que nous pratiquons? Tu va signer chez nous?
- Oui, oui, c’est ça…
- Mais il va falloir que tu progresses parce que c’est moi qui fait l’équipe en fait!
- Ah bon? C’est toujours bon à savoir.
- Tiens voilà le président… C’est bizarre qu’il vienne, d’habitude, on le voit jamais. »

Le président Horkan arrive avec sa démarche très caractéristique très penchée du côté gauche et avec les pieds en canard. Une fois à ma hauteur, il vient me saluer et finit par se mettre au milieu des joueurs pour prendre la parole:
« Bonjour messieurs, j’espère que vous allez bien. Je ne compte pas m’attarder ici en votre compagnie donc je vais aller droit au but. M. Wilde a été démis de ses fonctions d’entraîneur de l’UCD car il nous a semblé que son message ne passait plus au sein du groupe et que son influence sur vous s’était petit à petit évanouie pour finir par devenir nulle. Pour le remplacer, nous avons convenu d’engager un technicien étranger… Et c’est Romain Vincent qui devient à compter d’aujourd’hui votre nouveau coach (tous les regards mêlés de surprise et d’appréhension se tournent vers moi). Voilà, je vais donc maintenant lui laisser la parole et vous quitter. »

Le président revient symboliquement me serrer la main puis retourne à l’intérieur. C’est à mon tour de prendre la parole pour mon discours d’investiture:
« Vous l’avez donc compris, je suis votre nouvel entraîneur. Bien entendu, je connais déjà la plupart d’entre vous en tant qu’hommes mais il va falloir apprendre à se connaître en tant que joueurs. Vous avez sans doute une image très cool de moi voire même laxiste mais détrompez-vous. Le football a toujours été pour moi une des choses les plus importantes. M. Horkan m’a accordé toute sa confiance et je ne compte pas le trahir. Mais le plus important pour moi sera de créer quelque chose avec vous. Il ne faut pas se le cacher: sur ce que j’ai entrevu, ce groupe a de la qualité mais il manque sans doute un peu de sérieux à l’ensemble pour voir plus haut. Je ne connais pas le niveau de la compétition mais j’apprends très vite. Vous l’aurez compris: je suis très ambitieux pour nous. J’espère que vous allez tous vous fédérer autour du projet que j’ai mis en place afin que l’on retrouve l’élite du football irlandais et pourquoi pas à moyen terme, le toit du football irlandais et donc l’Europe… »

Apparemment, mon discours a marqué les esprits et je vois dans les yeux de mes joueurs cette lueur de volonté et d’espoir qui me semble être signe d’une volonté commune d’aller de l’avant. Je laisse ensuite les joueurs se partager en deux équipes et faire une opposition pendant une heure afin de voir les individualités. Je pense avoir de quoi faire avec un groupe assez jeune. Maintenant, je vais essayer de faire quelques coups sur le marché des transferts avec les 20 000€ que le club m’accorde. Je vais appeler un vieil ami responsable de l’équipe de France universitaires pour voir si de jeunes joueurs évoluant en CFA ou CFA2 ne seraient pas susceptibles de nous renforcer.
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:36

Episode 8: Cauchemar et effroi à Dublin…

2 mars 2004: Edition spéciale du Dublin Times.


De notre correspondant local Darren Andresen,

Ici soir, la capitale irlandaise a une nouvelle fois vécue l’effroi des attentats et en a souffert en son sein. A l’occasion de la semaine du cinéma français à l’Université de Dublin, tous les plus hauts dignitaires de la ville étaient présents dans l’auditorium de la faculté. Étaient présents entre autres le doyen de la faculté, le Ministre de la culture Irlandais, le représentant de l’Angleterre à Dublin ainsi que l’ambassadeur de France en Irlande. La soirée avait débuté sous les meilleurs auspices après un bref discours du maître de cérémonie et responsable de cette manifestation Romain Vincent. Les convives avaient pris place afin de déguster un des chefs-d’œuvre du cinéma français Les Valseuses avec le regretté Patrick Dewaere.

C’est après dix minutes de projection que l’impensable se produisit. Une détonation énorme se fit entendre et un pan de l’auditorium flancha sous le coup de boutoir de la dynamite placée en dessous de la scène. L’écran de cinéma placé sur la scène se décramponna et finit par s’écrouler sur les gravats de la scène démolie. Le mouvement de panique dura quelques minutes, le temps que les secours s’organisent et que les spectateurs soient acheminés en dehors de la salle.

D’après les premières investigations, cette déflagration est d’origine criminelle. Selon nos informations, de la dynamite en quantité moyenne fut placée à proximité de la scène afin de détruire une partie de l’auditorium de la faculté. Les responsables de l’IRA interrogés par nos soins ont laissés entendre que cela n’était qu’un avertissement à l’encontre des dirigeants britanniques et que le mal aurait pu être bien plus important…

On dénombre tout de même un nombre conséquent de blessés de moindre importance mais sous le choc ainsi que quelques blessés plus graves directement emmenés à l’hôpital militaire de Dublin. Malheureusement, il semblerait que le Français responsable de cette soirée ait succombé dans les gravats selon les informations que nous avons reçu en provenance des autorités médicales.

D.A.

The Dublin Times - Page 7
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:37

Episode 9: La vie est un miracle…

7 mars 2004: Hôpital militaire de Dublin.


Une femme accompagnée de son mari pénètre dans l’enceinte de l’hôpital militaire par l’imposant hall en marbre. Ils se dirigent vers l’accueil:
« Bonjour, nous sommes les parents de Romain Vincent. Nous souhaiterions voir la dépouille de notre fils, dit Dominique, la mère, dans un long sanglot.
- Très bien, la morgue est au fond du couloir à droite. »

Les parents se dirigent à pas longs et lourds vers leur tragique destin. Depuis deux jours qu’ils ont appris la nouvelle par l’intermédiaire de l’Université, ils sont sous le choc de la perte de leur enfant. Après un long couloir blanc à l’odeur aseptisée si spéciale, les parents rentrent dans la morgue. Ils vont à la rencontre du maître des lieux qui ajoute encore à la froideur de l’endroit par son imposante stature. Après quelques amabilités échangées, Mr Nelson cherche dans son registre afin de trouver le caveau alloué au fils Vincent. Mais Nelson a beau inspecté avec minutie les pages des deux dernières semaines, aucune trace de Romain Vincent. La mère incrédule tombe dans les pommes après que Nelson eût expliqué la situation. Le père Patrick est abasourdi et retourne à l’accueil pour s’enquérir de plus d’informations.

La secrétaire commence donc une recherche par informatique pour savoir ce qu’est devenu le pauvre Romain Vincent. Et après quelques secondes d’attente qui paraissent interminables pour Patrick, le verdict est clair! Romain est dans une chambre, la 456, il est donc vivant!

Patrick retourne à la morgue où Dominique a repris quelques couleurs et lui annonce l’excellente nouvelle. Tout d’un coup, la vie a repris une saveur encore inconnue et ils avalent quatre par quatre les escaliers les séparant de leur fils. Arrivé au quatrième étage dans le service réanimation de l’hôpital, les parents se dirigent vers la chambre 456. A l’intérieur, ils voient leur fils affublé de tuyaux innombrables et laissant percevoir la gravité de la situation. Le Dr Poe sort juste de la chambre et comprend à leurs visages que ces deux personnes sont les parents de Romain:
« Bonjour, je suis le Dr Poe, responsable du service de réanimation de l’hôpital.
- Nous sommes les parents de Romain. Comment va-t-il?
- Il est malheureusement dans un coma assez profond depuis cinq jours. L’évolution de celui-ci n’est pas significatif et nous ne pouvons entrevoir quelques conséquences quelles soient positives ou négatives.
- C’est-à-dire?
- En clair, votre fils pourrait rester plusieurs années dans le coma ou bien se réveiller demain. Il est impossible de le prédire de même qu’on ne peut évaluer les séquelles futures s’il se réveille. »

La mère de Romain replonge dans un long sanglot et s’assis à côté du lit de son fils inerte. C’est décidé, ils resteront en Irlande tant que leur fils sera dans le coma.

Les parents passent la nuit au côté de leur fils à lui parler. C’est donc ça la mort: on est dans son corps dénué de toute possibilité de mouvement tout en percevant des sensations et des émotions. C’est fou! Je suis dans le coma mais j’entends tout ce que mes parents me disent! Je me faisais une montagne de la mort mais elle est finalement arrivée bien plus tôt que je ne l’avais imaginé et surtout d’une façon à laquelle je n’avais pas pensé. Mais suis-je vraiment mort? Non, je n’ai pas vu ma vie défiler! C’est donc que je suis vivant. Je suis vivant!

Dominique réveille son mari et lui lance:
« Je crois qu’il a bougé…
- Ce n’est pas possible. Il est dans le coma.
- Si regarde!

- Mais tu as raison, il sort même quelques sons! Je vais cherche le médecin! »

En effet, je me mets à bouger sensiblement mes membres et je parviens à faire entendre quelques sonorités dépourvues de quelques sens. La vie a repris le dessus, mon heure n’était pas arrivée!
A son arrivée, le médecin n’a qu’une explication à ce qu’il voit: « La vie est un miracle ».
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:37

Episode 10: 10 jours de repos et de reprise…

18 mars 2004: Dans mon appartement.


C’est aujourd’hui à deux jours du premier match de championnat que j’ai accepté de donner ma première interview à un journal de Dublin. Le journaliste arrive à l’heure convenue et je lui propose quelque chose à boire. On ne se refait pas! Le journaliste me demande un whisky…puis l’entretien commence:
« Alors M. Vincent. Tout d’abord, comment allez-vous après cet attentat début mars?
- J’ai passé cinq jours dans le coma duquel je suis sorti par un incroyable miracle. Depuis, je reprends petit à petit mes repères et je me réadapte à la vie quotidienne.
- Apparemment, vous n’avez pas l’air d’avoir d’importantes séquelles…
- Non, en effet, j’ai juste un côté du tronc partiellement brûlé du fait de ma proximité avec l’explosion et j’ai également un important bourdonnement qui se manifeste de façon plus ou moins significative dans mon oreille droite depuis cet instant.
- Vous êtes assez peu connu dans la région. Racontez-nous un peu votre parcours.
- Eh bien, je suis né il y a 25 ans de cela en France à Reims pour être exact. Après avoir effectué des études tout à fait classiques pour un étudiant français, je suis arrivé à l’Université de Dublin en tant qu’étudiant mais après six mois en tant que tel, j’ai obtenu un poste de maître de conférences en langue et culture française. Et c’est la raison pour laquelle je suis présent dans votre superbe ville depuis deux ans.
- Et pourquoi êtes-vous devenu l’entraîneur de l’UCD?
- M. Wilde a été démis de ses fonctions par le président suite à la relégation de la saison dernière. Le comité directeur cherchait un technicien qui connaissait déjà l’Université et son mode de fonctionnement. C’est ainsi qu’on m’a proposé de devenir le coach de l’UCD.
- Et quelle expérience avez-vous en terme footballistique?
- J’ai tout d’abord été un joueur de niveau honorable en France avant de devenir entraîneur au plus haut niveau régional. J’ai eu la chance de côtoyer de grands entraîneurs pendant de nombreux stages pendant mes études parmi lesquels Alain Perrin ou Christian Gourcuff.
- Je vois que vous avez un maillot de l’Ajax sur votre sofa. Est-ce une influence pour vous?
- Bien sûr. Quiconque a vu jouer l’Ajax est tombé sous le charme. Nous essaierons de laisser une même impression aux spectateurs.
- D’après les bookmakers, vous êtes parmi les trois favoris pour la montée avec Fine Harps et Bray Wanderers…
- Oui. Je pense que nous avons un effectif taillé pour remonter parmi l’élite. Maintenant, je vais me garder de tout excès d’euphorie tant que je n’aurais pas vu évoluer les autres équipes de Première Division.
- M. Vincent, merci et bonne chance.
- Merci à vous. »

Le journaliste me quitte peu après. J’en profite pour lire les comptes-rendus des matchs que m’a fait mon adjoint pour les quatre matchs amicaux que je n’ai pu contrôler compte tenu de ma santé. Les résultats sont tout à fait positifs avec notamment deux matchs contre des équipes de l’élite:
- UCD 2-0 Shamrock Rovers
- Cherry Orchard 0-2 UCD
- St Francis 0-2 UCD
- Derry City 0-2 UCD

Côté transferts, nous avons recruter beaucoup de jeunes joueurs irlandais pour un montant total de 1000€. Au total, 7 joueurs ont signé chez nous quasiment tous en fin de contrat. Seul Doherty vient de l’élite en provenance de Shelbourne.

Vers 14h, mes parents me quittent pour la France. Mon père a la gueule de bois, ce qui a le don d’irriter fortement ma mère. Mais bon, pour une fois qu’il est en Irlande pour la St Patrick, il en a profité! Il faut le comprendre…
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:38

Division One (1ère journée): Limerick-UCD

20 mars 2004: Pike Rover Sports Ground.


Aujourd’hui est un grand jour pour moi car il s’agit de mon baptême du feu dans l’antichambre du football irlandais. Tout le monde sait ô combien il est important de bien débuter dans une compétition d’autant plus si on compte figurer en haut de tableau avec de grandes ambitions. Le stade de Limerick est tout à fait (comment dire?) atypique. Un petit stade en bois d’environ 1000 places avec seulement une tribune principale sur la longueur…

Une heure avant la rencontre, je prends mes joueurs à part dans les vestiaires pour ma première causerie de la saison:
« Messieurs, nous sommes aujourd’hui à la première étape de ce que j’espère être une grande et belle aventure. Cela fait maintenant trois semaines que nous travaillons avec sérieux et volonté pour réussir une belle saison et tout particulièrement notre entrée en scène aujourd’hui. J’ai vu des cassettes de vos prestations contre Shamrock et Derry, j’ai été très impressionné et je pense honnêtement que si vous rééditez de tels matchs pendant toute la saison, il ne devrait y avoir aucun problème. Aujourd’hui, nous jouons à l’extérieur chez Limerick. Pour tout vous dire, le peu d’échos que j’ai eu de cette année n’étaient pas très bons mais il ne faut pas les sous-estimer. Pratiquons juste notre football en essayant de procurer de belles émotions aux spectateurs et faîtes-vous plaisir! »

Je ne sors ensuite que sur la pelouse pour l’entrée des équipes en tapant dans les mains de chacun de mes joueurs en passant dans le tunnel. Le premier onze que j’aligne en 442 est le suivant: Quigley- Gannon, Mahon, Foley, McAuley- Finn, O’Donnell, Mc Donnell, Murphy- Doyle, Hugues.

La rencontre:
Dès le début du match, je ne peux rester en place trop excité pour être assis sur le banc.
7è: Finn a le ballon côté droit. « Mais lâches-le ce putain de ballon, joue en passe, regarde Doyle devant toi, il est seul. Ah ben quand même! Allez déborde Doyle… Ouais c’est ça. Putain, bon centre là… Oui, oui… Elle est au fond! On commence fort! C’est qui qui a marqué?
- O’Donnell je crois coach.
- Bien joué O’Donnell belle tête! »
Limerick 0-1 UCD
14è: O’Donnell déborde côté droit et centre pour Mc Donnell qui loupe complètement sa tête. « Appliques-toi! Elle était facile, celle-là! »
18è: Tir d’O’Donnell de 30m qui finit dans les bras du gardien. « Tu t’es pris pour Roberto Carlos ou quoi? Avec la frappe que tu as , tentes pas après les 20m! »
29è: Conway tire de 20m à côté. « C’est bon, ils ont les pieds carrés, on craint rien. »
36è: Coup-franc excentré d’O’Donnell sur Doyle qui contrôle seul dans la surface mais tire sur le gardien à bout portant. « Putain Doyle même Bakari, il le mettait celui-là! Tu craques ou quoi? Seul devant le gardien et t’es pas foutu de la mettre au fond. T’as intérêt d’être plus efficace sur la prochaine… »
42è: Browne centre pour Conway qui contrôle mais tire sur Quigley. « Bien joué Quigley. Putain les gars le marquage! C’est pas possible ça! Il doit pas pouvoir contrôler dans la surface! Heureusement que c’est une bille mais faîtes attention! »

Mi-temps: 0-1.

52è: Coup-franc de Mahon qui balance directement dans les bras du gardien adverse. « Espèce de bourrin. Essaye au moins de viser un coéquipier! »
54è: Doyle se fait faucher dans la surface. « Putain y a péno là! Oh l’arbitre. Il a sifflé? Ouais c’est bon! (L’autre entraîneur me regarde) Attends, si y a péno là! Il a failli lui casser la jambe! Bon allez… Ouais 0-2, il est bon sur les penaltys ce Mc Donnell! »
Limerick 0-2 UCD
60è: Hugues sert Doyle à 20m qui décoche une frappe surpuissante qui finit sur la barre. « Ben voilà, c’est mieux ça! Mais c’est pas encore au fond! Allez un petit effort… »
73è: Centre d’O’Donnell de la gauche pour Doyle qui reprend et trouve le petit filet. Le buteur court vers moi pour me chambrer. « Ben tu vois, j’ai bien fait de te casser un peu les couilles. Je suis content pour toi. Allez, continuez comme ça! »
Limerick 0-3 UCD
83è: tir de Whyte de 35m qui ne surprend pas notre gardien. « Ils sont vraiment tristes ces joueurs! Je ne pensais pas que c’était aussi faible. »

Voilà on a gagné 3-0. Je vais serrer la main du coach adverse qui me souhaite bonne chance pour le reste de la saison. Je lui réponds qu’il en aura sans doute plus besoin que moi cette saison!
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:39

Division One (2ème journée): UCD-Monaghan Utd

26 mars 2004: Belfield Park.


C’est la première fois que je découvre notre joli petit stade qui est situé au fond du campus. Notre stade a une capacité de 4000 spectateurs! Malheureusement, la campagne d’abonnement a été catastrophique et nous avons seulement 20 abonnés pour cette saison mais j’espère attirer nos supporters par de bons résultats.

Vers 19h, je prends la parole au centre de mes joueurs dans notre vétuste vestiaire: « Tout d’abord, je vais réitérer mes félicitations pour notre première sortie à Limerick. Vous avez fait honneur au maillot tout en donnant beaucoup de plaisir à tous les observateurs du match comme me l’a confié le président de Limerick avant notre départ. Maintenant, il faut mettre ce match de côté car notre adversaire pour cette deuxième journée est d’un autre calibre. J’ai pu voir la cassette de leur match d’ouverture et nous allons devoir être à bloc pour espérer les trois points. Je vous rappelle tout de même que Monaghan a gagné 5-0 contre Athlone pour son premier match! Vous verrez sans doute quand vous sortirez des vestiaires que les gradins sont loin d’être combles… On attend seulement entre 400 et 500 spectateurs mais c’est aussi à vous de donner envie aux gens de se déplacer pour vous voir! Allez bon match messieurs. »

La rencontre:
1è: Murphy à droite centre pour Hughes au point de penalty qui marque d’une tête croisée. « Putain quoi? Il s’est passé quoi? J’étais aux chiottes… On mène? Et on a marqué comment? »
UCD 1-0 Monaghan
3è: O’Connor de son aile trouve O’Meara dans la surface qui dévisse sa reprise. « C’est pas le moment de relâcher l’attention les gars! Soyez plus près de vos adversaires! Et gênez les centreurs bordel de merde! »
14è: Whelan décale Shiels qui tente sa chance de 25m au-dessus. « Ils sont où nos milieux axiaux? Oh! Mc Donnell et Murphy, il faut monter sur les mecs pour les gêner sinon ils vont nous mettre des pions de 30m! »
22è: Finn tente sa chance de 20m de peu à côté. « Bien joué gamin… Essaye avec ton bon pied ,ça ira mieux! Ah, c’était ton bon pied? … Ben alors je peux rien pour toi! »
24è: Jackson de son camp fait une ouverture de 75m dans l’axe pour O’Connor qui grille mes deux défenseurs centraux, dribble le gardien et marque dans le but vide. « C’est quoi cette défense? Vous allez vous retirer les doigts du cul Foley et Mc Auley! Vous avez pas le droit de vous faire prendre comme ça… C’est le soleil? Tu te fous de ma gueule en plus? J’ai jamais vu le soleil depuis que je suis en Irlande! »
UCD 1-1 Monaghan
28è: O’Donnell centre pour Doyle qui tire sur le portier adverse Fitzpatrick. « Il a une de ces chances le gardien en face! Ou alors nos attaquants sont maladroits… Je sais pas! »
32è: Hughes donne en retrait à Murphy qui tire à bout portant sur Fitzpatrick. « Maintenant je sais, on a les pieds carrés! »
42è: O’Donnell centre pour Doyle qui marque d’une superbe tête dans le petit filet. « Ouh! Super! Je vais faire le tour du stade pour fêter ce but! »
UCD 2-1 Monaghan

Mi-temps acquise sur ce score.

47è: Foy de son côté gauche centre fort devant le but mais personne ne touche le ballon. « On a eu chaud là! J’ai eu peur qu’on se le fouette contre notre camp! »
51è: Finn reprend une superbe offrande de Murphy sur le barre. « Dommage Sean, c’était bien tenté… Allez continue comme ça, ça va payer! »
61è: Corner de O’Meara capté aisément par Quigley. « Bien joué, superbe prise de balle. T’as vu la figure qu’il a fait pour capter ce ballon facile! Il doit avoir un oncle photographe ou quelque chose lui! »
69è: O’Donnell centre pour Finn mais Fitzpatrick repousse le ballon. Hughes à l’affût marque d’un splendide pointu. « Bien joué! Tu vois, on a bien fait de faire un spécifique pointu cette semaine! »
UCD 3-1 Monaghan
81è: Coup-franc de Murrphy à 25m largement au-dessus. « Euh vous pourrez me rappeler de plus jamais lui faire tirer les coups francs? »
90è: Coup-franc à 20m superbement enroulé par Finn qui trouve la lucarne. Le buteur vient me taper dans la main. « C’est bien petit! Digne de Zidane ce coup-franc, je suis fier de toi. Mais non commence pas à chialer… Allez retourne sur la pelouse. »
UCD 4-1 Monaghan.

Deuxième match, deuxième victoire, le carton plein. Je vais voir l’entraîneur adverse et le félicite pour la belle prestation de son équipe. Il me dit que c’est vrai qu’ils avaient fait un bon match mais qu’on était tout simplement au-dessus! J’acquiesce avec la modestie qui me caractérise puis m’en vais saluer nos quelques supporters qui ont l’air conquis par notre bon match!
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:40

Episode 11: Rencontres…

5 avril 2004: Hôpital militaire de Dublin.


Comme convenu, je reviens un mois après l’accident pour passer des examens de routine afin de voir si j’ai complètement récupéré. J’arrive un peu en avance à l’accueil et la charmante secrétaire me salue amicalement tout en me tendant un dossier à remplir. Elle m’indique une petite salle d’attente que je rejoins sans me faire prier.

J’ai toujours détesté les hôpitaux, surtout cette odeur… Mais j’étais en charmante compagnie dans cette salle et cela me faisait oublier mon dégoût. Alors que je commençais à remplir mon dossier soigneusement, une non-voyante pénétra dans la salle avec son chien, un berger allemand très impressionnant. Le berger fut vite détaché par sa maîtresse et après un petit tour, il s’attarda devant moi… Après quelques secondes, le chien commença à se frotter contre ma jambe. Cela me mit mal à l’aise, je me tourna vers sa maîtresse qui bien entendu ne voyait rien de cette scène. En tout cas, cela fit bien rire la seule patiente qui restait dans la salle. Je lui demanda si elle avait un conseil, elle répondit qu’il fallait taper dans les boules du chien. J’avais peur de rendre stérile ce pauvre chien et je le laissa donc continuer. Heureusement, il ne put aller au bout car sa maîtresse l’appela avant. Une fois seuls dans la salle, la jeune femme se rapprocha de moi et me dit:
« C’est bizarre, j’ai l’impression de vous connaître!
- Euh, vous êtes peut-être à la fac, non?
- Non, non. Je vous ai vu à la télé…
- Hum…
- Ah désolé, je ne veux pas vous déranger pendant que vous remplissez ce formulaire.
- Non, c’est pas grave. »

La jeune femme se rassied et remet son casque sur sa tête continuant à chantonner. Je vais vers elle et lui dit:
« Euh désolé… J’ai été un peu rude. T’écoutes quoi comme musique?
- The Streets. Tu connais?
- Non. Jamais entendu.
- Tu devrais entendre ça, ça va changer ta vie. »

Elle me tend son casque et j’entre dans un univers qui, ma foi, ne me déplaît. Je peux même ajouter que c’est réellement de la musique comme je l’apprécie. Mais bien vite, une infirmière m’appelle et je dois quitter ma convive:
« Je ne connais même pas ton prénom!
- Sara. Et toi?
- Romain.
- Alors à bientôt j’espère Romain. »

Les tests se révèleront bons et tous les petits problèmes crées par cette explosion se sont complètement ou en partie résorbés à la plus grande joie des médecins.


Mais pendant ce temps-là, le championnat a continué:
3è journée à Galway Utd.
En principe, ce match ne devait être qu’une formalité entre nous premier invaincu et Galway deux défaites au compteur mais l’entraîneur adverse avait fait part dans la presse de son envie de nous faire chuter et de contrarier nos volontés de haut de tableau. Et c’est donc 1376 spectateurs qui nous reçoivent le couteau entre les dents. Les joueurs de Galway sont survoltés et dès le début, je sens que ce match sera très dur. Nous mettons 20 minutes à rentrer dans le match pendant lesquels nous ne voyons pas le ballon. Heureusement, le jeune Quigley (18 ans) nous sort quelques arrêts de grande classe. Nous nous procurons en tout et pour tout deux occasions en première mi-temps et c’est sur la seconde que de 20m, Finn ouvre la marque pour nous! 1-0 à la mi-temps! Inespéré… La deuxième mi-temps sera la copie conforme et suite à un débordement de Doyle côté droit, Finn du plat du pied reprend un centre en retrait et inscrit son deuxième but à la 82è. 2-0, l’affaire est dans le sac et je repars de Galway un grand sourire aux lèvres après avoir rabattu le caquet du coach adverse.

4è journée vs Cobh Ramblers.
Encore un match piège avec une équipe adverse venue nous prendre en contre. Et c’est bien Cobh Rambers qui commence le mieux le match décomplexée. Les deux premières frappes sont à mettre à leur compte sans pour autant que cela me fasse réellement monter le rythme cardiaque! Ensuite, nous maîtrisons parfaitement le reste de la première période avec notamment deux tirs sur la barre de Finn et O’Donnell. Nous nous procurons beaucoup d’occasions sans toutefois en cadrer un nombre suffisant. La seconde mi-temps repart sur les mêmes bases et Cobh se ressert encore plus sur son but, tellement contents de prendre leur premier point de la saison. Notre domination demeure stérile jusqu’à la 78è où suite à un corner de McAuley, McDonnell met un coup de tête imparable et délivre les 440 spectateurs. Malgré tout, nous nous faisons peur quand à la 82è, Hilon se retrouve seul devant Quigley mais heureusement, notre portier gagne son duel! Pour finir, nous doublons la mise par l’intermédiaire de Doyle sur un service de O’Donnell. Nous l’emportons 2-0 mais que ce fut dur! Je vais féliciter l’entraîneur adverse pour la belle résistance de son équipe et nous finirons par boire une bière ensemble au club-house.
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:41

Episode 12: Ballade en ville.

11 avril 2004: Dans les rues de Dublin.

Aujourd’hui, c’est Pâques. C’est comme toutes les fêtes à la con, quand t’es petit, tu trouves ça bien mais après quand tu grandis, tu t’y fais vite chier… Mais bon, moi comme je suis seul à Dublin, je fais ce que je veux donc pour cette année, on évitera les œufs et toutes les conneries de ce genre. Le dimanche, en Irlande comme partout, ben y a pas grand-chose à faire! Je passe donc déjà ma matinée à jouer à la Playstation 2 en compagnie de mon nouvel ami: le black de San Andreas. Les jeux vidéos ont quand même vachement évolué quand je repense à ma Megadrive! Enfin, c’était quand même pas mal, je me rappelle du jeu Dune ou encore Street Fighter. Que d’heures passées sur ce jeu…

Vers midi, je me décide à sortir pour aller déjeuner dans un des restos français ‘Le béret et la baguette’. Depuis que je suis à Dublin, je vais là-bas environ deux fois par mois. On y mange bien et je me suis lié d’amitié avec le patron Pantxi qui vient, comme son prénom l’indique, du pays Basque. Je ne me lasse jamais de l’entendre conter ses innombrables fiestas sur la côte ou encore ses matchs de rugby dont il se remémore plus les troisièmes mi-temps que le match en lui-même! Ce midi, je prends un petit cassoulet de derrière les fagots: un vrai petit délice accompagné d’un petit vin de Bordeaux. On se croirait au pays! C’est vrai que c’est quand même rassurant de savoir qu’on peut toujours se réfugier dans ce type d’endroit et manger des plats de son pays de plus très bons.

Vers 15h, je vais marcher un peu en ville histoire de digérer parce que le cassoulet, c’est bon mais ça pèse sur l’estomac. Apparemment, il y a une manifestation. La foule est longue et dense et les chants sont en gaëlique, ce qui restreint ma compréhension de cette démonstration humaine. Mais très vite, je suis attrapé par une main qui vient de derrière. Je me retourne et à ma grande surprise, c’est la fille de l’hôpital que je vois là! Elle se rappelle de mon prénom et après un petit effort, je fais de même. Elle est vêtue d’un tee-shirt vert et orange avec S.F. dans le dos. Bien vite, elle me demande de me joindre à la foule, ce que je fais sans même m’en rendre compte. Nous marchons un peu puis j’essaye d’en savoir plus sur tout cela:
« Mais au fait, c’est pourquoi cette manifestation?
- Ben, nous sommes le 11 avril et c’est Pâques!
- Tout ça pour Pâques! Je savais pas que c’était aussi important pour vous…
- Pâques est une date très importante dans l’histoire irlandaise. Tu ne sais pas pourquoi?
- Euh non…
- Bon, tu n’es sans doute pas sans savoir que jadis, toute l’Irlande était sous le joug de la Grande-Bretagne. La république d’Irlande n’existait pas en 1900.
- Oui, ça je savais.
- Eh bien, au début du XXè, les Irlandais se sont unis pour demander la proclamation d’un état souverain en Irlande. En 1914, la Home Rule qui permettait aux Irlandais de pouvoir en quelque sorte disposer de lois propres était votée en Angleterre mais elle ne fut pas mise directement en vigueur en Irlande.
- Et que se passa-t-il?
- En 1916, à Pâques, sous la houlette du Sinn Fein, une grande révolte populaire se mit en place et ce fut réellement le début de l’état irlandais qui sera proclamé cinq ans après.
- Très bien, je comprends tout maintenant. Enfin je crois! »

Tout s’éclaire… Le S.F. pour Sinn Fein sur les maillots et les drapeaux des vagabonds, les tee-shirts anti-britanniques à tous les coins de rue… Mais, je pensais que le Sinn Fein était un parti extrémiste, le mouvement politique de l’IRA. Qu’en penser après avoir entendu cette histoire? J’osa bien une question mais je fus vite fusillé du regard par des hommes bien trop baraqués et nombreux pour être embêtés! J’ai beau être courageux, je ne suis pas fou. Arrivé à proximité de mon appartement, je quitte le cortège non sans avoir laissé une bise sur les joues de Sara qui a pris mon numéro de téléphone. Apparemment, elle souhaite m’en apprendre plus sur le Sinn Fein et son combat…
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:41

Episode 13: Premier rendez-vous avec Sara.

14 avril 2004: Dans un pub à Dublin.


Cela fait maintenant trois jours que nous nous sommes quittés mais je ne fais que penser à elle, à cette jolie irlandaise aux superbes yeux bleus. Depuis que je suis en âge de sortir avec des filles, j’ai dû tomber amoureux environ 150 000 fois. Toutes ces inconnues que j’ai croisé, imaginé, aimé, deviné… Sans doute la plupart ne m’ont jamais vu mais cela ne m’empêchait pas d’idéaliser ces douces inconnues, de leur procurer une histoire, un prénom. J’avais pour moi une impression visuelle, une démarche, un parfum et quelques fois quelques bribes de voix. C’est fou ce qu’on peut tirer de ces quelques traits. C’est sans doute le parfum qui en dit le plus tant un parfum correspond à une personnalité tout comme un style vestimentaire. J’ai longtemps vécu ces amours par procuration, ces amours de pacotille, finalement incroyablement beaux et purs tant ils étaient idéaux. Jusqu’à mes 22 ans, j’ai toujours vécu dans le rêve de trouver la fille de mes rêves, celle dont mes pensées avaient sculptées les contours petit à petit à travers mes différentes expériences et mes doux rêves. Mais un jour, on se réveille seul et on se dit que le rêve ne prendra jamais forme alors on commence à relativiser les défauts de l’autre et on se contente de moins… Mais c’est aussi cet apprentissage qui révèle un réel amour comme j’ai pu le vivre avec Nat.

C’est vrai que quand on est jeunes, les idéaux sont légions… On se met à élaborer des tas de thèses sur différents thèmes comme la politique, la vie, l’amour. Dans nos réflexions, il semble clair que notre future vie sera superbe et bâtie sur ces idéaux mais au fond, combien survivent à l’entrée dans l’âge adulte? Aucun ou très peu. On comprend bien vite et la vie réelle vous l’inculque que comme tous ceux dont vous exécriez le mode de vie plus jeune, vous deviendrez un pion du gigantesque damier mondial. Et la routine s’installera avec travail-maison-travail. On fondera une famille, on aura des enfants, on aura un monospace et on se mettra à réfléchir comme des vieux cons que nous deviendrons! De la pensée révolutionnaire de gauche de tes 20 ans, tu dérives lentement mais sûrement vers le populisme de droite et tu votes pour assurer l’avenir de tes proches. Les idéaux sont loin et on vit en les ayant enterré.

Je réfléchis souvent à ce qu’apporte réellement de vouloir avoir un boulot exceptionnel, une paye de ministre et toutes ces conneries du genre. Je me demande quel est le plaisir de ceux qui amassent les propriétés sans pouvoir en tirer des joies trop pris par leur travail. Mais le système est ainsi fait que tôt ou tard, il faudra que tu te mettes à travailler pour gagner un salaire plus ou moins important pour empiler les trucs qui ne te serviront à rien mais permettront de démontrer ton rayonnement social. C’est étrange tout de même… On vit tous pour la même chose: la gloriole et le pouvoir. Mais au fond, combien y arriveront? 1/100, 2? Même pas. Et ensuite, que voit-on dans les rues? Des cohortes de gens tristes, blasés, trop tôt sensibilisés à leur triste destin d’ouvrier à vie! Et dire que cela fait plusieurs dizaines d’années que ce constat est fait par des générations entières mais qu’elles sont inexorablement pris dans l’entonnoir et que leurs pensées sont broyées par un instrument qui réduit la pensée au choix du programme télé…

Je m’étais perdu dans mes pensées et c’est l’arrivée de Sara qui m’amena à revenir dans le droit chemin pour parler des mêmes conneries habituelles: la télé, les blagues à deux balles… Mais au fond, c’est peut-être ça la vraie vie et je me fourvoie peut-être?
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Message par Gigi Meroni Ven 27 Mar 2009 - 18:42

Division One (5è journée): Dundalk-UCD

17 avril 2004: Orial Park.


Bon, ben voilà, c’est la cinquième journée et on est pour l’instant toujours invaincu. Les forums de discussion sur Internet commencent à ne parler que de ça et il se murmure même que les bookmakers prennent des paris pour savoir quand est-ce que nous allons perdre notre premier match… Pendant la semaine, l’entraîneur de Dundalk a déclaré à un hebdomadaire dédié au football irlandais qu’ il allait mettre à mal la tactique de Romain Vincent qui est d’une simplicité enfantine. Il a ajouté: « Je ne comprends pas comment un néophyte français peut être en tête de notre championnat, c’est une honte pour nous. Je compte sur tout le monde pour faire descendre ce monsieur de son piédestal et lui passer le goût des bons mots. » Je vous raconte même pas comment ça m’a fait marrer quand j’ai lu ça! Je suis perçu comme le jeune disciple de Mourinho…

Comme tous les autres stades, celui de Dundalk est en bois (au propre comme au figuré). Je croise vite fait mon confrère qui me salue chaleureusement. Je comprends mal son attitude mais m’en amuse en faisant allusion à ses dires. Il ne répond pas mais rentre dans ses vestiaires. Je fais de même pour aller mettre un peu la pression à mes joueurs: « Je ne sais pas si vous avez lu les journaux cette semaine mais nous sommes maintenant l’équipe à battre du championnat. Tous les autres veulent notre scalp mais j’espère bien que vous aurez l’honneur et le courage de continuer notre série de victoire. Si vous ne le faîtes pas pour vous, faîtes-le pour moi. J’ai déjà prévu quelques trucs si on gagne ici… »

La rencontre:
En allant m’asseoir sur mon banc, je me fais insulter de tous les noms et reçoit divers objets. Je réponds gentiment en offrant mon plus beau sourire à cette foule hostile.
10è: Finn sur son aile se joue de son défenseur, rentre dans la surface puis place un plat du pied imparable dans le petit filet. Je me retourne vers les gradins puis commence un petit pas de danse un brin chambreur: « Bravo les gars, je vous l’avais dit, on va en faire qu’une bouchée de cette équipe de danseuses. »
Dundalk 0-1 UCD
15è: O’Reilly donne à McFargan qui tire de 20m mais trouve le… poteau de corner. Je cherche le banc d’à côté et lance: « Si vous voulez, je fais sortir mon gardien… » Mon banc est mort de rire mais de l’autre côté, on retient mal sa rage.
18è: Superbe action à une touche de balle qui part de notre gardien Quigley pour finir dans la surface adverse par un tir furtif de Doyle. « Bon les gars, arrêtez, on est pas là pour les humilier. » L’arbitre vient me voir pour me dire de me rasseoir.
Dundalk 0-2 UCD
37è: Action d’O’Reilly qui prend sa chance de 25m au-dessus. Je regarde l’entraîneur adverse: « C’est vrai que ça doit être dur avec des joueurs aussi faibles que ça de faire quelque chose. » Ce dernier vient vers moi et veut m’empoigner apparemment peu convaincu par mon empathie mais le 4è arbitre intervient.

Score à la mi-temps: 0-2.

Je reviens des vestiaires une sucette à la bouche et ma GameBoy à la main. Les spectateurs prennent cela très mal et les insultes se font de plus en plus grasses et importantes.
50è: O’Donnell fait une transversale côté droit pour Finn qui centre instinctivement pour Martin qui place sa tête en lucarne. « Ah, c’est facile le football. J’en ai marre… C’est trop simple » dis-je en faisant l’avion devant mon banc.
Dundalk 0-3 UCD
Suite à cela, je fais mine de dormir sur mon banc pour montrer ô combien mon équipe est bien huilée et facile face à cette modeste formation. Ce n’est pas du goût de tout le monde et un spectateur descend des tribunes et court vers moi. Malheureusement pour lui, il sera pris en grippe par les policiers avant même de m’avoir empoigné. Les flics en ont marre et me conduisent vers mon vestiaire où j’attends patiemment la fin du match.
A la fin du match, je retourne sur la pelouse pour féliciter tous mes joueurs de façon exagérée. Je cours ensuite vers le coach adverse pour lui serrer la main et lui dire: « Ben ouais ma poule, c’est moi le meilleur, c’est comme ça! Retourne étudier et la prochaine fois, sois plus humble avant de jouer contre M. Vincent ». Cet excès n’est pas familier de ma personnalité mais finalement, ça fait bien plaisir de toiser comme ça un adversaire.
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